lundi 10 septembre 2007 par Fraternité Matin

Le projet Zone franche de la Biotechnologie et des technologies de l'information de Grand-Bassam n'a pas réellement atteint sa phase active et déjà le commissaire général récolte des lauriers au plan international. Que représente le prix FDI pour vous?
La distinction qui m'a été accordée, qui du reste m'a surpris parce que je ne connaissais pas son existence, représente beaucoup pour mon pays et pour ma modeste personne. Pour le pays c'est très important car la Côte d'Ivoire est restée un peu en-deçà de tout ce qui se passe sur le plan international. On lui jetait toutes les pierres. Et puis, une institution qui suit de très près les investissements privés dans les continents, vient primer la Côte d'Ivoire. Ce qui veut dire que malgré tout ce que nous avons vécu, nous avons quand même réussi à intéresser des institutions importantes à notre projet. C'est vrai, nous n'avons pas encore signé de contrat de milliards de francs pour bâtir le pôle, mais il y a des perspectives très bonnes. L'Inde, très bientôt, nous accordera 20 millions de dollars. Nous avons pu, avec des investisseurs étrangers, constituer la société avec un capital de 3 milliards de francs CFA. Dont ils ont pratiquement près de la moitié. Je pense que malgré les problèmes que nous avons connus, le monde entier reconnaît que la Côte d'Ivoire est un pays qui compte parmi ceux d'Afrique. On est bien curieux de savoir comment les choses se sont déroulées jusqu'à votre choix?
Moi-même je le découvre maintenant parce que nous avons reçu l'annonce par internent et ensuite par courrier. Lorsque nous avons eu l'information par l'Internet, j'ai pensé que c'était les blagues que les internautes sont habitués à faire voir sur Internet. Du genre, vous avez gagné à la loterie et j'ai confié cela à une collaboratrice qui a commencé les recherches parce que c'était quand même signé Finantial Times qui est un journal très important. Et qui est lu dans le monde, notamment anglophone. Elle est revenue à moi et m'a dit que c'est très sérieux M. Kragbé. Il faut que nous prenions contact avec eux. C'est ainsi que nous avons pris contact avec eux et nous avons fait notre investigation et nous nous sommes rendus compte que les années précédentes, des personnalités telles que les présidents du Brésil, du Mexique avaient déjà obtenu ce prix. Et qu'ils étaient très contents d'avoir honoré leur pays. Nous sommes alors entrés en contact avec eux et avons vu que c'était réel.
Vous ont-ils expliqué comment ils vous ont repéré?
Oui ! Tout compte fait. Nous avons découvert que ces Messieurs ont participé et participent à toutes les conventions internationales de zones franches. Nous avons aussi participé à ces conventions avec la bénédiction du Président de la République qui a toujours voulu nous laisser aller à l'international, rechercher les ressources et présenter nos projets. C'est de cette façon qu'ils ont découvert notre projet. Ils disent l'avoir trouvé très spécial. Bien sûr, quand on présente le projet on ne dit pas tout. Parce que nous devons quand même garder tous les aspects stratégiques. Ils ont tout de même pu les déchiffrer. Nous étions encore dernièrement à Londres, lorsque nous avons rencontré le club des investisseurs anglais dans les pays étrangers. Ils étaient eux-mêmes un peu surpris, parce qu'ils suivent de très près la situation économique de la Côte d'Ivoire. Ils étaient surpris que, nous ayons pu constituer le Vitib (la société qui va gérer la zone franche de Grand-Bassam) avec des partenaires étrangers qui effectivement ont pris des participations à près de 50%.
Ils étaient aussi surpris que l'Inde soit aussi informée de ce projet qui porte le nom de Mahamat Ghandi. Et que ce pays ait accepté de nous donner 20 millions de dollars. Et ce n'est que le début. Puisque nous avons des propositions en cours. Ils étaient même informés que des investisseurs privés indiens aient accepté d'investir 10 millions de dollars pour construire des infrastructures. Je dirai que ce qui a pesé dans la balance pour ce prix, c'est que la Côte d'Ivoire, malgré la crise, a pu mettre en place un projet d'envergure internationale, structuré de manière assez stratégique et qui est aujourd'hui capable d'attirer des investissements étrangers très importants dans les années à venir. Quels sont les critères généraux du prix?
Il y a un récipiendaire par continent. Il faut donc sortir ses griffes parce qu'il y a des pays comme l'Egypte, la Tunisie, l'Afrique du Sud, etc. Mais les responsables du prix sont tournés vers le futur. Et ils ont regardé la capacité des projets à attirer effectivement des investissements étrangers sur le continent africain. Aussi bien les anciens que les nouveaux. Donc il y a des projets qui existent, qui sont plus importants que les nôtres. Après évaluation, ils ont venus conclu que les secteurs auxquels ce projet s'adressait, à savoir, les technologies de l'information, de la biotechnologie, la manière dont il est structuré en mettant en avant la synergie entre l'industrie, les services, la recherche et la formation et en prenant les avantages que nous offrions sur le plan légal, institutionnel, que ce projet était vraiment unique en Afrique. Et qu'il pourrait attirer des investisseurs étrangers. Il le fait déjà dans une période de très critique pour nous. Mais si la Côte d'Ivoire retrouve la paix, ils sont totalement convaincus, eux qui ne vivent pas ici, que ce projet pourrait drainer pas mal d'investisseurs privés indirectement ou directement dans la société que nous gérons. Au moment où vous obtenez ce prix, peut-on savoir à quel stade se trouve aujourd'hui le projet?
Mais je vais d'abord profiter de votre entretien pour remercier le Président de la République. Nous lui dédions le prix. Nous pensons aussi à son épouse, Mme Simone Gbagbo qui nous aide beaucoup pour ce projet. Je voudrais remercier les députés ivoiriens, parce que, un des critères qui nous font vendre ce projet, c'est le fait qu'ils aient voté la loi le concernant, à l'unanimité. J'ai une équipe de personnes passionnées pour ce projet. Elles s'y consacrent jour et nuit. Donc, c'est un prix qui nous revient à tous.
Ce projet, lorsqu'on en a parlé, la première question qui est sortie et qui continue, c'est à quand le démarrage ? Mais ce qu'il faut communiquer aux Ivoiriens, c'est qu'en fait, nous devons créer une ville nouvelle. C'est toute une ville de 540 ha. Avec des infrastructures d'une dimension très spécifique. Donc il faut effectivement du temps pour le préparer. Il faut acquérir le terrain. Il faut toutes les formalités d'acquisition du terrain, notamment traditionnelles. En respectant la loi, la législation. Il faut créer des infrastructures de base, donc des VRD modernes, des centres d'assainissement. Il faut une téléphonie très particulière. Les VRD coûtent très cher. La première partie coûte entre 12 et 15 milliards de francs. Ensuite il faudra créer des bâtiments, simples, en apparence mais très sophistiqués dans leur conception et dans leur réalité. Donc tout cela prend du temps mais nous allons doucement avec des spécialistes de construction de parcs technologiques. Nous pensons qu'il faut, d'après ce qui nous a été dit, environ deux ans à partir de la première pierre que nous avons mise en terre à Bassam, pour voir les premiers bâtiments sortir. Donc nous pensons que d'ici fin 2008, nous verrons les premiers bâtiments. Mais pour commencer les activités, avec l'aide du gouvernement et de la Sir, il nous a été octroyé, pas gratuitement bien sûr, l'IIA.O. Nous allons commencer avant la fin de l'année, les activités qui permettent à la Côte d'Ivoire de s'approprier vraiment son projet. Nous allons commencer à former des gens en NTIC. Ensuite en biotechnologie. Il y aura un institut accéléré de langue en anglais. L'activité d'incubation va nous permettre de recevoir les projets d'Ivoiriens prêts à créer des entreprises réelles. Cette activité commencera avant la fin de cette année. Bien sûr, nous y recevrons trois à cinq entreprises qui vont commencer à exercer dans la zone franche, mais dans les locaux de IIAO modernisés. Alors, en attendant le démarrage, quel est le quotidien de votre équipe?
Justement, je l'ai repartie en 4 secteurs.
Il y a le secteur du marketing et de la promotion. Parce que dès maintenant nous commençons à rechercher des entreprises pour que dans 15, 18, 24, mois, elles viennent s'installer. Et il faut qu'elles le mettent dans leur budget, dans leur plan à moyen terme. Donc nous commençons à bâtir la base de données dans laquelle nous enregistrons les entreprises qui veulent bien venir. On en a quelques-unes. De grâce, permettez-moi de les taire pour le moment. Ce groupe dont je parle fait la partie promotion. Et nous allons mettre à l'étranger ce qu'on a appelé des ambassadeurs (Vitib). Leur rôle sera justement d'être proches des entreprises leaders dans les deux domaines et de les attirer vers la Côte d'Ivoire. Ensuite, nous avons le groupe Infrastructures et immobiliers. Ce groupe, d'abord suit tous les travaux d'acquisition réelle du terrain. A ce sujet, je signale que les rois, les chefs de Moossou, Vitré, Ebra, ont tous donné officiellement la terre au Président de la République. Ils viennent de signer pour le compte du ministre de la Construction et du ministre des Finances, le don de la terre. Ce groupe suivait aussi l'étude d'impact environnemental que nous avons réalisée avec le BNETD. Ce travail est achevé. Maintenant, il est en train de suivre avec un partenaire indien la réalisation du plan de masse de 540 ha. Il peut durer 6 mois. C'est du travail d'étude et de conception qui ne se voit pas mais qui se fait dans l'ombre et qui est très important. Mais avant ce travail, il y a l'étude de sol et les relevés topographiques à faire qui sont en cours avec un partenaire, Guillaume Koffi. Nous nous sommes donné un an pour faire ce travail de manière très scientifique et très sérieuse avant que les gens ne commencent à construire les bâtiments. Parce que nous sommes sur un terrain très difficile. La constructibilité des terrains qui nous ont été donnés est très délicate et très coûteuse.
Le troisième groupe est celui qui travaille avec nos partenaires. Il s'occupe de l'assurance à mettre en ?uvre, la sécurité et de tous les aspects juridiques. Et enfin le quatrième groupe, c'est celui des finances, la gestion courante, les finances et les ressources humaines. Nous sommes quand même déjà une trentaine de personnes qui travaillons sur ce projet. Voilà, au jour le jour, ce que fait chaque groupe. Je vous apprends que mon adjoint est Indien. Notre premier rôle est de faire la promotion du projet et de rechercher les financements nécessaires à la construction de tout cela. Allez-vous continuer à faire le tour du monde?
Ah oui, ça me fatigue. Je ne tire pas plaisir dans le voyage lui-même. Mais, je tire plaisir à rencontrer des personnalités de ce monde. Des personnalités politiques de très haut niveau comme des hommes d'affaires de très haut niveau. Ici (New Delhi), je viens de rencontrer le Président Directeur Général de RTM qui est la société de téléphonie indienne qui a le quasi monopole. C'est un milliardaire qui avait déjà décidé de lui-même d'opérer en Côte d'Ivoire, mais qui a eu quelques difficultés. C'est lui qui a dirigé toute la cérémonie. Il est très intéressé à investir en Côte d'Ivoire dans le domaine des télécoms. Cela ne relève pas de mes compétences, mais, j'en parlerai avec le ministre des NTIC et avec le Président de la République. Je vais donc continuer de voyager parce que, ce n'est pas en restant en Côte d'Ivoire que nous allons attirer des investissements dans notre pays. Si la Côte d'Ivoire a pu être distinguée, c'est parce que la Président de la République m'a donné l'opportunité de rencontrer des gens de très haut niveau. Lorsque nous nous déplaçons bien sûr, nous parlons un peu de notre projet mais nous parlons aussi de la Côte d'Ivoire en faisant surtout la promotion des infrastructures dont nous avons besoin. Nous sommes conscients que ce projet ne peut réussir que si la Côte d'Ivoire attire des investisseurs dans son ensemble. Il ne peut réussir que si Grand-Bassam en tant que département attire des investisseurs. Donc lorsque nous sortons, nous ne vendons pas que notre projet. Nous vendons la Côte d'Ivoire, nous expliquons que ce que nous avons connu n'est pas nouveau pour les nations et qu'il y a des nations qui ont plus de problèmes que nous et qui attirent pourtant des investisseurs étrangers. Je pense que le prix que nous avons reçu est la résultante du langage que nous avons tenu.
Je suis fier pas parce que je suis distingué en tant que Kragbé, mais parce que nous représentons l'Afrique à un prix très important. Les quatre récipiendaires sont peut-être plus importants que moi, mais je suis très content pour la Côte d'Ivoire.

Alakagni Hala
Envoyé spécial à New Delhi

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