lundi 10 septembre 2007 par Le Front

?'Ras Goody Brown, de son vrai nom Hérvé Konan Kouakou, est un chanteur ivoirien plein de talent dont on risque d'entendre parler en Europe ces prochaines années. Depuis sa base située A vridi, il a décidé de sortir de son silence.


Pouvez-vous vous présenter et expliquer comment vous êtes arrivé au reggae ?

Mon nom est Konan Kouakou Hérvé alias Ras Goody Brown. Tout d'abord your welcome, vous êtes les bienvenus en Côte d'Ivoire reggae.fr. En fait, je me suis fait connaître lorsque j'étais dans le groupe Negromuffin. Je suis né in Africa, en Côte d'Ivoire. Je suis venu à la musique depuis Agbanou, qui est mon village natal de Sakassou. Dans ce village, pendant les vacances, mes frères qui allaient à l'école en ville ramenaient toujours des nouveautés reggae, des sons nouveaux. C'était à l'époque où Bob Marley faisait le tour du monde avec le flambeau de sa majesté impériale Haïlé Sélassié I. La musique reggae à cette époque là était déjà entendue dans tous les coins, dans tous les petits villages d'Afrique. C'était vers 1979 environ. Donc, j'ai commencé à avoir la culture I and I depuis cette époque où j'ai découvert Daddy U-Roy, Bob Marley et Peter Tosh qui étaient des pionniers. Ce sont donc mes frères qui m'ont transmis le virus du reggae. Ensuite, je suis venu en ville, à Abidjan, pour bosser, pour apprendre à lire et écrire. A l'école, j'ai même fait du théâtre qui se rapproche en quelque sorte de la musique.

Et vous étiez dans quel quartier plus exactement ?

A Yop City, Yopougon. J'étais dans le quartier de Yopougon Andokoi et ensuite Yopougon Gare, Gabriel Gare. Je suis arrivé à Abidjan en 1981, l'année durant laquelle Bob Marley est mort, mais c'est une pure coïncidence. Je me rappelle de l'annonce de sa mort à la télévision, le groupe Black Uhuru était en train de jouer à sa mémoire. Moi, depuis cette époque, je ressens le reggae. En fait, c'est presque inné chez moi. Petit à petit à l'école, j'ai découvert le reggae en profondeur. Puis ensuite au lycée, au début des années 90, j'ai commencé à faire du rap après avoir découvert les LL Cool J, Bobby Brown et autres MC Hammer. J'ai ainsi commencé à écrire des chansons, à chanter et j'ai pris le nom de Brown MC. Après, je me suis tout simplement fait appelé Goody lorsque j'ai créé le Zulu Kid. Avec ce groupe, nous avons fait une maquette et cherché des producteurs en vain. Ensuite, j'ai intégré le groupe Negromuffin avec lequel on passait à la radio avec des gens comme MC Claver. Nous sommes passés dans plusieurs émissions de hip-hop, reggae ou dancehall. Nous étions la génération nouvelle, la génération consciente. A cette époque, de connections en connections nous recevions les nouveautés reggae depuis Londres, les Etats-Unis, la France ou la Jamaïque. Mon éducation musicale c'est aussi faite de cette manière, à savoir par le biais de musiques qu'on m'expédiait de l'étranger comme Coco Tea, Culture ou Garnett Silk. En 1997, avec Negromuffin nous avons sorti l'album Authentik. Ensuite, en 1998, nous avons participé à une compilation qui réunissait tous les Rastas résidant en Côte d'Ivoire.

Qui était à l'origine de cette compilation ?

A l'origine de cette compilation c'est Ras Niemjah Camara le directeur exécutif de notre label qui est le Conquering Lion Production. En même temps, il est membre du groupe I Trinity qui a sorti un album en France en 2005, Melekeni. C'est lui qui a eu l'inspiration de créer cette compilation et de réunir tous les rastas de la communauté résidant ici en Côte d'Ivoire. En 2002, j'ai ensuite sorti un album solo intitulé Lumière. Maintenant, je suis sur le point de sortir un nouvel album qui est en ce moment en voie de finition. En fait, c'est bien que reggae.fr soit venu car il faut que la lumière parte d'ici pour exploser ! Strictly from here !

Et pourquoi avoir choisi le reggae pour vous exprimer plutôt qu'une musique traditionnelle ivoirienne par exemple ?

Parce que le reggae est ivoirien puisque je suis ivoirien. Pour la génération consciente que nous sommes, il faut comprendre qu'il n'y a plus de distinction à faire entre genres musicaux. Un artiste est doté d'un don pour être mis au service de l'humanité. Vous voyez ce que je veux dire ? Pour le bien-être de l'humanité, toute musique, tout artiste est habilité à faire tout genre de musique. Il faut que l'on soit sur cette conception là ! Moi, le reggae je ne l'ai pas choisi parce que c'est une musique jamaïcaine. D'ailleurs, les Jamaïcains sont africains car c'est de l'Afrique qu'ils ont été déportés. C'est le même sang qui coule en nous et ce qu'ils disent c'est ce que nous confirmons. Que ce pont entre l'Afrique et la Jamaïque soit enfin réalisé ! Nous avons la moitié de la clé ici, l'autre moitié se trouve avec nos frères déportés. Tant qu'on n'arrive pas à joindre les deux cultures, notre culture traditionnelle et notre culture moderne qui est la leur, il est difficile de nous reconnaître comme les enfants d'un même peuple, voire d'une même race qui est la race africaine.


Aujourd'hui comment sont perçus les rastas en Côte d'Ivoire ?

Les rastas aujourd'hui en Côte d'Ivoire sont perçus avec dignité, avec honneur, avec respect. Ceci est dû au travail qui a été effectué par notre génération et par l'auteur de la compilation dont je vous ai parlé, Ras Niemjah Camara. C'est aussi dû au travail de Ras Kush, Naphtaline, Kajeem et de moi-même Ras Goody Brown. Partout où nous sommes, nous essayons de positiver au maximum avec les frères. Yeah Man !

Et quelle est la situation des artistes reggae en Côte d'Ivoire ?

Le problème c'est qu'ici il n'y a pas de vrai producteur. Un album reggae ici pour le promotionner correctement il faut au minimum 10 millions de francs CFA (soit environ 15 000 euros). Mais qui peut mettre 10 millions dans le reggae aujourd'hui en Côte d'Ivoire ? Les gens n'ont pas la foi pour dire que c'est une musique qui peut aller partout, une musique universelle c'est-à-dire sans frontière. Le reggae c'est universel ! Par exemple, quand on dit que dans le Nord il y a la guerre, nous on y va pour dire aux gens Be careful, Jah live ! . En Côte d'Ivoire il y a des espaces reggae qui se créent, il y a des émissions reggae qui se signalent désormais à la RTI, la télévision ivoirienne. Sur les radios il y a des émissions reggae qui se créent comme sur radio Jam, il y a aussi Naphtaline qui anime sur une radio à Port-Bouët, il y a Kajeem sur radio Nostalgie etc. Le problème c'est le manque de producteurs.

Et concernant vos textes, qu'est-ce qui vous inspire ?

Tout m'inspire. Même ce que vous êtes en train de faire là m'inspire. Toute question posée a droit à une réponse et cette réponse peut inspirer une chanson. Tant qu'il existera des questions dans ce monde, il existera toujours des couplets à développer. L'artiste est le porte-parole, le messager, la voix d'un peuple ou d'une race à une échelle plus élevée. Donc pour moi, tout ce qui se passe dans la vie m'inspire. Comme Bob Marley le disait, on a so many things to say , on a trop de choses à dire.

Et de quoi parlez-vous ?

Je loue Jah car c'est lui qui a tout créé. Rastafari a tout créé donc je lui rends honneur et gloire. Dans mes textes je loue Jah et je suis engagé sur tous les plans puisque ma voie et la voie de sa majesté impériale Haïlé Sélassié I. Donc quand j'ouvre la bouche dans une chanson, je m'adresse au monde entier. Louer Jah est la première des choses. Quand je regarde le monde, le trône de Jah est plus important que tout ce qui marche sur ce monde. Donc, dans mes chansons je loue Jah sous toutes les formes : en amour, en romantisme, en livity, en adoration, en louange et bien sûr en prière.



(Source : reggae.fr)

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023