vendredi 7 septembre 2007 par Fraternité Matin

Après la crise, qu'allons-nous faire de la paix ? Voilà le thème que le président du Conseil économique et social, président-fondateur du Rassemblement pour la paix (RPP), a développé hier au Palais des congrès de l'Hôtel Ivoire, dans le cadre des Tribunes libres de l'association ELAN. Une occasion que Laurent Dona-Fologo a saisie pour partager avec les nombreux invités, le rêve qu'il a d'un nouveau citoyen pour une Côte d'Ivoire nouvelle. Pour le père du sursaut national, Après la crise, la gestion responsable de la paix doit nous conduire à créer un citoyen nouveau par la formation d'une nouvelle mentalité de l'homme ivoirien, la création d'un cadre de vie assaini et sécurisé et les conditions d'un fonctionnement régulier et efficace des Institutions nationales. M. Fologo, très applaudi, a estimé que l'ambition première de la Côte d'Ivoire après la grave crise qu'elle vient de traverser devra être de construire une société dont les valeurs cardinales seront : la gouvernance, l'effort dans le travail et la récompense par le mérite, la compétence et l'honnêteté, l'humilité et la patience, la justice et l'équité dans la répartition des revenus, le respect de l'autre et la solidarité. Il est d'avis que malgré cette crise, la Côte d'Ivoire peut rebondir encore plus fort, encore plus haut et retrouver sa place tant en Afrique que dans le monde. D'autant que, a expliqué le conférencier, ses atouts, faits d'infrastructures, de routes et de télécommunications, mais surtout d'hommes et de femmes bien formés, restent intacts, réels et incontestables. Mais, a averti le président du Conseil économique et social (qui a précisé qu'il ne parle pas au nom de cette Institution), pour y arriver, il faut débarrasser la Côte d'Ivoire de ses souillures et de quelques mauvaises habitudes qui peuvent l'infecter si l'on n'y prend garde. Les souillures de son pays, M. Fologo n'est pas passé par quatre chemins pour les dénoncer. Les infrastructures de toutes sortes : routes, édifices publics et autres locaux scolaires et sanitaires, sont dans un état de délabrement avancé, a-t-il regretté. Et d'ajouter : Quant aux trottoirs de nos belles rues d'antan, ils sont transformés en commerces, tandis que les immeubles, aux façades délavées, restent toujours tristes et déprimants L'orateur a profité de cette occasion pour dénoncer la prise en otage de l'école et des résidences universitaires par des étudiants qui se sont transformés en véritables commerçants, voire en propriétaires immobiliers, fixant et encaissant pour leur propre compte, des loyers. Le conférencier n'a également pas manqué de condamner avec vigueur le racket auquel s'adonnent certains éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS).
Selon lui, si à tout cet environnement physique qui donne au pays un air de délabrement général, on ajoute les dégradations humaines et morales (tels) l'incivisme, la paresse, le laxisme, la corruption rampante, l'insécurité et la violence sous toutes ses formes, l'on mesure les dégâts physiques et moraux de cette sale et inutile crise ivoirienne. Toutefois, il a avoué que quoique la crise ait exacerbé ces souillures, elle ne les a pas engendrées. D'autant qu'elles sévissaient avant son éclatement. Dans tous les cas, pour arrêter cette triste descente aux enfers, a conseillé Laurent Dona-Fologo, il est urgent, dans un vigoureux sursaut national, d'opérer un véritable lavage général, tant psychologique, moral que physique. C'est à ce prix, a-t-il souligné, que pourra naître la Côte d'Ivoire d'après crise dont il rêve. Un pays plus uni, plus fraternel et plus solidaire, où l'égalité et le juste partage, l'ordre, le travail, la discipline et l'amour seront les points lumineux du manteau de salubrité morale qui sera désormais son seul habit, à l'exclusion de la corruption, de la tricherie, de la paresse, de l'égoïsme, de la démission, de la haine et des ambitions personnelles démesurées, destructrices et malsaines. M. Fologo pense que pour tourner la page et construire la nouvelle Côte d'Ivoire, il faut, au plan national, rétablir l'ordre à tous les niveaux par le respect de la loi, promouvoir une éducation à la citoyenne, créer un climat favorable à la justice sociale, développer un environnement de sécurité, revoir la cohérence et la fonctionnalité de certaines structures de l'Etat, consolider la paix par des élections rigoureuses. Au plan extérieur, il a proposé que la Côte d'Ivoire reste ouverte aux autres pays d'Afrique et du monde mais qu'elle s'adapte à l'évolution du temps. Le président de ELAN, Thomas Zahui, s'est félicité de la tenue de cette conférence qui a mobilisé beaucoup de monde. Dont des présidents d'institutions, des ministres, des ambassadeurs (notamment celui de la France), des élus, des chefs traditionnels, des conseillers économiques et sociaux et de nombreux membres du RPP. Un monde qui a manifesté son intérêt au sujet traité, par des contributions et autres questions auxquelles le conférencier a répondu, sans ambages. Me Luc Adjé a été le modérateur de cette rencontre.

Pascal Soro

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