vendredi 7 septembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Moins d'un mois après le réquisitoire implacable fortement médiatisé du Professeur Mamadou Koulibaly contre sa famille politique, c'est aujourd'hui son conseiller spécial Docteur Ahua Junior qui sonne le tocsin. Même si les Ivoiriens, par l'humour noir qui les caractérise, ont souri quand leur vocabulaire s'est enrichi du néologisme " rebfondation ", créé par le Président de l'Assemblée Nationale pour résumer les tares et les avatars, les vicissitudes et les turpitudes, les forfaits et la forfaiture des Refondateurs dont lui, les Ivoiriens qui ne sont pas dupes, ont tous compris qu'un coin du voile venait ainsi d'être levé. Contrairement à l'objectif visé, l'intervention télévisée sur la première chaîne de ce dernier a plutôt édifié les Ivoiriens sur la crise profonde qui secoue le FPI. Lorsque la vérité têtue des faits n'est plus masquée par les silences complices, les remords se font sentir pour bousculer les habitudes. Des voix s'élèvent pour faire des aveux sincères et des révélations dignes de foi avant le grand déballage qui tôt ou tard devra avoir lieu. Les récriminations et les complaintes longtemps contenues se transforment dans l'indifférence générale ( ?) en cris de détresse qui se multiplient indéfiniment devant la menace du suicide collectif. Les Ivoiriens découvrent enfin avec horreur le visage hideux de la Refondation : GBAGBO a donc menti !
I- La couleur du temps. Le temps en Côte d'Ivoire sous le règne des Refondateurs s'est teinté du rouge du sang de milliers de victimes innocentes sacrifiées sur l'autel de la Refondation. Tous les secteurs d'activité qui donnent souffle de vie et moyens de survie à notre peuple sont minés par les effets, ô combien pervers, de leur Refondation. Dire que tous les clignotants sont au rouge serait un euphémisme bien accommodant. Mais reconnaitre que le ver de la décadence est dans le fruit de la Refondation, c'est s'engager implicitement dans le processus de dénonciation de la gangrène qui mine notre société depuis l'année 2000. C'est une simple démarche intellectuelle qui consiste à ouvrir grand les yeux pour fustiger ce que tout le monde sait désormais comme les hauts faits savamment orchestrés et planifiés : génocide intellectuel, crime économique, crime contre l'humanité, etc.
1-Une société sans école :
Quand ils ont fait croire aux étudiants qu'arrivés au pouvoir d'Etat, ils débloqueraient 10 milliards pour résoudre tous les problèmes qui hypothèquent leur avenir, nous y avons cru. Mais le constat aujourd'hui est bien tout autre. Les conséquences sont très lourdes : la FESCI, en tant que bras séculier du pouvoir FPI, rackette, vole, pille, viole et tue impunément au grand jour. Quand elle n'agresse pas physiquement les enseignants, elle s'en prend aux magistrats et attaque en conflits armés les policiers. Elle décide de tout et se mêle de tout pour faire entendre la voix des maîtres à penser : la cacophonie meurtrière de la violence tous azimuts. Offrant sa généreuse poitrine nue aux rafales, battant pavé, et ayant porté à bout de bras le pouvoir refondé, la FESCI revendique légitimement rétribution...pour service rendu.
Ayant abandonné les salles et amphithéâtres pour les écoles de la rue (agora, parlement, et Sorbonne), nos étudiants lancent aujourd'hui un ultimatum au ministre de la Sécurité pour promesses non tenues. Quoi de plus normal ! Tout travail ne mérite t-il pas salaire ?
2- Crime économique
Quand ils ont fait croire aux paysans qu'ils achèteraient le cacao à 5000 F, nous y avons tous cru. Mais c'est dans la consternation totale que nous constatons que la filière café-cacao est aux mains d'une mafia vorace, égoïste et cynique. A cause du népotisme et de l'affairisme, les Tapé Doh, et consorts sont désavoués par les nombreuses grèves des paysans. On est même allé jusqu'à brûler des récoltes pour empêcher que les voleurs s'accaparent indûment les fruits de durs labeurs. La gestion des dirigeants qui ont pris l'argent du cacao pour acheter des armes est de plus en plus décriée et les paysans ont désormais décidé de prendre en main la filière. La destitution de Tapé Doh par ces derniers est un signe fort. Les paysans ont décidé de ne plus se laisser voler. Il faudrait que le FPI s'explique sur les accusations graves de blanchiment d'argent, de malversations portées à l'encontre de la Côte d'Ivoire par rapport à l'achat par le FRC d'une usine de cacao aux Etats-Unis.
La trop forte pression fiscale des entreprises (qui ont résisté à la furia des patriotes enragés) décourage désormais toutes initiatives privées. Outre la pressurisation des entreprises privées, c'est le lieu de dénoncer (si tant s'en faut) l'exploitation déraisonnée de notre espace vital. Au nom du culte à l'enrichissement illicite le plus rapide, des pans entiers de notre patrimoine naturel sont bradés sans le moindre état d'âme. Sous la Refondation, la Côte d'Ivoire a fait un grand pas en direction du désert. Le bilan chaotique de la gestion de la forêt sous ce parti devra, un jour, se faire afin que les Ivoiriens mesurent l'ampleur de la grave menace qui plane sur notre pays (la destruction de la forêt du Banco en dit long). La pollution de l'environnement a atteint son comble avec les déchets toxiques. Tous les Ivoiriens sont exposés aujourd'hui, par la faute des refondateurs, au risque des maladies cancérigènes. L'ampleur du crime économique pourra se mesurer à l'aune de la confiscation des ressources minières. Ya t-il du pétrole, du diamant, du manganèse en Côte d'Ivoire ? A qui cela profite-t-il ? Motus et becs cousus !
3- Crime contre l'Humanité
L'impunité, pierre angulaire de la Refondation, à consacré un recul suicidaire des droits de l'Homme en Côte d'Ivoire. La guerre des tranchées qui a opposé les Refondateurs et les rebelles a été entendue comme une prime aux plus graves violations des droits de l'Homme. Ni les dénégations de Koulibaly Mamadou et d'Ahua, ni les complaintes des parents de Kieffer, Boga, Dakoury, Guéi, Colonel Bakassa et autres, contraints au silence par les escadrons de la mort, n'arrivent à émouvoir la sensibilité de notre justice aux ordres. Les rebondissements spectaculaires des affaires discrètement classées pour raison d'Etat, dévoilent en soi les crimes d'Etat les plus odieux, indicateurs de la performance inégalée des refondateurs. Les milices qui ont, à l'instar de la FESCI, permis au pouvoir FPI de résister aux assauts de la rébellion ne sont-ils pas en droit de réclamer leur part du gâteau ? Sur instruction des forces régulières, les milices tribales à la solde du FPI, versées dans l'art du maniement des armes à feu, réclament elles aussi légitimement une juste rémunération des efforts de guerre si chèrement consentis. Au prix de leur sang ! Au prix de leurs vies. Les grades distribués à l'emporte-pièce et à la tête du client, de part et d'autre, alimentent sans cesse la chronique de plus en plus bruyante au sein des grandes muettes que sont supposés être les belligérants issus des Forces Nouvelles et ceux des forces de Défense et de sécurité. D'un côté, les uns voient la promotion de leurs grands chefs comme une prime à la médiocrité, de l'autre côté, les grades sont perçus comme un blanc-seing, une caution morale, une reconnaissance officielle sur laquelle il n'est plus question de revenir ni aujourd'hui, ni demain. Au nom de la logique de banalisation des problèmes sérieux, il ne faut pas s'étonner d'entendre que " la question des grades est un petit problème " (selon les propos du chef suprême des Armées de Côte d'Ivoire). Lui qui disait voir le dos des nageurs, lui dont le sécurocrate émérite Boga Doudou, (paix à son âme) avait annoncé qu'il savait où vivaient et ce que faisaient les déserteurs de l'Armée ivoirienne qui, plus tard, allaient attaquer son régime. Lui, GBAGBO, garant de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale qui se vantait d'être prêt à faire pleuvoir des déluges de feu sur la tête de quiconque oserait attaquer sa Côte d'Ivoire chère, lui GBAGBO semble avoir trahi et le mot n'est pas trop fort. II- Pour haute trahison
Par les louvoiements et autres tergiversations, usant et abusant du dilatoire, le FPI s'est rendu impopulaire aux yeux de la nation. Adversaires et partenaires en ont aujourd'hui gros sur le c?ur.
Si les formations politiques les plus significatives, réduites à se contenter de la portion congrue, non satisfaite, du menu fretin, s'indignent devant le spectacle des transhumances, c'est pour dénoncer l'infantilisation outrageante dont ils sont l'objet.
Mais lorsque, milices chichement entretenues et les forces militaires toutes tendances confondues grognent, c'est pour interpeller le chef d'Etat sur la nécessité d'une lecture plus objective de ses prérogatives régaliennes. Quand les étudiants ont compris que l'école de la rue (Agoras, parlements et Sorbonne) ne peut pas sécuriser leur avenir hypothéqué, ils s'offrent le luxe de donner un ultimatum à leurs maîtres, les Refondateurs. Quand des patriotes subitement devenus lucides affirment que le combat patriotique est terminé, c'est la levée de bouclier et la veillée d'armes chez ceux qui ont fait de cette guerre un fonds de commerce lucratif. Que nous réserve demain ?
Pendant que les médecins, blessés dans leur amour-propre, lancent un mot d'ordre de grève illimitée sans le moindre service minimal, au mépris du serment d'Hippocrate, exigent une reconnaissance officielle de leurs efforts, les enseignants, eux, ne veulent plus se faire complices des années scolaires aux résultats catastrophiques. Dans le méli-mélo du train-train quotidien, une constance se dégage de la quadrature du cercle ivoirien : les Ivoiriens en ont marre ! Parce qu'ils savent désormais que même les adjuvants de la refondation, les hommes du sérail ne peuvent plus taire les coups bas de la Refondation ; même qu'un militant serait mort après avoir pris connaissance de la liste des milliardaires de la Refondation. Beaucoup ont donc choisi de ne plus se taire pour ne pas se faire demain des complices d'un pouvoir qui devra nécessairement , à défaut d'être traduit devant les différentes juridictions nationales et internationales, rendre compte au peuple. Comme en ch?ur, le front social en ébullition crie à la trahison. Et ce cri du c?ur collectif s'entend de plus en plus comme la réponse appropriée à la haute trahison qui explique sans justifier le culte du deal et l'amour du dilatoire congénital au FPI. III- L'hormone du dilatoire : le deal
Les différents diagnostics cliniques établis pour sortir la Côte d'Ivoire des griffes de la Refondation ont abouti à un même et seul résultat ; le mal ivoirien a un seul et même nom : LA REFONDATION OU LA REBFONDATION. Se présentant tantôt comme parti au pouvoir, tantôt comme parti d'opposition, le FPI a réussi à nous exposer à la risée des Nations civilisées. En cultivant à l'excès le jeu de l'ambivalence et des ambiguités, les Refondateurs ont mis sens dessus dessous les fondements de notre société. La duplicité qui alimente leur projet de société s'est finalement érigée en programme de gouvernement. Très tôt déjà, les actes liés à l'assaut final, au boycott actif, auraient pu nous éclairer sur les intentions réelles de GBAGBO. Non seulement, ce chef atypique avait réclamé la paternité de ces barbaries, mais il a osé saluer publiquement et officiellement le coup de force de la junte militaire en Décembre 1999. L'on se souvient encore que ce démocrate autoproclamé, après avoir salué de main de maître ce qu'il qualifia de " révolution démocratique " avait exigé et obtenu un partage plus équitable de butin. Comme le présumé commanditaire du coup d'Etat, il n'a eu aucune gêne à réclamer des postes ministériels plus juteux. Aujourd'hui, les Ivoiriens lucides en sont à se demander si la guerre déclenchée depuis 2002 n'est pas une guerre du FPI contre les institutions républicaines pour confisquer indûment le pouvoir d'Etat : " Soro et moi, on se connait depuis longtemps. C'est l'un des rares de sa génération qui connaît mon village, qui a dormi dans ma maison au village" a t-il confié au journal burkinabé SIDWAYA. Du dialogue direct, nous en saurons davantage avec le temps car un des rares mérites qu'il faut reconnaitre aux Refondateurs, c'est le fait qu'il n'y a aucun secret pour eux. Mais pour l'heure, le pacte qui lie intimement les principaux belligérants de la crise ivoirienne laisse pantois les Ivoiriens qui s'interrogent : " la guerre est-elle la résultante d'une combinaison qui met en jeu les intérêts égoïstes de deux alliés au détriment de l'intérêt national ? " " Le dialogue direct de Ouaga dont on vante la spécificité serait-il un simple arrangement entre deux chefs de bande ? "
Le non respect du chronogramme des actions à mener dans le cadre du conclave de Ouaga utilise " le fétichisme des dates " comme une anesthésie pour nous endormir. Comment peut-on vouloir aller vite, vite, vite, aux élections en même temps qu'on tergiverse, on louvoie, on tourne en rond sans affronter les vrais problèmes ?
Les temps de braise que connait notre société refondée sont la riposte inédite d'un front social en pleine ébullition. Les sales temps que vivent les Refondateurs aujourd'hui, indiquent clairement que le ver est dans le fruit. Nous assistons de plus en plus à une montée d'adrénaline symptomatique d'un régime en agonie dont les méfaits s'étalent au grand jour.
Les réactions des forces laborieuses face à l'état de délabrement généralisé constituent une interpellation des consciences intellectuelles assoupies. Si tous les clignotants sont au rouge, c'est parce que nous avons enfin tous tout compris : " Ainsi, tous les cas de figure conduisent à la démission de GBAGBO, soit de façon volontaire au profit de Soro, soit suite à l'examen constitutionnel de sa destitution pour haute trahison. C'est à ce prix que la Côte d'Ivoire pourra conserver son étiquette de pays démocratique ". Cette solution proposée par Ahua Junior a le mérite d'éviter que l'on jette le bébé ivoire en même temps que l'eau dans laquelle il a naïvement accepté de baigner. Mais déjà, des langues se délient qui accusent le FPI d'avoir armé les milices de l'ouest. Si ce fait est avéré, alors la Refondation porterait lourdement la responsabilité des massacres dont ont été victimes les populations de cette région montagneuse. Car des zones d'ombre, il en existe qui nous permettent de nous interroger : pourquoi les régions de Gagnoa, Ouragahio, Guibéroua, zones naturelles des Refondateurs, n'ont pas vécu cet enfer ? Pourquoi le centre, une partie de l'est et le nord occupé par la rébellion n'ont pas connu des atrocités vécues par les populations de l'ouest montagneux ?
Le moins qu'on puisse dire, c'est que depuis l'avènement des refondateurs, notre environnement est totalement pollué.
Koffi Désiré

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