jeudi 6 septembre 2007 par 24 Heures

Cela fait exactement cinq mois deux jours que l'accord politique de Ouaga a été signé. Si quelques avancées notables sont à noter dans sa mise en ?uvre, l'on est malheureusement obligé de reconnaître que la méthode Compaoré comporte beaucoup de limites qui font que l'accord balbutie quelque peu dans son application.

Le Comité d'évaluation et d'accompagnement (CEA) de l'accord de Ouaga a tenu sa deuxième réunion mardi dans la capitale du pays des hommes intègres.
Au cours de cette rencontre-bilan, les questions, ou si vous voulez les sujets qui fâchent, ont été subtilement contournées.
S'agissant des questions sécuritaires, les membres du comité ont examiné successivement les problèmes liés aux grades des éléments des Forces Nouvelles et au service civique.
Le Facilitateur a annoncé qu'il recevra prochainement les principaux acteurs concernés par la question des grades afin de trouver une solution consensuelle , relève le communiqué final.
Cette question cruciale qui n'a cessé de mettre à mal les rapports entre le camp présidentiel et les Forces Nouvelles a vu ainsi sa solution une fois de plus différée.
Au-delà de ce fait, c'est toute la méthode employée par le Facilitateur pour résoudre la crise qui suscite des interrogations.
A la signature de l'accord le 04 mars, résultat du dialogue direct, on a constaté qu'aucune solution n'a été proposée concernant un certain nombre de sujets cruciaux.
La question des grades en fait malheureusement partie.
On peut même évoquer la fâcheuse question du cadre institutionnel d'exécution qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive.
Les deux parties au dialogue direct exerçant un contrôle effectif, (administratif et militaire), de part et d'autre de la zone de confiance, conscientes de leurs hautes responsabilités dans le fonctionnement de l'Etat et déterminées à parvenir à une normalisation politique et institutionnelle fondée sur la gestion concertée du pouvoir politique et la réconciliation nationale, décident de mettre en place un nouveau cadre institutionnel d'exécution , stipule le point 5 de l'accord politique de Ouaga.
Conséquence, Guillaume Soro a été nommé Premier ministre sans un réel pouvoir.
Contrairement à Charles Konan Banny qui avit des pouvoirs des réels octroyés par les Nations Unies, M.
Soro, lui, se présente comme un simple Premier ministre exécutant la volonté du chef de l'Etat.
D'où son manque d'influence certain sur la mise en ?uvre du processus.
On peut mettre en relief ses démêlés incessants avec le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, sur la question de l'identification.
Il y a aussi les difficultés que le secrétaire général des Forces Nouvelles a rencontrées lors de la formation du gouvernement.
Le chef de l'Etat s'était emparé de tous les postes de souveraineté.
L'autre aspect qui semble plomber l'accord, c'est que les signataires sont en même temps artisans, exécutants et superviseurs.
Exagérons un peu en prenant l'exemple d'un élève ou d'un étudiant, qui s'auto-évalue.
Curieux tout de même !.
Par exemple, avec l'accord de Marcoussis et les résolutions onusiennes (1633 et 1721), on avait le comité de suivi et le GTI, une sorte de gendarme.
Dans ce cas, l'?il extérieur pouvait avoir un jugement objectif et même contraignant.
Contrairement au CEA qui regroupe les deux signataires.
C'est vrai qu'il a été élargi aux institutions financières internationales et même à l'Onuci.
Mais cela ne change pas grand-chose.
Puisqu'ils sont là en simples spectateurs.
L'accord de Ouaga pour beaucoup d'observateurs avertis est à la croisée des chemins cinq mois après sa naissance.
C'est vrai qu'il y a eu la suppression de la zone de confiance, la célébration de la Flamme de la paix le 30 juillet à Bouaké, le redéploiement des préfets et bientôt les sous-préfets.
En clair, certains nuages se sont dissipés.
Mais, de façon superficielle.
Car, au-delà des symboles qui sont comparables à un hors d'?uvre, il faut attaquer dorénavant les problèmes de fond.
Notamment ceux qui ont poussé Guillaume Soro et ses amis à prendre les armes le 19 septembre 2002.
Or, à ce niveau, l'on traîne les pieds.
Et le Comité d'évaluation et d'accompagnement a souligné l'importance de l'identification et du recensement électoral.
Il a fortement recommandé que des dispositions soient prises en vue du démarrage rapide des audiences foraines, en tout état de cause, avant la fin du mois de septembre 2007 .
Au départ, les signataires de l'accord se sont donnés dix mois pour aller aux élections.
Force est de constater que cinq mois après, l'on n'a pas encore attaqué les plats de résistance.
N'ayant pas pu respecter le chronogramme qu'ils se sont librement donnés, Gbagbo et Soro risquent de faire du pilotage à vue.
Une situation que personne ne souhaite.


Presthone BROU

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