jeudi 6 septembre 2007 par Le Patriote

Une ?'belle'' gifle aux paysans ivoiriens. Le chef de l'Etat, dans une interview accordée au quotidien burkinabé ?'Sidwaya'', a ouvertement ridiculisé les planteurs et producteurs de la filière Café-Cacao. Selon le président Gbagbo, les acteurs de cette filière sont eux-mêmes responsables de la crise qui secoue aujourd'hui leur filière. J'ai la filière Café-Cacao aux paysans. Ce sont eux-mêmes qui gèrent leurs productions. Quand on dit que c'est mal géré, je rigole dans mon coin , a-t-il ironisé. Une véritable boude de la part de celui qui, étant dans l'opposition, avait promis à ses parents planteurs que le kilogramme de leur cacao sera acheté à 3000 francs CFA. Aujourd'hui qu'il est au pouvoir depuis sept ans, le cacao est acheté à 400 francs CFA le kilo. Un prix loin et même très loin de ce qu'il avait promis. En montrant ainsi sa non implication dans la filière, Laurent Gbagbo veut certainement se laver totalement les mains de cette crise agricole. Et pourtant, à suivre de près les organismes et autres structures de régulation du Café-Cacao, l'implication du chef de l'Etat dans la gestion de cette filière est toute nette. En effet, à l'avènement du président Laurent Gbagbo au pouvoir en 2000, se met en place une multitude d'organismes de régulation : l'Autorité de régulation du café-cacao (ARCC), la Bourse café-cacao (BCC), le Fonds de régulation café-cacao (FRC), le Fonds de garantie des coopératives de café-cacao (FGCCC). Le chef de l'Etat ivoirien lance alors son slogan populaire : Le pouvoir aux planteurs pour qu'ils vivent de leurs productions . Et pourtant, ces organismes et structures sont presque tous gérés par des proches de Laurent Gbagbo. Le FRC (Fonds de régulation et de contrôle) a pour PCA, Mme Angeline Kili, l'ARCC (Autorité de régulation du café et du cacao) a pour PCA M. Zoungrana Placide, le FGCCC (Fonds de garantie des coopératives de café-cacao) est géré par M. Jean-Claude Bayou. Pour ne citer que ceux-là. Ils sont tous de la famille politique du chef de l'Etat, le Front populaire ivoirien (FPI). Et, selon le rapport de la Commission européenne rendu public le 18 janvier 2007, ces structures évoluent en dehors de tout cadre légal . L'une d'entre elles, le FRC, explique le document, gère une ?'réserve de prudence'', censée soutenir les cours du cacao en faveur des petits producteurs. Cette réserve a servi à financer l'achat d'armes de guerre par le régime Gbagbo, au début du conflit armé ivoirien en 2002. Le FRC a, à cet effet, octroyé cette réserve de plus de 60 millions de dollars, sans même l'aval des membres de son Conseil d'administration , affirme ce rapport de la Commission européenne.
Aujourd'hui, les pauvres paysans n'ont plus que leurs yeux pour pleurer. Après tant de sacrifices, ils sont récompensés en monnaie de singe par le premier responsable du régime. Dommage !

Diawara Samou

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