jeudi 6 septembre 2007 par Fraternité Matin

Mme Anne-Marie Konan Payne, directrice du CICG explique les défis du gouvernement.

Pourquoi est-ce maintenant que vous avez senti le besoin de mettre une salle de presse virtuelle à la disposition des journalistes?

Votre question a deux aspects. Pourquoi la salle de presse et pourquoi maintenant ? Pourquoi la salle de presse ? Je pense que cela s'inscrit dans les missions assignées au Centre d'information et de communication gouvernementale (CICG), entre autres, développer tous les outils susceptibles de faciliter l'accessibilité à l'information gouvernementale. Pourquoi maintenant ? Tout simplement parce que c'est maintenant que nous avons pu réunir un minimum de moyens pour pouvoir assurer ce service à la presse.

A la cérémonie de présentation de la salle de presse, vous avez parlé de SIMGouv comme étant un système d'information. Que faut-il comprendre par là ?

Le SIMGouv est le Système d'information multimédia du gouvernement. Il est constitué par un ensemble d'outils et de supports multiformes, des plus modernes aux plus traditionnels, conçus pour améliorer la capacité du gouvernement à collecter, traiter et diffuser l'information gouvernementale. Informer ses citoyens est un devoir pour le gouvernement. On peut l'inscrire dans les devoirs régaliens de l'Etat. Il s'agit pour le gouvernement de pouvoir communiquer le plus directement possible avec les populations, quels que soient leur niveau de culture, leur statut, leur situation géographique.

De la salle de presse au SIMGouv, en passant par le portail, on se perd quelque fois. Pourriez-vous mieux nous éclairer sur la nature de tous ces outils et les relations qui existent entre eux?

Le SIMGouv, comme nous venons de le dire plus haut, est constitué d'un ensemble d'outils visant à établir un lien dynamique entre le gouvernement et les citoyens à travers une plate-forme de communication gouvernementale performante, accessible à tous. Il s'agit également de permettre que les citoyens expriment leurs besoins et perceptions sur les actions conduites au profit du bien-être de tous. Nous avons essayé de diversifier les outils pour que tout le monde y trouve son compte. Au nombre de ces outils clés, on peut citer le réseau des Services gouvernementaux de communication (SGCom) composé des responsables des services de communication des ministères, le centre d'appel du gouvernement, les publications ( le Courrier de la Primature , les éditions des textes des accords et autres programmes du gouvernement), les capsules radiophoniques et télévisuelles, les Cligouv (les comités locaux d'information gouvernementale), les Matinales du CICG qui est une rencontre mensuelle d'information de la presse, le baromètre de l'opinion, etc. Nous avons placé au c?ur de tout ce dispositif, le portail officiel du gouvernement de Côte d'Ivoire (www.gouv.ci). A partir de ce site portail, on accède à la salle de presse, objet de la cérémonie que nous avons organisée dernièrement. C'est une salle (virtuelle) de travail dédiée aux journalistes pour faciliter le suivi et la couverture de l'activité du gouvernement.

Pensez-vous qu'il sera facile de coordonner le travail entre les différents ministères pour collecter l'information à mettre à la disposition des journalistes?

Oui, parce que le gouvernement est régi par des règles de fonctionnement et l'action gouvernementale caractérisée par la solidarité d'actions et de résultats. Nous pensons qu'il ne devrait y avoir aucun problème. Et à ce jour, nous n'avons pas vraiment de problème pour travailler avec les différents services de communication du gouvernement. Nous travaillons surtout pour faire en sorte que l'action gouvernementale (celle du Premier ministre et des ministres) ait une bonne lisibilité et une visibilité certaine. Après le portail, le réseau des Services de communication gouvernementale, (SGCom), qui regroupe les responsables de communication de tous les ministères, est un outil essentiel à la fois de collecte et de maintien de la cohérence des messages du gouvernement. Il devrait également nous permettre de mutualiser davantage les moyens affectés à la communication du gouvernement. A propos du réseau des services de communication gouvernementale ? SGCom, notre ambition est de mettre en adéquation, les missions confiées aux responsables de la communication du secteur public en général et du gouvernement en particulier et les moyens affectés à l'exécution de leur mission. Beaucoup reste à faire quant à la perception de ce métier trop souvent réduit à la fonction d'attaché de presse. C'est loin d'être cela uniquement. Les services de communication sont souvent déconsidérés ; avec la mise en place du réseau depuis 2004, nous allons travailler à revaloriser ce métier.

Avec les lourdeurs administratives, les informations nécessaires seront-elles disponibles dans la salle de presse, sur le portail, en temps réel afin que les journalistes puissent en disposer ?

- Notre ambition est de mettre à disposition l'information en temps réel. Cela suppose un certain dispositif. C'est une information officielle, donc elle a des exigences et des contraintes qui peuvent effectivement imposer des délais. L'essentiel, c'est la volonté de rendre disponible cette information et que la presse sache où la trouver. Ce n'est pas une course contre la montre. Il faut une certaine fiabilité par rapport à ce qui est diffusé dans un canal officiel comme celui que nous nous efforçons de construire.

Ce n'est certes pas de la rétention mais n'est ?ce pas une manière de donner une information manipulée?

Une information manipulée, dites-vous ? Je réfute ce mot lorsqu'on parle de l'information gouvernementale. Ce mot est impropre car il sous-entend une volonté de tromper. Soyons clair et précis : une information officielle gouvernementale est une information qualifiée, donc spécifique. Si elle est qualifiée et / ou reconnue comme gouvernementale, c'est qu'elle émane d'une source (identifiée) qui lui confère cette qualité. L'information gouvernementale a des caractéristiques à la fois au niveau du support et du contenu. Elle se diffuse d'une manière spécifique. Elle est structurée pour être reconnue comme telle, donc elle n'a pas vocation à manipuler le récepteur puisqu'elle ne se dissimule pas. Elle est et doit être prise comme telle. La liberté d'expression s'applique aussi à l'Etat et, partant, au gouvernement qui a le droit de dire ce qu'il veut dire dans la forme qu'elle souhaite. C'est l'absence ou l'impossibilité d'accéder à cette information gouvernementale qui serait anormale. En tant que journaliste, dans l'exercice de votre profession, vous ne pouvez que vous réjouir de cette volonté affirmée du gouvernement et des dispositifs concrets mis en place.

Quelle garantie pouvez-vous donner aux journalistes qui veulent utiliser cette information gouvernementale?

Vous parlez de garantie, vous avez raison. La source est l'une des garanties de l'information gouvernementale. Le CICG constitue l'une des sources de l'information officielle du gouvernement. Nous travaillons selon des procédures spécifiques, mais surtout en toute responsabilité pour que ce que nous diffusons ne souffre aucune contestation. L'information gouvernementale qui est diffusée et mise à la disposition des journalistes par le CICG peut être utilisée. Son utilisation par des tiers y compris les journalistes doit être faite conformément aux règles de la profession. Le commentaire est libre, nous le savons, mais si les faits tels qu'officiellement exprimés sont déformés par un journaliste, le CICG en tant que source se réserve le droit de demander une rectification. D'ailleurs, à ce propos, nous invitons souvent les journalistes, lorsqu'ils reprennent une information émanant du CICG, à mentionner la source.

Le CICG pourra-t-il donner les contacts nécessaires lorsqu'il s'agira d'approfondir une information ?

C'est ce que nous faisons. Nous avons développé deux outils disponibles dans la salle de presse : l'annuaire du réseau des Services gouvernementaux de communication (SGCom) qui permet aux journalistes de s'adresser directement au responsables de la communication du ministère concerné par l'information recherchée, et la rubrique Dossiers du gouvernement qui permet d'accéder à des dossiers techniques concernant un sujet donné. Notre souci étant de fournir un maximum d'informations au journaliste pour lui permettre d'affiner sa compréhension des actions du gouvernement et donc d'informer, à son tour, le public. D'ailleurs, j'en profite pour rappeler que nous avons également créé une tribune Les matinales du CICG depuis 2005, qui est une rencontre entre les journalistes et des personnalités du gouvernement pour susciter des échanges en profondeur sur les grands dossiers en cours. C'est l'un des outils du SIMGouv ; il n'y a pas que du virtuel dans le SIMGouv.

Au lancement officiel de la salle de presse, le ministre de la Communication, M. Sy Savané, a appelé les journalistes à mettre la pression sur le CICG afin que vous amélioriez vos services. Quel commentaire en faites- vous?

Le ministre de la Communication - que nous voulons remercier au passage pour son appui -, fait bien d'inviter les journalistes à mettre la pression pour consolider les outils développés pour leur usage. Nous avons compris que c'est une manière très subtile d'inviter les journalistes à utiliser effectivement ces outils ; ce n'est qu'en en faisant usage qu'ils seront à même de réclamer plus et mettre la pression, si nécessaire. De notre côté, nous ferons tout pour répondre aux besoins que nous avons contribué largement à susciter.

Avez-vous les moyens financiers et humains nécessaires pour relever ce challenge?

Le CICG est un des dispositifs que le gouvernement a mis en place pour renforcer sa capacité de gestion de l'information. C'est vrai que nous n'avons pas aujourd'hui suffisamment de moyens pour faire ce travail, mais ce qui est important - et je crois que c'est cela le challenge de l'équipe CICG -, c'est que nous avons pour ambition d'aller vers les objectifs et les missions qui ont été assignés au CICG avec les moyens disponibles ou à rechercher. Pour l'instant, nous avons démontré notre savoir-faire technique, que nous voulons le faire effectivement, puisque nous surmontons les difficultés au quotidien, nous imaginons les solutions pour avancer quand même Les moyens humains et financiers demeurent un frein à ce que nous pouvons faire. A titre d'exemple, le service Relations Presse du CICG est aminé par une seule personne. Vous imaginez la masse de travail que cela peut représenter. Mais chaque fois que les journalistes nous contactent, nous faisons ce que nous pouvons pour mettre à leur disposition l'information ou bien les orienter vers la source habilitée.

De quel délai disposez-vous pour mettre une information à la disposition des médias?

Dès que l'information est disponible, nous la diffusons immédiatement, en utilisant tous les canaux créés à cet effet. Pour ce qui concerne le portail du gouvernement, les statistiques établies depuis un an révèlent un délai moyen de mise à jour de l'actualité du gouvernement de 48 heures au plus. Cela veut dire qu'il faut renforcer notre capacité de collecte de l'actualité gouvernementale. Les moyens additionnels à ce niveau devraient nous permettre d'améliorer les choses et de rester dans un délai de 12 h. Cependant, nous avons des atouts non négligeables puisque nous ne nous contentons pas de donner du texte ; nous mettons à disposition des images, des films, des dossiers documentés, etc. La salle de presse offre ainsi un complément d'information au journaliste. Je voudrais signaler que l'information gouvernementale concerne à la fois le Premier ministre et les ministres. Bien entendu, la priorité est donnée à l'actualité du Premier ministre en sa qualité de chef du gouvernement. Nous sommes justement en train de sensibiliser les responsables de communication des ministères pour que chacun ait le réflexe de remonter l'information de son ministère. En cela, le portail est une plate-forme collaborative. Nous y reviendrons dans les semaines à venir. Notre souhait est de mutualiser au mieux les outils créés. C'est un processus qui a démarré et croyez-moi, nous allons tout faire pour que ces outils deviennent de plus en plus perfectibles.

De quel budget disposez-vous pour faire tout ce travail?

Les charges de fonctionnement général étaient prises en compte par le budget de la primature. Pour les dossiers spécifiques tels que les audiences foraines, les déchets toxiques, la certification du cacao, etc, chaque dossier est élaboré avec son dispositif financier. Le CICG, en tant que dispositif professionnel, appuie les structures pour la conception, la réalisation et parfois le suivi de l'exécution des actions de communication. Notre priorité depuis la création du CICG, a été de développer le SIMGouv et de le rendre opérationnel au service du gouvernement. Il ne faut pas oublier que c'est une réforme structurelle qui se consolidera au fur et à mesure. Le premier souci a été de privilégier le dispositif technique professionnel en matière de gestion de l'information, avant les aspects d'organisation administrative, y compris financière.
Nous avons également eu des appuis financiers auprès des partenaires extérieurs tel le PNUD, de 2004 à 2005, principalement en matière de renforcement de capacité. En 2007, la coopération française nous a permis d'acquérir des équipements informatiques de haut niveau; ce qui nous permet de finaliser et d'opérationnaliser le SIMGouv actuellement. Il faut signaler également l'appui technique apporté par la SNDI (Société nationale de développement informatique) en matière d'infrastructure. Le SIMGouv est adossé à une plate-forme technologique développée par la SNDI. L'infrastructure représente la première étape dans le dispositif de gestion de l'information. Nous avions besoin d'un partenaire technique et la SNDI joue sa partition.

Où en êtes-vous concrètement dans la fourniture des différents services annoncés et par rapport à la partition des SGCom?

Je suppose que vous parlez des autres outils du SIMGouv. Les choses se révèleront au fur et à mesure. Pour ce qui concerne les SGCom, nous avons repris les réunions mensuelles et le réseau est en train de s'organiser ; l'activation de l'Extranet SGCom (toujours via le portail) va permettre d'améliorer la communication interministérielle. Concrètement, le CICG pourra disposer plus facilement de l'agenda des différents ministres en plus de celui du Premier ministre déjà en ligne. Ce qui vous permet vous journalistes, de mieux programmer la couverture des activités du gouvernement. Le fait également d'avoir le répertoire des services de communication en ligne vous permet l'accès, directement par téléphone ou mail, aux responsables de la communication des ministères. Vous savez que le ministre de la Communication, lors de la présentation, a invité chacun à jouer sa partition. Il n'y a pas de communication gouvernementale efficace si chacune des structures qui contribuent ou qui concourent à l'action gouvernementale n'est pas sensibilisée au fait qu'elle contribue à la visibilité et la lisibilité globale de l'action gouvernementale ; et que de ce fait, il est important de mettre à disposition la part d'information relative à son action au sein du gouvernement pour diffusion. Souvent, la volonté est là, mais ce sont les moyens qui ne suivent pas. Voilà pourquoi nous insistons sur la nécessité de mutualiser les moyens en communication du gouvernement ; et le CICG permet cela. Les moyens techniques du CICG à ce jour (infrastructures, supports et expertises), bien qu'insuffisants -nous en sommes conscients-, sont mis à la disposition des structures gouvernementales. Le devoir de l'Etat, du gouvernement de rendre accessible l'information publique est un devoir partagé. Sa gestion doit être coordonnée par souci de cohérence et d'efficacité, tout simplement. C'est un jeu de rôle. Le positionnement du CICG est technique. C'est un dispositif technique en matière de gestion de l'information gouvernementale. Nous apportons conseil, appui et assistance aux services gouvernementaux. Nous ne remplaçons aucun des services, encore moins, ne nous substituons-nous. Bien au contraire, nous soutenons qu'il faut renforcer la capacité des services de communication du gouvernement.

Ce site qui sera très sollicité est-il paré pour contrer les attaques dont plusieurs sites ivoiriens ont fait l'objet ces derniers temps?

La gestion de l'information, surtout officielle, est toujours accompagnée d'un volet sécurité ou de sécurisation. Nous avons un pôle multimédia intégré qui, avec la sndi, a mis en place un dispositif de sécurité. C'est un combat au jour le jour pour surveiller notre outil de travail. Tout dispositif de sécurité est fiable jusqu'à ce que le contraire soit démontré. Pour l'instant, nous n'avons pas eu de problème à ce niveau. Permettez-moi de ne pas en dire plus; la première règle en matière de sécurité n'est-elle pas de ne pas trop dévoiler de choses?

Quelle est la prochaine étape dans le processus de lancement du portail du gouvernement?

Nous avons conçu le portail comme la porte d'entrée pour l'information gouvernementale de la Côte d'Ivoire. Nous avons également privilégié l'aspect plate-forme collaborative et placé le portail au c?ur du système d'information multimédia du gouvernement, le SIMGouv. Nous allons procéder bientôt à la présentation d'autres rubriques avec chacune des cibles spécifiques. Dès que l'agenda des autorités le permettra, nous pourrons présenter officiellement le portail www.gouv.ci dans son ensemble. En réalité, le véritable lancement sera celui du Système d'information multimédia du gouvernement. Le portail a été placé au c?ur du SIMGouv car c'est l'outil le plus accessible de partout dans le monde. La prochaine étape, spécifiquement par rapport à la salle de presse, sera d'organiser avec la presse des ateliers, pour qu'ensemble, de manière pratique, nous apprenions à utiliser efficacement cette salle. Nous allons vérifier que ce que nous avons mis en place fonctionne, renforcer nos capacités à échanger et en faire véritablement une plate-forme interactive entre la presse et le gouvernement. Nous pourrions envisager la mise en place d'un dispositif de suivi-évaluation également. Ceci pour faire en sorte que la presse s'approprie cet outil.

Interview réalisée par Théodore Kouadio
Collaboration: Traoré Matagaly Stagiaire

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