Laurent Dona Fologo est le président du Conseil économique et social (CES), la troisième institution du pays. Il a certes été nommé par le chef de l'Etat ivoirien, mais l'ex n°2 du Pdci, en raison du poste qu'il occupe, devrait observer une stricte neutralité dans ses prises de position politique.
Mais, au lieu de cela, l'ancien député de Sinématiali a décidé de descendre dans l'arène, en prenant fait et cause pour Laurent Gbagbo. Depuis qu'il préside aux destinées du Conseil économique et social, Laurent Dona Fologo n'a jamais fait mystère de son soutien oecuménique au clan présidentiel. Et sa récente interview parue dans notre confrère ?'Jeune Afrique l'intelligent'' ne se soustrait pas à cette logique. Dans cette énième sortie qui s'apparente à un véritable règlement de comptes, le prétendu disciple de Félix-Houphouet-Boigny n'a pas du tout fait dans la dentelle contre les houphouétistes. Ils ont pensé que le nom d'Houphouet était politiquement vendable. Ce n'est pas un pacte de fidélité à Houphouet qui préférait l'injustice au désordre , martèle Fologo, qui prédit, en tout état de cause, la dislocation du Rhdp, après la future présidentielle. La question que se posent d'innombrables compatriotes est de savoir pourquoi Fologo qui s'est auto-proclamé ?'disciple d'Houphouet s'offusque-t-il d'une alliance pour perpétuer la philosophie politique du ?'bélier'' de Yamoussoukro ? A partir de quelle analyse peut-il conclure que le Rhdp ne résistera pas après la future présidentielle ? D'ailleurs, si tel devrait être le cas, où se trouverait le problème de Fologo ? Lui qui a décidé de voler au
Les contre-vérités du président du CES
secours de la refondation. Qu'à cela ne tienne ! Car, là où le président du CES étonne davantage les Ivoiriens, c'est lorsqu'il tente de faire croire à l'opinion, qu'il n'a pas basculé dans le camp de la refondation à cause des espèces sonnantes et trébuchantes. La première fois que j'ai rencontré Gbagbo, je lui ai dit : j'ai 67 ans, et je ne crois pas que mon avenir soit devant moi. Je lui ai également dit que je ne serai jamais au Fpi, mais que je voulais lui apporter mon expérience . Laurent Dona Fologo qui est né en 1940, a été nommé président du Conseil économique et social en 2001 soit à 61 ans, comment alors, a-t-il pu rencontrer Laurent Gbagbo pour la première fois à 67 ans ? L'ex-député de Sinématiali veut-il laisser entendre qu'il a été nommé à la tête d'une importante institution comme le Conseil économique et social, sans avoir discuté avec le chef de l'Etat ? Par ailleurs, quand il dit qu'il voulait apporter son expérience à Laurent Gbagbo, est-ce à dire que les autres politiciens ivoiriens (Bédié, Ouattara, Camille Aliali, Jean Konan Banny, Usher Assouan, Anaky Kobenan) n'ont pas eux-aussi acquis beaucoup d'expériences pour les mettre au service du pays ? D'ailleurs, pourquoi c'est lui, Fologo qui se propose d'apporter son expérience à ceux qui parviennent au sommet de l'Etat ? Il l'a fait avec Bédié, Guéi Robert et, aujourd'hui, avec Laurent Gbagbo. Par là-même, Fologo ne donne-t-il pas l'occasion aux Ivoiriens de croire qu'il est un homme qui sèche ses habits là où le soleil brille ? En sus, par quelle alchimie peut-il déclarer que Laurent Gbagbo a toutes les chances de remporter la future présidentielle ? Laurent Dona Fologo qui n'est pas amnésique, sait-il qu'aux précédentes élections (législatives, municipales, conseils généraux), le Fpi a toujours terminé derrière de Pdci et le Rdr ? Au total, le nouveau disciple de Gbagbo, dans sa volonté démesurée de voler au secours des refondateurs, a encore fait une autre sortie de route. Car, à la vérité, son interview, parue dans ?'J.A l'intelligent'', répond moins à un souci de rétablir la vérité, que de justifier les prébendes du palais présidentiel. Dommage !
J. J.(bandamanjj@yahoo.fr)