mardi 4 septembre 2007 par Le Matin d'Abidjan

Invité pour la seconde fois par la rédaction du confrère Fraternité Matin, le président du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes (Cojep) a levé, hier, un coin du voile sur ses nouvelles ambitions. Il s'est prononcé, par ailleurs, sur ses relations avec l'ONU et la France.

Finie la ''Flamme de la paix'', le leader s'était quelque peu effacé du théâtre politique. Les raisons de ce retrait sont liées, à ses dires, au besoin de faire le bilan des actions qu'il a entreprises dont la caravane de la paix, en vue de réconcilier les Ivoiriens. Deux mois après la cérémonie de la ''Flamme de la paix'' et cinq mois après l'apothéose, le 21 avril dernier, de la caravane de la paix, il pense que "l'objectif est atteint". Le disant hier, Charles Blé Goudé a mis à son actif la normalisation de la situation socio politique. Qui a été profondément perturbée par cinq années de crise politico-armée. Le leader de la société civile pense avoir contribué énormément à "rapprocher les positions, et fait disparaître la rumeur pour que l'information vraie puisse être donnée". Les retrouvailles le 9 juin dernier à Bouaké, à la place Sénat, entre des jeunes du Sud et ceux du Nord sont, à ses dires, les preuves du succès de la caravane de la paix qui a sillonné plus de 35 localités en trois mois. Aussi pense-t-il que le fait que le ministre Lida Kouassi Moïse, présenté à tort comme le bourreau de son ''frère'' Boga Doudou soit accepté par les parents de ce dernier, est à mettre à l'actif du travail de conciliation qu'il a mené sur le terrain. "J'ai été heureux que le Ministre Lida Kouassi ait été accueilli dans la ferveur populaire. Pour nous, c'était important, d'ailleurs à ce sujet nous irons bientôt à Neko pour fêter cet évènement-là avec tous les autres villages environnants", confie l'invité. Dévoilant ainsi un pan de son agenda. Qui le conduira dans le pays profond "pour remercier les Ivoiriens qui ont accepté de faire la paix". Autrement, il écarte l'éventualité d'organiser à nouveau une caravane de la paix dans les zones centre, nord et ouest où il n'a pu se rendre. "Ce serait une caravane de trop", répond-il à un confrère qui l'a interpellé sur le sujet. Toutefois, le président de l'Alliance n'exclut pas une visite à Ferkessédougou, chez les parents de son " ami ", le Premier ministre Soro Kigbafori Guillaume. Une chose est cependant certaine, le leader entrevoit une célébration à Guiellé (Bloléquin) de la paix retrouvée. Car, dans ce village de l'Ouest de la Côte d'Ivoire, Ouéra Prisca, une jeune fille victime d'un viol collectif a accordé son pardon à ses agresseurs. Remise des soins intensifs qu'elle a reçus à la PISAM, Ouéra Prisca s'est presque totalement remise de son handicap. Elle a retrouvé sa vitalité. Et la jeune fille retrouvera les siens en compagnie de son bienfaiteur, Charles Blé Goudé.

La France et les sanctions de l'ONU
Un autre sujet abordé, ce sont les sanctions onusiennes dont il est encore l'objet, malgré l'accord de Ouaga. Une décision à laquelle la France de l'héritier de Chirac au pouvoir n'est pas étrangère. Se considérant comme la ''maîtresse'' de l'Afrique francophone, la France a toujours agi à l'ONU au nom de cette partie du continent. Déplorant la situation, l'invité de Frat-Mat a expliqué pour la première fois : "La France ne veut pas de la levée des sanctions" contre lui particulièrement. Selon lui, "la France a peur que le patriotisme ivoirien influence la sphère francophone". Elle craint que son action ne contamine l'Afrique francophone et affranchisse la jeunesse du joug de la France. Charles Blé Goudé condamne au passage la volonté affichée de rester l'éternelle métropole. C'est pourquoi elle se bat, à ses dires, pour embrigader toute personne successible de révolutionner les rapports entre l'Afrique et la France, au détriment de sa politique néo-impérialiste. Sinon comment comprendre que celui qui est accusé de bloquer le processus de paix, le débloque et qu'il reste toujours sur le coup de sanctions ? Charles Blé Goudé a illustré la réponse de cette interrogation qu'il s'est faite par la trouille permanente qui anime la grande France. " La France a peur que je sorte, elle a peur que je parle aux autres jeunes des pays francophones. Tant que la France ne m'a pas maîtrisé elle ne va pas lever les sanctions ". Cet aveu sur la tentative de bâillonnement du leader ne le fragilise guère pour autant. Bien au contraire, lui envisage se poser un pion avec lequel la France devra compter. Car, défie t-il l'ancienne métropole, " je demande à la France de négocier maintenant parce que tôt ou tard, c'est à cela qu'elle sera amenée de faire. Je travaille à jouer demain un rôle important dans ce pays". De la levée des sanctions Selon Charles Blé Goudé, ceux qui espèrent qu'il fasse la courbette à l'ONU peuvent encore attendre longtemps. Pour la simple raison qu'il estime qu'il n'a "aucun problème avec ces sanctions". Mais bien plus, le sanctionné qu'il est n'a "jamais été convoqué" par l'ONU encore moins par l'une des délégations de la maison de verre de New York en Côte d'Ivoire. Déplorant cette façon de faire, Charles Blé Goudé a confié qu'il n'ira pas vers l'Onu pour attirer l'attention sur lui. Mieux, il pourrait même bouder une récente demande menée à son endroit. En effet, en lieu et place d'une rencontre ou même d'une convocation, un représentant de l'ONU en Côte d'Ivoire lui a fait parvenir une documentation il y a peu. Objectif, remplir un questionnaire afin de voir sa peine levée. "Je ne remplirai jamais cette documentation. Si c'est un problème de personnes alors qu'on me le dise. Ou si c'est une problème lié à la crise alors il faut que l'Onu se mette à jour". La motivation exprimée à travers une telle réaction est que l'ONU est en contradiction avec elle-même. Car Charles Blé Goudé la soupçonne de jouer le jeu de la France, qu'il identifie comme le vrai commanditaire des sanctions.

Bidi Ignace

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