Une grogne est perceptible au trésor public. Des agents de la régie financière décrient la vacance prolongée du poste de DG et invite le chef de l'Etat à y pourvoir sans état d'âme. Les frondeurs, à travers un document qui circule sous les manteaux, exhortent le parti présidentiel à promouvoir un des siens à la place du ministre Diby.
Le Trésor public est dans la tourmente. Une ambiance des plus délétères règne dans cette régie financière et conduit à une grogne de nombre de cadres de la structure. Ces agents décrient notamment deux faits, qui pourraient conduire à de vives protestations. Dans l'adresse dont votre quotidien a obtenu copie, le chef de l'Etat et son parti d'origine sont pris à partie. Les signataires reprochent au camp présidentiel une certaine mollesse dans le traitement des dossiers ayant trait au trésor public. Ces cadres s'insurgent contre l'absence de nomination à la direction générale de ce secteur, après la promotion de Charles Diby Koffi, devenu l'argentier de l'Etat. Sur le sujet, le document marque sa désapprobation. "Il est incompréhensible que des articles de journaux estiment que le FPI veut positionner un de ses cadres. Et pourtant, il y a bel et bien dans ce pays un parti au pouvoir. C'est le lieu de rappeler aux Ivoiriens que le FPI est au pouvoir, est comptable de la gestion dont il aura à rendre compte le moment venu. Ce parti peut donc nommer qui il veut. Encore que l'appel à candidatures qui a vu l'arrivée du DG Diby est une volonté unilatérale de transparence du chef de l'Etat, qui était peut-être justifiée à la période où l'appel a été lancé. Ce n'est pas une disposition constitutionnelle", écrit les travailleurs, tout à leur indignation. Et de soutenir qu'après sept ans de pouvoir, le parti présidentiel dispose d'assez de cadres compétents pour succéder à Diby Koffi. "Si le Président Gbagbo a maintenant une meilleure lisibilité des compétences de ses partisans, quel mal y a-t-il à les promouvoir ?" s'interrogent les signataires, qui soutiennent que le débat autour de la promotion d'un partisan du FPI "est malsain." A en croire le document, aucun autre parti ne ferait la part belle à ses adversaires, s'agissant de la gestion des régies financières. " Si un autre parti parvient au pouvoir, il ne pourra pas accepter que des cadres FPI soient aux commandes des régies financières. Du temps du PDCI, il était impensable qu'un cadre qui n'est pas proche de Bédié, quelles que soient ses compétences, parvienne à la direction générale d'une administration financière. L'on se rappelle que son ministre de l'Economie et des finances était son neveu, et personne n'a trouvé à redire. Gbagbo peut nommer un de ses partisans à la tête du trésor, sans que le ciel ne lui tombe sur la tête", écrivent les mécontents. "L'agence comptable centrale du trésor (ACCT), ce poste stratégique est géré depuis trois ans par quelqu'un qui est cloué au lit par la maladie, et ne contrôle donc plus rien. Les trois fondés, dont deux cumulent des postes, de sorte que le matin ils sont ailleurs, et le soir au trésor", s'offusquent les auteurs du document. Conséquence, ajoutent-ils, ces fondés ne payent que les fournisseurs de leurs choix, se situant aux antipodes de la transparence. " C'est pour mettre fin à ces pratiques que nous interpellons le ministre Diby qui devrait vérifier la réalité de ces faits." " Aussi, les signataires du document en notre possession, promettent-ils de publier d'autres preuves, pour prendre l'opinion à témoin sur le rififi dans lequel baigne le trésor public. De proches collaborateurs du ministre, contacté, ne sont pas de cet avis. " Ce n'est pas le ministre qui nomme le DG ", rectifient-ils, avant d'indiquer qu'un comité de direction qui s'est réuni récemment n'a pas jugé utile de pourvoir au poste vacant. "Le comité de direction a rejeté la nomination, parce que la situation sociale ne s'y prête pas", se défendent nos interlocuteurs pour qui "il faut préserver et améliorer les acquis. Puis de s'interroger : "est-ce urgent, la nomination d'un nouveau DG ?" Selon ces collaborateurs de Diby Koffi, "le ministre lui-même est pressé de partir du trésor, ce n'est pas lui qui fait blocage, mais il estime qu'il y a trop de clans."
Guillaume N'Guettia