mardi 4 septembre 2007 par Notre Voie

Qui est Berté Seydou, cet homme dont le témoignage à visage découvert dans l'affaire de la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer a été diffusé le jeudi 23 août 2007 par la chaîne de télévision publique française, France 3, dans son édition de 19/20h ? Berté Seydou est un Ivoirien, militant du RDR, parti dirigé par Alassane Dramane Ouattara. Il est originaire de Zélesso, village situé à environ 8 km de la ville de Tengréla, à l'extrême Nord de la Côte d'Ivoire. Berté Seydou est le frère cadet de Berté Onagna, actuel directeur de la Formation au ministère de l'Agriculture et 1er vice-président du Conseil général de Tengréla (RDR) présidé par Koné Tiémoko. Berté Onagna est un cadre du RDR, très proche d'Amadou Gon Coulibaly, ministre de l'Agriculture, secrétaire général adjoint du RDR et proche parmi les proches d'Alassane Dramane Ouattara. Selon des sources crédibles, en 2005, soit un an après la disparition de Guy-André Kieffer, Berté Seydou s'envole pour la France sur conseil de son aîné Berté Onagna qui aurait activement contribué à la concrétisation de ce voyage au motif que son frère est menacé par les escadrons de la mort?. Installé en France, Berté Seydou se trouve confronté aux vicissitudes de la vie d'immigré sans-papiers. Il en est si conscient qu'il décide de mettre tous les atouts de son côté pour ne pas courir le risque d'être rapatrié. Le RDR, son parti, lui offre une occasion en or : témoigner contre le capitaine Jean Tony Oulaï, l'une des personnes ayant rencontré à Abidjan, le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer avant sa mystérieuse disparition. Berté Seydou ne boude pas son plaisir d'autant qu'il connaît assez bien Jean Tony Oulaï. Il sait également que les autorités françaises sont prêtes à tout, notamment régulariser sa situation, s'il les aide dans le combat contre le régime de Laurent Gbagbo et la diabolisation de la Côte d'Ivoire.
Berté et Tony, des amis de lycée. Avant de partir pour la France, Berté Seydou a été le chauffeur d'un taxi appartenant à Jean Tony Oulaï qu'il connaît d'ailleurs de longue date. Tony Oulaï et Berté Seydou ont tous deux été élèves du lycée moderne de Tengréla. Leurs chemins se sont séparés lorsque Tony Oulaï avait porté main à l'un de ses professeurs et s'était retrouvé radié de l'établissement. Le père de Tony, feu le colonel Oulaï, l'avait réinscrit au lycée de Tiassalé. Libéré des geôles américaines après le drame du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis grâce à l'action du chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, le capitaine Tony Oulaï regagne la Côte d'Ivoire et est intégré dans l'armée. C'est pendant qu'il était au sein de l'armée ivoirienne, qu'il rencontre Guy-André Kieffer. Dès la disparition du journaliste, la France établit vite le rapport entre l'affaire Kieffer, Tony Oulaï et le pouvoir ivoirien sur des bases qui relèvent plus de la diffamation que de faits vérifiés. Selon ses proches qui retracent sa vie, Berté Seydou est mis à contribution par le RDR dans le seul but de produire un faux témoignage contre le régime du président Laurent Gbagbo et le capitaine Jean Tony Oulaï mais aussi pour se sortir d'affaire. Le moment choisi n'est pas innocent. Il s'agit du jeudi 23 août 2007. Quelques jours avant le meeting d'Alassane Ouattara au palais des Congrès de Montreuil (Paris) et le discours devant les ambassadeurs français de Nicolas Sarkozy sur l'orientation nouvelle de la politique internationale de la France. L'objectif était d'embarrasser de nouveau le régime ivoirien et donner du crédit à la sortie de Ouattara vis-à-vis de l'opinion internationale. Le témoignage de Berté Seydou paraît si invraisemblable qu'il ne surprend pas seulement à Abidjan. Osange Silou Kieffer, la veuve de Guy-André Kieffer, lâche le morceau dans une interview accordée au quotidien Nord-Sud, proche des Forces nouvelles et du RDR. Moi, la seule chose qui me gène dans ce reportage, c'est que ce monsieur témoigne à visage découvert. Quand il avait pris contact avec moi, il avait dit qu'il ne voulait pas qu'on sache qui il était. Qu'il témoigne maintenant à visage découvert, je me suis dit soit, il est inconscient, soit il est un témoin téléguidé?, soutient-elle. Témoin téléguidé, mise en scène Les propos de Berté Seydou, tout comme l'affaire Guy-André Kieffer, doivent être inscrits dans le même champ sémantique que les escadrons de la mort? et le charnier de Yopougon. Ce ne sont que des affabulations, pour reprendre les termes de Raymond Tchimou, le procureur de la République près le tribunal d'Abidjan-Plateau. Sur l'affaire des escadrons de la mort?, le couple présidentiel ivoirien a gagné ses procès en diffamation face à certains journaux français. Quant au charnier de Yopougon, le RDR n'a jamais voulu l'ouverture d'une enquête pour faire la lumière sur cette affaire alors que le parti de Ouattara occupe depuis 2003, le portefeuille du ministère de la Justice. La disparition de Guy-André Kieffer n'a pas encore livré ses secrets. Berté Seydou et ses commanditaires savent où se trouve le journaliste franco-canadien et/ou ce qui lui est advenu. La plainte déposée le 24 août dernier par le capitaine Tony Oulaï contre Berté Seydou, le juge français Patrick Ramaël et Bernard Kieffer, le frère de Guy-André Kieffer, pourrait être un vrai prétexte pour qu'une enquête impartiale soit ouverte sur le cas Kieffer.



Didier Depry dididerdepri@yahoo.fr

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