mardi 4 septembre 2007 par Le Front

La Sndi, société qui fait la pluie et le beau temps dans le secteur de l'informatique, utilise des pratiques peu orthodoxes pour s'accaparer de nombreux marchés.


La société nationale de développement de l'informatique (Sndi) a été primée, cette année, par le chef de l'Etat. Ce qui a mis cette société sous les feux de la rampe. En effet, la Sndi est très forte. Car elle a un quasi monopole sur les marchés de l'Etat dans cette filière. Ainsi actuellement, c'est elle qui a le marché de la primature pour l'acquisition de matériels informatiques en juin 2007 dont l'exécution est en cours. En outre, elle exécute les travaux d'informatisation du Chu de Treichville. Avant, la Sndi a eu par gré à gré à autoriser du 09 janvier au 02 mai dernier, les travaux de construction et d'équipements des plates-formes d'interconnexion satellitaire de plusieurs villes de Côte d'Ivoire. A cela, il faut ajouter le câblage des greffes, du registre de commerce ; de la direction générale de l'économie et de la direction de la conjoncture, piloté tous pas la Sndi. Si a priori, le nombre important des marchés obtenus laisse croire que cette entreprise jouit d'une crédibilité certaine, en réalité, elle utilise des techniques illégales et anti-concurrentielles.

Des pratiques peu orthodoxes

En réalité, la Sndi abusant de son titre de société d'Etat s'octroie des marchés d'autorité. Selon nos sources, des administrations sont surprises souvent par des agents de la Sndi les informant qu'ils y sont venus exécuter des travaux dans le domaine informatique. Même les administrateurs de crédit chargés de vérifier toute dépense avant son exécution sont pour la plupart du temps outrepassés. C'est donc clair, cette structure puissante a des soutiens forts dans l'administration lui permettant de créer un besoin pour le compte d'un démembrement de l'Etat et de le combler à grands frais. Dans certains cas, la Sndi qui a toutes les informations sur le budget de l'Etat et de ses démembrements, obtient sans coup férir un marché. Pour régulariser la situation, un appel d'offres est par la suite lancé. C'est le cas de l'appel d'offres international pour l'acquisition de matériels informatiques à la primature. Une autre critique faite à la Sndi est que la grande majorité de ses marchés est obtenue par le gré à gré, qui reste un moyen permettant à l'autorité concédante d'attribuer de façon discrétionnaire un marché à un opérateur économique.

De la responsabilité de l'Etat

La nature de la Sndi reste sujette à débats. Selon le registre de commerce, l'Etat ivoirien est l'actionnaire unique de cette structure. C'est dire qu'elle est une société d'Etat. Dans ce cas, c'est l'Etat ivoirien qui est complice de tous les abus de la Sndi. C'est lui qui permet à cette entreprise d'exercer un quasi monopole sur le marché ivoirien en violation de l'article 5 du règlement n°2/2002/Cm/Uemoa qui dispose : sont incompatibles avec le marché commun et interdites, les aides accordées par les Etats ou au moyen de ressources d'Etat sous quelque forme que ce soit, lorsqu'elles faussent ou sont susceptibles de fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines productions . L'attitude de l'Etat ivoirien est un abus de position dominante condamné par le texte sus-cité. En outre, l'Etat de Côte d'Ivoire, aux termes de l'art. 6 du même règlement de l'Uemoa, commet une pratique anti-concurrentielle en s'abstenant de prendre des mesures pouvant favoriser la concurrence de tous les opérateurs économiques de l'informatique. Du coup, la Côte d'Ivoire peut être traduite devant la commission de Ouagadougou.
En revanche, de par ses fonctions et en s'appuyant sur sa maquette publicitaire, la Sndi n'est pas un simple cabinet d'études pour le compte de l'Etat. Elle apporte une réponse efficace à tout problème informatique . Ses activités sont entre autres, les réseaux et télécommunication ; les solutions systèmes, étude et développement, veille technologique, les Ntic, assistance et conseil, intégration de systèmes, maintenance informatique, formation et autres activités. Lesquelles activités sont les mêmes exercées par les entreprises privées. Ainsi, la Sndi apparaît-elle non pas comme une société d'Etat, mais un groupe d'intérêt privé greffé sur l'Etat pour s'approprier toute une filière, celle de l'informatique. Dans ce cas encore, l'Etat reste toujours responsable des abus de cette structure. Il doit donc fermer cet établissement. Au demeurant, on est amené à se demander si le directeur général, N'Zi Brou Michel Gabriel a été nommé par décret. Si non, c'est que cette structure n'appartient pas à l'Etat et qu'elle doit disparaître. Si oui, à quand date ce décret de nomination ? On le voit, à travers le fonctionnement de la société nationale de développement informatique, la Côte d'Ivoire tourne le dos à la bonne gouvernance. En toute illégalité, la Sndi a une mainmise sur l'ensemble des marchés de l'Etat et de ses démembrements. Cela, le ministère des nouvelles technologies de l'information et de la communication (Ntic), la direction des marchés publics, la cellule présidentielle de la mise en ?uvre du projet de zone franche des Ntic à Grand-Bassam, le savent. En sus, la chambre de commerce et d'industrie (CCI), le groupement interprofessionnel des métiers de l'informatique (Gimi) sont informés sur toutes ces violations des lois ivoiriennes et des textes sous-régionaux par cette société. Mais tous restent indifférents. Pis, les dirigeants de la Sndi ont reçu la reconnaissance de la nation pour leurs ?'bonnes actions au profit de ce secteur''.
Rappelons que 200 entreprises opérant dans le domaine de l'informatique sont à bout de souffle à cause de l'abus de position dominante de la Sndi. Ce qui fait que nombre de ces entreprises ont mis la clé sous le paillasson. Celles qui résistent ont réduit leur personnel en attendant une réaction vigoureuse de l'Etat et de l'interprofession. Le feront-ils ? Les jours prochains nous situeront.



Ahua K.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023