Saison sportive 1963-1964, soit 3 ans après l'accession de notre pays à l'indépendance le football bat son plein. Le nom d'un footballeur sort du néant et brise le silence au bord de la lagune Ebrié. Fait rapidement le tour de la Côte d'Ivoire : Evariste Kouadio nouvelle trouvaille du Stella Club d'Adjamé. Ce garçon pétri de qualités a aujourd'hui 61 ans, donc loin des stades de compétion. Pour la curiosité des nouvelles générations qui ne l'ont pas connu et vu à l'?uvre, nous l'avons repéré. Souvenirs, souvenirs !
Où est donc passé l'étoile filante d'alors Evariste Kouadio ? Loin des stades de compétition, loin du grand public, loin des médias Cet athlète est rangé aujourd'hui dans le tiroir de l'oubli. En un mot, il fait aujourd'hui partie des oubliés comme s'il n'avait pas existé à l'échelon national. Evariste Kouadio ! Voici un nom de footballeur qui met encore l'eau à la bouche tant sa classe et son talent ont fait de lui le chouchou du public. Il ne passait jamais inaperçu à la différence d'aujourd'hui. Lorsqu'il déambulait dans les rues d'Abidjan et des autres villes de Côte d'Ivoire ses fans et autres admirateurs l'arrosait avec des billets de banque. On lui adressait un sourire amical ou on lui faisait des bans tout simplement parce que la veille il avait fait souffrir les défenses des équipes adverses au cours d'un match de championnat ou de coupe. L'ASEC Mimosas, L'Africa Sports, le Stade d'Abidjan, l'Asran, le Red Star Jeanne d'Arc de Bingerville, le Real ou l'Alliance de Bouaké ont fait les frais de sa sagacité. Au plan international, il a fait vibrer les publics camerounais, nigériens, béninois, voltaïque actuelle Burkina Faso), guinéen et sénégalais. Sa petite taille environ 1,50m n'était pas un handicap pour lui. Au contraire cela lui permettait un déplacement rapide, un faufilement aisé, des tirs instantanés, des dribbles ultra-rapides. Lion blessé, poison des équipes adverses, goléador insatiable, joueur au c?ur d'acier (gare au dernier défenseur qu'il prend de vitesse) Evariste Kouadio " était tout, sauf un homme ". Il est resté fidèle à son club Stella jusqu'à la fin de sa carrière. Les 8 ans passés alors dans cette équipe lui ont valu d'être plusieurs fois meilleur buteur de Côte d'Ivoire au challenge Abinader. Lors de sa 1ère saison il a marqué 17 buts ; sa 2e saison, il a marqué 21 buts sur 22 journées du championnat (d'où une moyenne de 1 but par match). Son principal concurrent au tableau des meilleurs buteurs était Tassouman de l'Africa Sports. Comment vit-il l'après football ?
Où est-il passé ? Telles sont les questions qu'on se pose aujourd'hui à son endroit. Il est à la retraite en tant qu'ancien footballeur et ex-agent employé de l'assurance UAP de Paris (où il a même remporté la coupe de France avec son club corpo) et UAP d'Abidjan. Il habite le Plateau Dokoui. Né le 26 octobre 1946 à Tiébissou, c'est à l'école précisément orienté en 6e dans un collège à Dimbokro qu'il a obtenu sa 1ère licence en football. Et c'est de cette ville coloniale de la région du N'Zi Comoé qu'on l'a " pêché " pour le Stella Club. Son 1er match (baptême du feu) s'est déroulé au Stade Champroux contre l'Africa Sport. Stressé, il a raté ce match jouant carrément à l'envers. Selon ses propres termes il raconte ceci : J'avais peur de faire un mauvais match face à ce genre de public amassé dans la tribune. Je n'étais pas habitué à un tel public. Moi qui venais de la brousse. Alors j'ai raté ma sortie. Le score de parité sanctionne la fin de ce match ". Son maintien dans cette équipe était le fait du 2e match qu'il a réussi avec brio (revanche oblige) en marquant 2 buts (score de ce match face à l'Asran). Ce fut là l'un de ses meilleurs souvenirs : "Les dirigeants n'étant pas contents de moi, ont décidé donc de me" rapatrier " à Dimbokro dans le 1e 1er train du lendemain parce que j'avais honni mes dirigeants qui cherchaient un autre attaquant en Haute Volta. Alors j'ai pris ma revanche et j'ai marqué 2 buts. Voici les raisons de mon maintien ". Cette petite histoire fait partie de ses meilleurs souvenirs. Son mauvais souvenir c'est la fracture de son tibia droit qui ne lui a pas permis de jouer la finale de la coupe nationale contre l'Asec à Gagnoa. L'autre déception c'est le fait qu'il n'a pas offert de titre africain ni au Stella, ni aux Eléphants. Néanmoins, il soutient les générations actuelles constituées de Drogba et autres de donner beaucoup de lauriers au pays. Il parle sans cesse de ses amis footballeurs qui le soutiennent de temps en temps (père de 4 enfants, dont 3 filles et 1 garçon) à savoir : Tayoro, Yoro Alphonse (ASEC), Kouamé Noël (Stade) et évoque de temps à autre de vieux souvenirs en pensant à ses adversaires tels que feu Dehi Maurice (Stade) Kallet Bially (Africa) Akran Jean Baptiste et à ses coéquipiers Fanny Ibrahim (actuel maire de Bouaké), Jean Louis Bozon, Amoikon, Djiké Honoré, Kassi Jean Baptiste etc dont plusieurs ne sont plus de ce monde. En rentrant définitivement dans au pays, voici ce que la presse Française a écrit à son sujet : Evariste Koffi Kouadio pourvu d'une grande modestie et d'une infinie discrétie Salut Eva !
Robert Tibé Kalou