Le nouveau n?ud gordien de l'accord politique de Ouagadougou (APO) sera-t-il tranché cette semaine ? La question des grades des Fafn, puisque c'est de cela qu'il s'agit, sera assurément l'un des points chauds de la réunion du CEA. Toutes les oreilles sont tendues vers Ouagadougou, où se tient, à partir de demain mardi, une réunion entre les parties signataires de l'Accord politique de Ouagadougou.
La réunion se déroule dans le cadre restreint du CEA (ou comité d'évaluation et d'accompagnement). Le CEA est l'un des nombreux instruments institué par l'APO. Il est plus spécifiquement chargé, comme son nom le laisse supposer, d'évaluer la mise en ?uvre du processus de paix. Et, éventuellement de susciter et proposer des moyens adéquats à son appui. La réunion s'ouvre ?'l'affaire'' sous les auspices du facilitateur et sera l'occasion de faire la lumière sur l'état d'avancement de l'APO, depuis la précédente rencontre du genre, tenue en mais dernier dans la capitale du Faso. Les questions les plus pertinentes de l'accord de Ouagadougou : des grades, les audiences foraines, le désarmement ou encore la normalisation de la vie administrative, par le biais du retour des grands commis de l'Etat, seront passées au crible. Mais il faut noter que cette auto-évaluation'' par les signataires eux-mêmes ne cadre pas toujours avec celle faite par une partie de l'opinion. Celle-ci reproche, à tort ou à raison, aux acteurs de la crise une certaine atonie dans la démarche. Mais ces critiques reflètent l'empressement légitime des Ivoiriens de voir s'effacer les dernières traces de la crise. Par exemple, ils devraient pouvoir circuler sans beaucoup d'appréhensions. De même l'autorité de l'Etat, qui n'est pas encore effective partout, devrait s'affirmer avec plus d'acuité. Une partie de l'opinion ne manque donc pas d'arguments pour fustiger les lenteurs dans la mise en ?uvre du processus de paix. A leur décharge, les signataires de l'APO, qui auront à défendre leur bilan devant le facilitateur, ont, de l'avis de certains, des arguments de taille pour convaincre de l'efficience de leur action. Il y a d'abord la question des grades. Nouveau n?ud gordien de la crise, après celle plus pernicieuse de la question identitaire, les grades des soldats des Fafn, est en voie de résolution. Ainsi, si l'on en croit nos sources, le processus de reconnaissance de ces grades-là, récusés par une frange des Fds-ci, aurait trouvé un début de solution. L'un des officiers des Fds-Fn, jusque-là contesté par ses homologues au sein des Fanci ne l'est plus. Mieux, il aurait repris ses activités à l'intérieur du CCI. Autre bilan à défendre : celui des audiences foraines. Là encore, et malgré le retard enregistré dans le démarrage de l'opération, les observateurs notent, avec réalisme, que les éléments-clés visant à conduire le processus ont été mis en place. Le comité de pilotage installé en août dernier est au labo pour sortir un mode opératoire consensuel. De même, le retour des grands corps de l'Etat et des élus pour garantir la crédibilité de l'opération est en marche. Quant à la question de l'identification, elle ne devrait venir qu'en dernier ressort de l'opération des audiences foraines. Aussi, tout débat sur le sujet ne devrait permettre qu'à faire le point sur les préparatifs concernant ladite opération. Véritable réunion d'évaluation, la rencontre du CEA, ce jour, devrait encore mettre les signataires devant leurs responsabilités dans la conduite du processus de paix. Les auteurs de blocages devront être identifiés. Même si aucune forme de coercition ne peut leur être opposée. Mais dans cet exercice d'évaluation, il y a un dilemme auquel doit faire face le président du Faso : la question des grades. Qui, même si elle connaît une amorce de solution, doit être traitée avec plus de fermeté et de réalisme. Le facilitateur ne devra pas se laisser distraire par les arguments ?'républicanistes'' du camp présidentiel. Dès lors qu'une solution globale de la crise peut et ne doit laisser certains éléments des Fafn sur la touche.
D.S.