C'est en principe aujourd'hui que le gouvernement du Premier ministre Guillaume Soro reprend du service. Après environ trois semaines de vacances. Le dernier conseil des ministres, rappelons-le, date du vendredi 10 août dernier. De retour de ce temps de repos, le gouvernement devra faire face aux grands sujets relatifs au processus de paix en Côte d'Ivoire. A commencer par les audiences foraines.
Audiences foraines et identification
En effet, au cours de la cérémonie de réception que ses parents de Ferkessédougou avaient organisée en son honneur, Guillaume Soro, promettait ?'qu'à la rentrée gouvernementale, nous serons en mesure de lancer sur l'ensemble du territoire les audiences foraines pour que tous ceux qui n'ont jamais été déclarés à l'état civil, puissent avoir des papiers. Le ministre de la Justice est là, c'est lui qui a l'initiative du mode opératoire. Il a déjà concocté et j'attends qu'à la rentrée, nous puissions lancer les audiences foraines'', avait rassuré le chef du gouvernement. Ainsi, pour permettre le bon déroulement de ces opérations, le Premier ministre et son gouvernement ont procédé au redéploiement de l'administration. Magistrats, préfets, maires, conseils généraux ont regagné les zones centre, nord et ouest. Quand le décret de redéploiement des sous-préfets a été signé par le chef de l'Etat pendant les vacances du gouvernement. Le connaissant, le Premier ministre mettra tous les moyens de son côté pour tenir parole et répondre aux attentes des populations ivoiriennes. Mais entre les audiences foraines et l'identification, il n'y a qu'un pas à franchir. Là aussi, Guillaume Soro avait rassuré les Ivoiriens le samedi 18 août à Ferké. ?'Mais parallèlement aux audiences foraines, nous allons aussi travailler à lancer le processus d'identification, c'est-à-dire la délivrance des cartes d'identité aux citoyens de ce pays. Parce que la question de la citoyenneté, de l'identité, on l'a toujours dit, c'est la cause préjudicielle de cette guerre. Et on aura réglé les problèmes réels qui ont causé cette guerre, si on donne à chaque citoyen sa carte d'identité et c'est notre objectif'', clarifiait le chef du gouvernement. Les crises en Afrique, dit-on, tirent leur origine, pour la plupart, des élections mal organisées. Le Premier ministre Soro qui fait de l'organisation d'élections claires et transparentes, son cheval de bataille, doit commencer par organiser avec succès les audiences foraines et le processus d'identification. Avec le redéploiement des magistrats, préfets, sous-préfets, maires lesdites opérations ne devraient vraiment plus poser de problèmes particuliers.
La question cruciale du DDR
Ce n'est certainement pas le cas pour la question du désarmement. En effet, le dossier DDR semble plus complexe sur le terrain. Certes, le désarmement des milices de l'ouest à Guiglo et ?'la flamme de la paix'' à Bouaké sont deux symboles forts de la volonté des deux camps d'aller à la paix. Mais, il n'en demeure pas moins que le DDR est un long processus qui se gère lentement et sûrement. Car, si le programme national de réinsertion et de réhabilitation communautaire (Pnrrc) est opérationnel, le démarrage des activités du centre de commandement intégré (CCI) posait, quelque peu, problème. Le grade du lieutenant-colonel des Forces nouvelles, Ouattara Karim, commandant en second du CCI, (structure en charge du désarmement) étant contesté par les Fds-ci. Cette situation a nul doute causé un retard dans le processus de désarmement. Mais, avouons-le, ce n'est pas la volonté qui manque. Récemment, une dizaine d'ex-combattantes des Fafn se sont converties à la fabrication de l'attiéké, une nourriture tant prisée par les Ivoiriens. Si la volonté politique suit, le DDR sera une réalité. Pourvu aussi que la polémique des grades Fafn, entretenue au sud, soit gérée avec la plus grande sagesse qui soit par les autorités politiques et militaires d'Abidjan. C'est une question dont le gouvernement ne doit pas se dérober.
Ouattara Abdoul Karim