samedi 1 septembre 2007 par Nord-Sud

Ils sont écoliers, élèves ou étudiants. Refusant le repos, ils mettent les vacances scolaires à profit pour se lancer dans des activités économiques. Une manière de préparer la rentrée.


Bamba Adama est étudiant en première année de BTS, gestion commerciale, dans une grande école d'Abidjan. Depuis le début du mois d'août, il tient une cabine téléphonique cellulaire à Abobo, quartier Anador. Chaque jour, l'étudiant s'installe dès l'apparition des premiers rayons du soleil pour être le premier à prendre les clients matinaux avant ses concurrents. Pour obtenir son matériel de travail, un kit téléphonique, un portable et un box estampillé : Appels cellulaires, Bamba Adama, a économisé toute l'année scolaire l'argent de poche que lui donnait son frère. Il a ensuite bénéficié d'un prêt de 10.000 Fcfa auprès d'un ami pour acheter une recharge R100 à 100.000Fcfa. Il compte utiliser le bénéfice de cette activité pour acheter ses fournitures et supporter lui-même une partie de ses frais de scolarité. Je vais m'acheter des effets vestimentaires, des documents de travail et aider mon frère à régler ma scolarité. J'espère ne pas toujours avoir à lui tendre la main, explique-t-il. Comme lui, d'autres élèves et étudiants se sont transformés en opérateurs économiques le temps de ces vacances scolaires. C'est le cas de Zoumana K., élève en seconde, qui est devenu apprenti chauffeur de mini car appelé gbaka. Grâce à un ami, il a pu obtenir ce job qu'il exerce depuis l'arrêt des notes du troisième trimestre en juin. Le métier nourrit son homme, se réjouit l'apprenti. Selon le balanceur, comme on les surnomme dans le milieu, il se retrouve au minimum avec 4.000 Fcfa après une journée de travail. Ces gains journaliers atteignent quelques fois des super niveaux, confie-t-il. Il arrive des fois que je gagne 8.000Fcfa ou 10.000 Fcfa les jours de fête et les fins du mois, soutient Zoumana K. L'apprenti chauffeur affirme parvenir à économiser au moins 60.000 par mois après avoir acheté des fringues. Il utilise ses revenus comme argent de poche car ses parents ne le lui en donnent pas. Mais, il souhaite aussi les aider à faire face aux frais d'écolage. Ayant pris goût à cette activité, il compte la reprendre pendant les congés de Noël et de Pâques. Cela me permet d'être autonome sans mettre la pression sur mes parents, soutient Zoumana. Des écoliers sont devenus cireurs, vendeurs ambulants de lotus, de serviettes, de posters aux carrefours. Ils évoquent tous le manque de moyens de leurs parents pour justifier leur présence sur le terrain commercial. Certains affirment opérer ainsi pour venir en appoint à leurs géniteurs devant le poids des charges de la famille.





Pour payer la scolarité?





Notre père est au chômage. Nous vendons des citrons pour aider notre mère qui s'occupe de tout le monde, révèlent deux garçons croisés au carrefour du commissariat du 22ème arrondissement d'Angré. Ils se faufilent entre les véhicules aux feux tricolores pour leur proposer leurs fruits. Parfois, leur travail se poursuit jusque tard dans la nuit. Au carrefour Duncan, aux II-Plateaux, Kouadio J. élève en 1ère dans un établissement privé de la place vend des journaux à la criée. Lui aussi espère gagner assez d'argent pour aider ses parents à supporter les frais de scolarité. Au carrefour des sapeurs pompiers de l'Indenié, certains élèves se sont convertis en vendeurs ambulants de divers produits. Chaque jour, ils sprintent entre les véhicules pour proposer des montres, des gadgets, des verres, des paires de lunettes etc. Les petites filles ne sont pas en reste. Elles mettent aussi à profit ces vacances pour se faire de l'argent. Diarra A, est étudiante en première année à l'université d'Abobo Adjamé. Elle vend du miel en gros ou en détail. Ce commerce, elle l'exerce depuis les vacances 2006 après l'obtention de son bac à Agboville. Sa mère lui fournit le produit qu'elle revend pour se tailler un bénéfice. Elle cherche sa clientèle parmi les ferrailleurs et garagistes de la casse d'Abobo. Mlle Diarra espère aussi fournir les travailleurs de Coco service et de Filtisac en miel. Mais pénétrer ces milieux n'est pas facile, reconnaît-elle. Elle dispose déjà d'un marché captif dans sa cité où les étudiants constituent ses principaux clients. Avec ses gains, l'étudiante a plusieurs projets en tête. J'utilise mes bénéfices pour acheter des habits et des produits de toilette. Le reste me sert d'argent de poche pour mes déplacements. Mais, elle ne compte pas s'arrêter au commerce de miel. Je veux vendre des draps qui viennent de Ouangolo. Mais, il me faut économiser un certain montant avant de me lancer dans ce commerce. Je mettrai à profit ces vacances pour réunir ce capital, explique l'étudiante ? commerçante. Comme elle, B. Fatou qui a opté pour les tresses rêve de gros bénéfices. Cette élève de la classe de terminale qui a échoué au bac exerce au grand marché d'Adjamé. Selon ses explications, elle peut gagner 3.000 Fcfa par jour en fonction de l'affluence. Je m'occupe de moi-même sans tendre la main à mes parents. Je vais acheter aussi certains documents pour mieux affronter le bac, promet Mlle Fatou.





Nomel Essis (Stagiaire)

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023