samedi 1 septembre 2007 par Nord-Sud

Après seulement deux mois d'existence sur le terrain, l'Alliance pour la nouvelle Côte d'Ivoire (Anci) revendique une couverture d'au moins 95% du territoire national. Patrice Guéhi, conseiller de Zemogo Fofana le président de ce parti s'explique, par ailleurs dans cet entretien, sur la crise de leadership au sein de ce nouveau parti.

?L'Anci a rendu public son secrétariat général. Le nom de Patrice Guéhi ne figure nulle part. Et pourtant, vous étiez presque l'agent débaucheur pour le compte de ce parti. Comment expliquez-vous cela ?

Patrice Guéhi est toujours militant et membre fondateur de l'Anci. Il n'y a pas que le secrétariat à l'Anci. Il y a le cabinet du président, la direction même du parti. Je suis membre de cette direction. On nous a confié des tâches si importantes qu'il faut se donner le temps de bien se préparer avant de se présenter devant la presse. Je me prépare sérieusement à assumer cette mission sans faire de tapage.





?Quel rôle jouez-vous concrètement et quel est le contenu de cette mission?

Je suis nommé conseiller du président Zemogo, chargé de la communication et de la presse avec rang de secrétaire général adjoint.





?N'est-ce pas parce que la cohabitation avec Jean-Jacques Béchio, votre secrétaire général et Ally Kéita était tumultueuse que Zemogo vous a taillé ce poste à votre mesure ?

Ce n'est pas un poste taillé à ma mesure. Le secrétariat a un rôle politique. Mon rôle est beaucoup plus technique. Etant plus jeune, j'ai l'énergie nécessaire pour courir. Quand l'Anci arrivera au pouvoir, il y a une politique de communication à développer. Je veux parler du secteur de la presse qui est aujourd'hui sinistré. Voici les grandes réflexions que va mener par exemple Ally Kéita.





?Vous avez eu plusieurs accrochages depuis la naissance de l'Anci.

Il ne saurait avoir de problème entre le secrétaire général et moi, encore moins avec Ally Kéita. M. Béchio est le secrétaire général. En tant que tel, il est mon patron. J'ai d'autres rapports beaucoup plus poussés avec le ministre Béchio. Maintenant, il peut avoir des divergences de vue au cours d'une réunion. Et puis dans quelle famille il n'y a pas de divergences ? Mais cela ne saurait constituer des problèmes. L'essentiel, c'est l'intérêt général du parti. Ally Kéita, c'est un aîné. Je n'ai aucun problème avec lui. Les choses sont bien cadrées. J'aurai besoin de m'appuyer sur lui pour son expérience. Il aura besoin de mon énergie, de ma force étant donné que je suis plus jeune. Que les gens ne créent pas de faux problèmes.





?Vous étiez très lié au ministre Hamed Bakayoko. Aux yeux de vos détracteurs, vous n'hésitez pas à trahir pour atteindre vos ambitions.

Je n'ai pas l'âme d'un traître. Mon avantage, c'est que j'ai toujours le courage de mes opinions. Je suis entier dans mes engagements. Il y a des personnes avec qui j'ai des relations de famille. Parmi ces personnes, figure le ministre Hamed Bakayoko. C'est pareil pour le Premier ministre Soro Guillaume et Ally Coulibaly. Ils peuvent ne pas approuver mon choix politique, mais ne soyez pas surpris de me voir demain auprès de ces personnalités. On n'a pas coupé les ponts. J'ai exposé à Hamed les raisons de mon départ. J'ai estimé que mon ancien parti (Rdr, Ndlr) n'a pas une vision stratégique qui peut lui permettre d'arriver au pouvoir. Je n'ai pas envie de participer à ce que je qualifierai de suicide collectif.





?Quelle est la vision stratégique de l'Anci pour arriver justement au pouvoir ?

Aujourd'hui, ce n'est pas le cadre pour en parler. Le parti est en train de travailler sérieusement. En temps opportun, le porte-parole que le parti aura désigné, viendra vous exposer notre vision stratégique. Notre manifeste qui a été distribué lors du lancement du parti donne l'aperçu de ce que nous comptons faire.





?Vous avez annoncé le ralliement de grosses pointures mais depuis, on ne voit rien de tout ce qui a été annoncé. Alors, où sont passées ces grosses pointures ?

Je ne sais pas si les grosses têtes c'est en terme de volume. Qu'est-ce que vous appelez les grosses têtes ?





?Ce sont les cadres ou les dignitaires des autres partis politiques

Venez à notre siège, menez des enquêtes et vous verrez. Moi-même je me considère comme une grosse tête. Je suis parti du Rdr avec le titre de membre du bureau politique, secrétaire départemental de Kouibly, élu municipal à CocodyNous avons des élus (présidents de conseils, maires etc.), d'éminentes personnalités. Si c'est en termes de ministre, le président du parti est lui-même ancien ministre ; le secrétaire général est un ancien ministre et j'en passe. Ceux-là pour nous, ce sont les grosses têtes.





?Votre parti garde le profil bas une fois retombée l'effervescence des premiers jours. Qu'est-ce qui explique ce silence de Zemogo Fofana?

Le travail, ce n'est pas dans la presse. Un adage dit que ce sont les tonneaux vides qui font du bruit. L'Anci, c'est une exclusivité que je vous livre, couvre au moins 95% du territoire. On a au moins un coordinateur dans chaque département de Côte d'Ivoire en moins de deux mois d'existence. Nous comptons couvrir à 100% le territoire national. Voilà le travail que nous sommes en train de faire. Je vous rappelle que le président Zemogo a été le dernier responsable du comité de restructuration du Pdci-Rda qui a donné l'implantation de ce parti que nous voyons aujourd'hui. Le président Zemogo a été le premier secrétaire à l'organisation du Rdr. L'implantation de ce parti est son ?uvre. C'est un homme de terrain qui travaille méthodiquement.





?Il n'y a pas que l'intérieur du pays. Qu'en est-il de votre implantation à l'extérieur ?

Nous avons des représentants à l'extérieur mais ce n'est pas encore structuré. Pour nous, l'électorat le plus important se trouve en Côte d'Ivoire. Sachez qu'à Paris, il n y a que 5.000 inscrits. Ce n'est pas négligeable mais nous commençons ici et après nous irons rencontrer nos frères de l'extérieur.





Un parti politique doit se soucier du quotidien des populations. Pourquoi l'Anci se tait face par exemple à la flambée des prix des denrées, à la montée de l'insécurité ?

L'Anci n'est pas silencieuse. Ne nous tenez pas rigueur pour cela. Ce sont des questions sur lesquelles nous réfléchissons. Nous sommes un jeune parti. Je peux comprendre qu'on ait suscité et on continue de susciter beaucoup d'espoirs mais il faut que les Ivoiriens sachent que nous réagirons sur tous les sujets d'importance nationale. Nous n'avons pas envie de parler d'un problème pour lequel nous n'avons pas fini de réfléchir et proposer une solution.





?Les principales formations politiques affûtent leurs armes pour les élections. L'Anci présentera-t-elle un candidat à la présidentielle?

Tout parti politique a pour ambition d'exercer le pouvoir d'Etat. Nous irons à la présidentielle.





?Avec quel candidat ?

Le président Zemogo qui est notre candidat naturel.





?En attendant la présidentielle, il faut boucler le processus d'identification. Quelles sont vos attentes dans le cadre de la relance des audiences foraines?

Laissez-nous le temps. Au moment opportun, nous vous dirons ce que l'Anci pense du processus de sortie de crise. Nous avons mis en place plusieurs cellules qui travaillent sur toutes ces questions. Il y a par exemple la cellule chargée du suivi de l'accord de Ouagadougou qui nous alerte sur des choses qui pourraient mettre en péril cet accord. Le parti réagira au moment opportun.





?A quand la première grande rencontre d'explication entre Zemogo Fofana et les populations de Boundiali, sa ville natale ?

Très bientôt, le président ira chez lui. Avec un parti organisé pour aller présenter ce qu'il a conçu à ses parents. Il ne peut pas abandonner Boundiali, la ville qui l'a vu naître. Il l'a fait en son temps. Les remous étaient encore plus graves quand il a quitté le Pdci pour aller au Rdr. On avait mobilisé tous les chefs de cantons et villages de Boundiali pour les convoyer sur Abidjan. Cette foi-ci, ce sont des individus qui ont été envoyés. Les gens doivent comprendre qu'à un moment donné, il faut changer de fusil d'épaule. Quand vous avez essayé quelque chose qui ne marche pas, il faut changer. Zemogo n'est pas contre Alassane Ouattara. Il ne sera jamais contre lui. La confiance a été rompue dès l'instant où quand nous faisons des propositions, les gens pensent que c'est parce que nous avons des ambitions.





?Pdci-Rda, Rdr et aujourd'hui à l'Anci. Qu'est-ce qui, selon vous, fait courir Zemogo fofana ?

Avoir de l'ambition pour son peuple, c'est une bonne chose. Au Pdci au temps du parti unique, hier au Rdr et aujourd'hui il est à la tête d'un parti. Il y a un progrès dans son cheminement. Donc il ne court pas pour courir. Lorsqu'il créait le Rdr en compagnie d'autres pères fondateurs, il avait tout pour rester au Pdci : député, vice-président de l'Assemblée nationale, maire Dès que nous aurons fini d'asseoir nos bases, nous irons vers les Ivoiriens pour leur dire qui est véritablement Zemogo.









Entretien réalisé par Jean Roche Kouamé

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