samedi 1 septembre 2007 par Notre Voie

Le jeudi dernier, sur le Plateau de la télévision première chaîne, le président de l'Assemblée nationale, M. Mamadou Koulibaly a mis un holà aux rumeurs qui le donnaient partant du Front populaire ivoirien (FPI). Ci-dessous, ses réponses au question de Amessan.
Monsieur le président, on annonce votre départ du FPI. Alors, où allez-vous exactement ? Est-ce que vous allez créer votre parti ?
Mamadou Koulibaly : Merci bien ! Vous me donnez l'occasion de commenter cette actualité qui défraie la chronique depuis quelques jours. Moi aussi, j'ai appris dans les journaux que je suis partant du FPI. On m'encourage même à partir. On dit que je suis fâché avec le FPI. J'en suis un peu surpris, mais j'aimerais m'expliquer parce que ceux qui le disent font une grave erreur d'analyse. Tout est parti d'un débat que j'ai lancé, à partir d'un texte publié par Fraternité Matin, qui a été titré : Le dos de la République?. Dans ce débat, j'interviens pour dire à tous ceux qui, en Côte d'Ivoire, depuis quelques temps n'arrêtent pas d'expliquer que les refondateurs sont des menteurs, des voleurs, des corrompus, des incompétents, etc. tous ceux qui disent ça, j'aimerais leur dire d'arrêter les refondateurs, de leur mettre des chaînes et de les conduire devant la justice. Je précise que la justice, c'est le tribunal, parce que j'ai vu des interprétations fallacieuses de cette justice. Au lieu de conduire les refondateurs à la justice, ceux qui disent ça disent : Oui, vous aussi, vous ne pouvez pas manger seuls, faites-nous de la place on va manger ensemble, vous ne pouvez pas manger tout seuls parce que nous, on a eu l'habitude de le faire, vous ne pouvez pas manger tout seuls parce qu'on est plus fort que vous, on veut le faire en même temps que vous?. Je pense que c'est amoral.
Les Ivoiriens n'ont pas crée leur pays pour que leurs élus se partagent l'Etat comme un butin. Les Ivoiriens ont crée leur Etat pour que l'Etat leur fournisse ce qui est son travail. La constitution de l'Etat, les Ivoiriens l'ont adoptée, pour que l'Etat leur fournisse de la sécurité en bonne qualité, de l'éducation pour nos enfants en bonne qualité, la défense de notre territoire de façon efficace, la justice pour nous et entre nous de façons efficace. Dans ce débat, je leur demande s'ils sont d'accord pour qu'on discute de ces choses-là. Est-ce que vous êtes prêts à ce que nous rêvions de la Côte d'Ivoire de demain ? Est-ce que nous allons vivre dans cette situation d'irresponsabilité totale ? Est-ce que c'est un Etat moderne que nous voulons construire, ou un Etat tel que nous voyons ? Alors que j'attendais que mes contradicteurs se prononcent sur ces questions. J'ai lu toutes sortes de réponses : Ah oui, tu as vu Koulibaly ? Nos yeux sont ouverts. Tes copains, ce sont des bandits, alors mais il faut les quitter, viens nous rejoindre. Tu sais nous, on est tranquille. Nous, le pays, c'est la France, elle nous donne à manger, parce qu'on fait ce qu'elle veut, ça a toujours fonctionné comme ça ! Vous êtes venus avec votre idée de refondation, vous savez mis tout à l'envers, voilà les Français sont venus, ils vous ont posé des problèmes et ça fait 5 ans que nous sommes dans des difficultés. Si vous aviez fait comme nous, tranquille dodo, ils vous auraient donné à manger et tout serait tranquille. Il faut que tu quittes le FPI et viens nous rejoindre. D'ailleurs même, il faut créer ton parti, fait comme d'autres?. Et puis la semaine qui suit, ce n'est plus Koulibaly vient nous rejoindre, mais quitte le FPI. D'ailleurs même, il a crée son parti. Le plus curieux, c'est qu'il y a un journaliste, un certain Frédéric ou Philippe C. Ce dernier dit à mes contradicteurs : je suis un journaliste quelque part entre la France et la Belgique, je m'appelle Philippe quelque chose et Koulibaly est un intime à moi. Nous sommes très proches et il m'a dit qu'il est fatigué du FPI et qu'il va créer son parti, j'en ai même la certitude?.
Alors que je propose un débat à mes contradicteurs sur la Côte d'Ivoire, ils tournent le débat sur la destinée politique de Koulibaly. C'est une erreur grave. RTI : Vous savez Monsieur le président on dit souvent qu'il n'y a pas de fumée sans feu. On n'avait annoncé d'autres départs démentis par les concernés puis cela s'est réalisé, et là, c'est quand même l'un de vos amis, un Belge qui donne cette information ?
M.K. : Oui, oui que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Ce monsieur, je ne sais pas où est-ce qu'on s'est connu, je ne sais pas qui c'est.
C'est quand même bien que les journalistes ont vu le papier de ce Belge. Je pense que c'est plus qu'un acte de subversion. C'est un acte de subversion parce que ce problème s'est posé à un moment clé. Mes contradicteurs se disent qu'il faut frapper le FPI sur son système de défense, il faut frapper l'Etat sur son système de défense. Le militaire a été rapidement fait victime de guerre. Le président de la République a dit que la guerre était finie. On est entré dans une guerre cognitive maintenant. Une guerre du savoir faire, une guerre de la propagande, de la subversion intellectuelle. On rêve, on confectionne son rêve, on laisse spéculer, il fait le tour et il nous revient en boucle. Et on dit : voilà, on avait dit et ça se confirme?. Il n'y a pas de fumée sans feu, mais ces gens-là peuvent attendre. Le FPI n'a jamais été aussi fort qu'aujourd'hui. C'est aujourd'hui que Affi N'Guessan est à Daoukro, en train de montrer dans toute son amplitude, les points du FPI, là où l'on a considéré à l'époque comme le fief du président Henri Konan Bédié. C'est aujourd'hui à Jacqueville, chez Henriette Diabaté, le conseil général, plusieurs militants PDCI rejoignent le FPI et c'est en ce moment-là, qu'ils veulent casser le FPI en disant que Koulibaly s'en va. C'est aujourd'hui que, sur ses bases, le RDR a perdu plus de militants et tout le monde a compris le mensonge et c'est en ce moment-là qu'ils veulent casser le FPI. Il faudra bien qu'on y réfléchisse. RTI : Monsieur le président, vous avez parcouru tout Abidjan pour parler du FPI et puis tout à coup plus rien, c'est le calme plat. Est-ce que ce silence ne participe pas à la rumeur.
M.K. : Non ! Parce qu'avant les tournées à Abidjan, Koulibaly faisait bien quelque chose. Koulibaly ne se lève pas et puis il fait ses activités. Koulibaly programme ses activités. Selon ses moyens. Il y a certaines choses que Koulibaly peut faire à moyen terme, à court terme, à long terme. J'ai fait les tournées parce qu'à un moment donné, le parti de Ouattara a voulu dissoudre l'Assemblée nationale. J'ai trouvé cela inacceptable. Je suis allé expliquer cela aux militants de son parti, car être contre les institutions de la République, ce n'est pas normal. Les militants m'ont compris et on rejoint Laurent Gbagbo. Ma mission s'arrête là pour le moment. Quand j'aurai plus de temps, plus de moyens pour le même travail, car c'est le chef de l'Etat qui m'envoie en mission, alors j'irai. Pour le moment il m'a dit : Koulibaly statique, on regarde comment évolue l'accord de Ouaga?. Je suis dans cette phase.
RTI : Quel est l'état de vos relations avec le président Gbagbo ? On dit que vous êtes en brouille sur la question de la succession.
M.K. : Vous savez, c'est sérieux. Un an seulement après l'installation de Gbagbo au pouvoir les mêmes réseaux jacobin on fait comprendre que Boga (Ndlr : ancien ministre de la sécurité) et Lida Kouassi (Ndlr : ancien ministre de la défense), sont en guerre pour succéder à Gbagbo Laurent. Déjà on disait que Boga et Lida qui sont de Lakota veulent prendre la place de Gbagbo. On n'a pas considéré. Et puis le 19 septembre 2002, paf, tentative de coup d'Etat, rébellion. La première explication qui a été donnée dans le monde par ces mêmes réseaux, c'est que c'est un problème interne. Un conflit interne entre Boga et Lida. Lida a tué Boga parce qu'il voulait succéder à Gbagbo. Beaucoup de gens en Côte d'Ivoire ont cru. Nous mêmes au FPI, il a fallu qu'on aille à Lakota. Qu'on parle aux populations pour expliquer que c'est totalement insensé. Et que nous au FPI, on fasse une convention pour réhabiliter Lida Kouassi Moïse. Mais le mal était fait. Un combattant comme ça a été neutralisé. Et depuis, Lida essaie de se reprendre, mais il y a cette méfiance qui est créée. C'est comme ça que la subversion tue les combattants. Voici une première vague de rumeurs pour vous faire comprendre que ce qui arrive n'est pas un fait du hasard. Deuxième vague de rumeurs. C'est au moment où nous étions dans la phase de discussion de renouvellement des contrats de concession de la CIE. Le concessionnaire n'est pas venu deux ans avant pour commencer à discuter. Il a attendu tranquille. C'est la veille de la date d'expiration du contrat qu'il arrive en Côte d'Ivoire. Mais avant on a eu un vent de rumeurs qui disaient il faut une transition sans Laurent Gbagbo. Et qu'il faut que l'Assemblée nationale soit dissoute. Dans cette ambiance, nous nous sommes tous focalisés sur la transition sans Gbagbo et la dissolution de l'Assemblée. Les gars sont venus, ils ont signé leur contrat et ils sont partis.
Cette fois la rumeur, c'est que Koulibaly veut quitter le FPI. Donc on déstabilise le parti de Gbagbo. On déconcentre les militants et les patriotes pour les focaliser sur la destinée du FPI. On trouve brusquement un témoin à Paris. Ah oui je sais on a tué Kieffer dans le palais de Gbagbo. On l'a enterré là-bas. Et puis on l'a déterré, on l'a enterré là-bas?. Alors que depuis plus de 2 ans, la pauvre compagne de Kieffer cherche à parler à un homme politique de haut niveau en France. Brusquement le président de la France a le temps de la recevoir et la justice saute sur le coup. Le témoin est crédible?. Toute la presse s'en occupe pour déstabiliser le FPI et le président de la République. Ça me rappelle l'histoire de Boga et Lida. Ça me rappelle la transition sans Gbagbo. Qu'est-ce qui se passe maintenant ? Sur mon bureau, il y a le renouvellement du code des télécommunications digne de la mondialisation, digne de ce siècle. Un code qui nous a été transmis par le gouvernement et on ne trouve personne pour l'étudier. Le ministre dit que ce code ne l'intéresse pas. L'ATCI pour sa part n'est pas satisfaite du code. Les professionnels du secteur n'ont plus. Les intérêts téléphoniques sont en jeu. Dans quelques temps, le contrat sur l'eau expire aussi. Il va falloir discuter de la concession. Des rumeurs accompagnent toujours ce type de discussions. Au lieu de se concentrer sur la destinée individuelle de Mamadou Koulibaly, il faut plutôt regarder vers les télécommunications et l'eau. La destinée de Koulibaly importe peu. Ce qui compte, c'est la Côte d'Ivoire. L'eau et l'électricité concernent tout le monde. Ce qui se passe autour du président de la République et du FPI, c'est pour détourner notre attention. Les Jacobins sont à la porte. Ce que je dis aux Ivoiriens : oubliez Koulibaly, regardez vos propres intérêts, l'eau et l'électricité, c'est votre pays qui compte, la destinée de Koulibaly importe peu?.
RTI : Monsieur le président, qu'est-ce que vous voulez qu'on retienne de vous ?
M.K. : Je suis vice-président du FPI. Je reste au FPI. Il n'a jamais été question de partir du FPI. Dans les semaines à venir, je vais à Jacqueville parce que le conseil général m'invite, pour rejoindre le FPI à cette cérémonie. Après, ce sont les militants PDCI d'Aboisso qui m'invitent, pour rejoindre de camp du président de la République. Bientôt ce sera Odienné et Bondoukou. Nous sommes appelés de partout. Le FPI devient de plus en plus fort. Ceux qui pensent nous distraire se trompent. Il leur a été posé un problème sur l'avenir de la Côte d'Ivoire. Le débat devra se faire sur place que sur les querelles personnelles. Les aigreurs personnelles avec Gbagbo, Koulibaly, ça importe vraiment peu.



Propos retranscrits par Gomon Edmond et Djè Abel

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