samedi 1 septembre 2007 par Notre Voie

De retour à Abidjan depuis le 17 août, la chanteuse Clarisse Dadié a sous les bras Amélie ?, la 5ème ?uvre de sa carrière entamée en 1998. Elle en parle avec nous avant sa sortie à Abidjan dans quelques semaines. Entretien.
Notre Voie : Alors vous êtes de retour avec
Amélie?...
Dadié : Je vous apporte
Amélie?. C'est mon nouvel et 5ème album qui sort dans quelques jours chez Ivoire Top music. Il comprend 8 titres. C'est un condensé de variété. Du décalé-coupé à ma façon, chanté en français et en dida, du youssoumba, de l'alloucou...Il y a un peu de tout. L'album a été réalisé à Abidjan par Olivier Mohi avec la participation d'Alexandre DJ, Francky Côte d'Ivoire, Don Rycki, Petit Noël, de la Française Nelly (ch?urs) et de bien d'autres artistes. C'est moi-même qui l'ai produit. N.V. : Pourquoi Amélie? ?
C.D. : Pour rappeler aux gens de reconnaître tout bienfait. Lorsque quelqu'un te rend un service, il faut lui rendre hommage quelle que soit sa nature. En effet, Amélie?, c'est l'histoire d'une fille qui s'appelle effectivement Amélie et qui a été ingrate envers quelqu'un qui lui a rendu un service. Oui, Amélie existe. Elle se trouve en Europe et dans la vie de tous les jours, un peu partout dans le monde. N.V. : Comment se vendent-ils, vos albums en France ?
C.D. : Il n'y a pas de problème. Je suis distribuée à la FNAC, à Virgin Mégastore. Comme vous le savez, ce sont de grandes maisons de distributions reconnues en France. Sur Internet, vous pouvez aussi commander mon album
Amélie?. N.V. : Vivez-vous de votre musique à Paris ?
C.D. : J'ai fait un peu la comédie ; je fais la musique ; j'enseigne la danse africaine. Disons, je vis d'un peu de tout. N.V. : Clarisse, vous avez un look d'enfer, comme on dit. Vous êtes systématiquement remarquable par votre style. Pourriez-vous encore expliquer ce choix au public ?
C.D. : Lorsque je porte mes colliers - que vous les journalistes appelez des colliers de chiens -, ce n'est pas pour rien. Mon look, tout ce que je porte est la symbolique de l'esclave que l'homme noir est pour l'homme blanc. On nous dit que l'esclavage est fini. C'est dans le temps. Je pense que nous continuons de vivre cette tragédie. Moi, il y a plus de 20 ans que je vis en Europe. Dans n'importe quelle société où l'homme noir travaille, il est toujours l'esclave de l'homme blanc. N.V. : Auriez-vous été personnellement victime d'un racisme à un moment de votre séjour en France ?
C.D. : Lorsque, dans la rue, vous rencontrez un Blanc ou une Blanche, et qu'il ou elle vous lance au visage : Il fait froid ici, au chaud serait mieux !? A votre avis, qu'est-ce que cela signifie ? Il faut retourner chez toi en Afrique où il fait chaud au lieu de rester en Europe où il fait froid. N.V. : Avez-vous une fois réagi face à une telle agression raciste ?
C.D. : Un fois, en hiver, je me rendais à une gare de train. Un vieil homme s'est arrêté juste à côté de moi et m'a dit : Holà là, vous grelottez beaucoup ce matin, hein ! Un pays chaud serait mieux parce qu'ici, c'est la galère?. Je lui ai répondu : Bien sûr, on arrive à s'adapter. Côté chaud, côté froid, c'est mieux. Il a aussi d'autres personnes de l'autre côté où il fait chaud, alors qu'elles ne sont habituées qu''à la chaleur?. Il m'a lorgné sans mot dire et s'est éloigné de moi. N.V. : Malgré toute cette méchanceté qui vous a frappée, vous vivez toujours en Europe...
C.D. : Je suis toujours là-bas, je serai toujours là-bas parce que je sais que l'Occident, c'est la terre de Dieu, c'est une créature de Dieu ; elle n'appartient à personne. Tout appartient à tout le monde. Je trouve bête - excusez-moi du terme - toute personne qui me dit : Ici n'est pas ton pays, c'est là-bas?. N.V. : Vous songez quand même à renter définitivement au pays un jour ?
C.D. : Oui, c'est tout à fait normal.
N.V. : Quand ?
C.D. : C'est l'avenir qui décidera.
N.V. : Dénoncez-vous ce racisme dont le Noir est victime en Europe dans votre musique ?
C.D. : Moi, je parle de tout dans ma musique de variété. Dans mo reggae, techno, le djidji de Sassandra qui est ma base, mon coupé-décalé, il n'y pas de sujet tabou. N.V. : La guerre est finie, a dit récemment le président Gbagbo aux Ivoiriens et à la communauté internationale. En ce qui vous concerne, quelle est votre message aux Ivoiriens ?
C.D. : Je loue le courage et la solidarité des Ivoiriens devant tout ce qui s'est passé. Ce qui nous est arrivé ne nous ressemblait pas. Notre place n'est pas dans les conflits. Heureusement que Dieu sait faire les choses et notre papa? Laurent Gbagbo et le premier ministre Guillaume Soro nous ont sortis de cette impasse. Je les remercie infiniment pour avoir compris que les Africains ne doivent pas écouter les gens de l'extérieur, s'ils ne veulent pas que leurs pays se mélangent.




Entretien réalisé par Schadé Adédé

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