Un incident est intervenu jeudi à Akoué-village entre d'une part le groupe Ehoulé, les jeunes d'Akouédo et d'autre part le gouverneur du District d'Abidjan Pierre Djédji Amondji. Notre Voie a rencontré hier celui-ci pour en savoir davantage. Notre Voie : Monsieur le Gouverneur, vous êtes allé interrompre, jeudi dernier, une manifestation au stade d'Akouédo village et les jeunes du village auraient tenté de vous lyncher. Que s'est-il passé exactement ?
Pierre Djédji Amondji : Avant tout propos je voudrais présenter mes excuses au président du Conseil économique et social, Laurent Dona Fologo, car qui était à cette cérémonie. Mais le fonds demeure. De quoi s'agit-il ?
La décharge est la prpriété d'une ville. Dès que la décharge d'Akouédo a été ouverte en 1965, c'est la commune d'Abidjan qui en était propriétaire. La commune a changé de statut et est devenue la ville d'Abidjan au temps de M. Konan Kanga puis d'Emmanuel Dioulo et enfin de N'Koumo Mobio. Mais déjà ce dernier avait des déboires avec les ministères de l'environnement. Chaque fois les gens voulaient la gestion des décharges, alors que les décharges ont toujours été du ressort de la ville d'Abidjan. Aujourd'hui, le district d'Abidjan a pris la place de la ville d'Abidjan. La décharge a beaucoup d'histoires. Les gens y voient des fonctions multiples. Certains y voient une fonction politique et économique. Ils utilisent la décharge pour faire la politique et pour faire des affaires. N.V. : Est-ce le cas aujourd'hui ?
P.D.A. : Oui ! Un monsieur du nom de Guéi Emile, sans prendre langue avec le district fait tout ce qu'il veut sur cette décharge. Nous lui avons écrit plusieurs fois pour lui demander d'arrêter mais il n'a pas écouté. N.V. : Que fait-il sur la décharge ?
P.D.A. : Il va sur la décharge pour dit-on donner une formation à des jeunes gens à qui il promet l'embauche pour la transformation des déchets. Il prend 50.000F à chaque jeune pour cela.
N.V. : M. Guéi n'a-il jamais déposé de dossier auprès de vos services ?
P.D.A. : Jamais !
N.V. : M. Guéi dit le contraire, il dit vous avoir remis un projet que vous êtes allé remettre aux Chinois
P.D.A. : Quand les gens sont malhonnêtes, ils disent n'importe quoi. Pourquoi vais-je aller remettre son projet aux Chinois ? Nous sommes allés chercher des investisseurs pour la construction de notre centre d'enfouissement. Nous sommes encore en train de parcourir le monde pour ça. N.V. : Peut-on revenir sur ce qui s'est passé le jeudi à Akouédo ?
P.D.A. : Je disais tantôt qu'il prend 50 000F aux jeunes sous prétexte qu'il va leur trouver des emplois. Vous comprenez donc leur comportement. Pour eux j'empêche qu'ils aient du boulot. Mais quel boulot ? Il faut des capitaux pour ce genre d'opération et il faut que le district donne son accord. Ce qui n'est pas le cas. Donc, pour la manifestation de jeudi, il nous a invité pour y assister. Nous lui avons répondu qu'elle n'était pas autorisée. Mais, puisque nous avions échos que les préparatifs se poursuivaient, nous avons fait un communiqué pour dire que la manifestation n'était pas autorisée. Mais Emile Guéi a opté pour la défiance de notre autorité. N.V. : Monsieur le Gouverneur, était-il nécessaire que vous-même interveniez jeudi à Akouédo, n'était-ce pas possible de vous faire représenter ou d'y envoyer des forces de l'ordre ?
P.D.A. : Je ne dis pas que mes collaborateurs ne sont pas compétents mais je suis responsable d'un conseil et j'ai pris mes responsabilités en y allant pour mettre fin au désordre et à la défiance. J'y suis arrivé, j'ai pris le micro, j'ai commencé par présenter mes excuses aux autorités politiques et coutumières présentes mais on ne m'a pas laissé aller plus loin. Mais je ne voudrais pas que les gens se laissent abusés. Ce Monsieur n'a présenté aucun projet fiable. Il ne faut pas que les gens pensent qu'un Ivoirien veut faire quelque chose de bon et que je l'empêche de le faire. Je suis allé pour récupérer le bien du district.
N.V. : Si une société X veut faire des prestations au niveau de la décharge d'Akouédo, quelle est la démarche à suivre ?
P.D.A. : Cette entreprise vient voir le district, présente un dossier technique, on s'assoie et on en discute. On soumet le dossier au BNEDT au ministère de l'environnement. Nous sommes certes maître d'ouvrage mais ce sont ces structures techniques qui attestent de la fiabilité du dossier technique. Mais tout cela n'a pas été fait. C'est vrai, Emile Guéi m'a approché dans le premier trimestre de cette année par l'intermédiaire d'un éminent député ivoirien. Je lui ai expliqué et il a reconnu que c'est une erreur de la part de M. Guéi d'avoir entamé des actions sans passer par le District. Il m'a demandé ce qu'il était possible de faire. Je lui ai dit qu'on allait voir et qu'il fallait qu'on se retrouve. Et depuis, ils ne sont plus revenus. N.V. : Dans ce cas, M. Guéi pouvait-il faire quelque chose de durable sans votre accord ?
P.D.A. : Il ne le peut pas mais si on fait preuve de laxisme, il risque de croire qu'il est dans le vrai. Surtout que le ministère de l'environnement sous Mme Gnonsoa lui avait donné une autorisation sans même attendre notre avis, il fallait qu'on intervienne pour mettre de l'ordre. Où c'est la décentralisation ou ce ne l'est pas. Je suis l'un des grands défenseurs de la décentralisation. Et je ne peux pas rester là pour voir fouler au pied les textes. N.V. : Quelle était la nature réelle de la manifestation d'Akouédo jeudi dernier ?
P.D.A. : Il était question de Bientôt le début du recyclage des ordures? de la décharge d'Akouédo. C'est vous dire qu'il fait croire qu'il a tout ficelé dans notre dos. N.V. : Pour recycler des ordures, il faut une usine
P.D.A. : Oui, il n'en pas construite mais il ne faut pas que j'attende qu'il casse l'?uf. N.V. : Monsieur le gouverneur, saviez-vous que le président du CES et la première vice-présidente de l'Assemblée nationale seraient à cette manifestation ? Si oui pourquoi ne les avez-vous pas prévenus de son intediction afin qu'ils ne s'y rendent pas ?
P.D.A. : Je ne savais pas qu'ils y seraient ; c'est une fois en route qu'on m'a appelé pour me dire que M. Fologo était là. Quant à la première vice-présidente, c'est sur place que j'ai su qu'elle était là. Mais je suis allé parce que c'est mon devoir et parce que les personnalités qui y étaient ne savaient pas ce qui se tramait. J'ai commencé cette interview par leur présenter des excuses. Mais c'est mon devoir de défendre ce qui appartient au district. Je vous donne l'exemple du transport. On faisait avant un milliard de recettes. Un jour, on a dit : non laissez, car l'AGETU vous donnera plus d'argent?. Aujourd'hui, l'AGETU ne nous donne que 150.000.000 FCFA. Que voulez-vous qu'on fasse avec ça. Ce matin je viens de visiter des chantiers pour l'éducation nationale. Si on n'a pas de recette, comment allons-nous les finir ? Nous sommes allés défendre ce qui est au district. N.V. : Monsieur le gouverneur, suite aux évènements de jeudi la décharge d'Akouédo est fermée ; Abidjan va encore être pestilentielle. Que faire ?
P.D.A. : Si la décharge est fermée c'est dû au comportement de Guéi Emile. C'est lui le responsable. Il a même détruit le pont bascule qui sert à peser les ordures. J'ai été agressé. Je vais porter plainte contre lui. N.V. : Mais entre temps Abidjan va sentir
P.D.A. : J'ai discuté déjà avec les parents d'Akouédo. Ils sont venus chez moi, à la maison. Je leur ai présenté mes excuses. Je leur ai expliqué la situation. Je leur ai dit que dans la forme j'y suis allé un peu fort mais dans le fond j'ai raison. Ils ont compris. Par ailleurs nos techniciens peuvent très vite remédier aux dégâts causés. C'est le lieu de dire à la population de se tranquilliser. C'était mon devoir d'arrêter le désordre, je l'ai fait. Quand il y a eu ici les déchets toxiques, les coupables étaient là mais certaines personnes ont indexé le district. Désormais nous ne permettrons à personne de se rendre de façon illicite sur la décharge. Maintenant, si la structure de Guéi tient tant à travailler sur le site, que son responsable vienne avec un dossier technique nous rencontrer. Et de concert, le BNEDT, le ministère de la ville, le ministère de l'environnement et nous verrons ensemble sa fiabilité.
Interview réalisée par César Etou et Dan Opéli