samedi 1 septembre 2007 par Le Nouveau Réveil

Pendant treize (13) ans, il a dirigé avec une rigueur qui forçait respect et admiration, l'Ecole nationale d'administration (ENA). Sous sa direction, cette école a conquis ses lettres de noblesse. Pour la première fois, l'homme sous qui, une fille du Président Houphouët-Boigny a été recalée au baccalauréat (alors qu'il dirigeait l'Office du baccalauréat) se confie à un journal. Interview du professeur Dian Boni. Pr Dian Boni, vous avez été ancien directeur général de l'Ecole nationale d'administration (ENA). Aujourd'hui, vous êtes à la retraite. Comment gérez-vous cette retraite ?
Avant de venir à l'ENA et diriger cet établissement célèbre, j'ai été professeur à l'université d'Abidjan depuis 1966. Dès la fin de ma maîtrise, j'ai été appelé par le ministre Lambert Amon Tanoh pour occuper un poste d'assistant qui venait d'être libéré. J'étais encore en France, j'aurais pu refuser puisque je n'avais pas fini totalement mes études. Mais par nationalisme, nous sommes rentrés mon épouse et moi avec notre petite fille que nous venions d'avoir. Dans cette université, nous avons formé de nombreux cadres, de très hauts cadres même. Dont le Président Gbagbo lui-même. Il peut l'attester. Nous avions été très peu nombreux en tant qu'Ivoiriens. Par exemple à l'Ecole des lettres, aujourd'hui Flash, nous n'étions que 3, mes deux aînés Memel Foteh, feu Niangoran Bouah et moi ; sur une trentaine de Français. Nos étudiants à l'époque nous taxaient d'être sévères à leur égard, que nous leur donnions de mauvaises notes pour les empêcher d'être, eux aussi, des enseignants. Bien sûr, ils étaient à côté de la plaque. Puisque notre intention était de les former avec justesse et justice. Ces jeunes gens après nous ont occupé des postes d'enseignants. S'ils avaient été mal formés, ils n'auraient pas pu occuper ces postes. J'ai travaillé avec le recteur français Pr. Garagnan qu'on appelait le recteur volant parce qu'il pilotait son avion. Garagnan qui était un homme avisé a ivoirisé pour la première fois un service : l'Office du baccalauréat. Le baccalauréat était piloté par un homme qu'on appelait le Blanc et il y avait toujours des problèmes de fuite, d'insubordination, etc. Me connaissant, connaissant ma rigueur, il a donc fait appel à moi pour que je puisse diriger ce service qui délivrait le baccalauréat qui, je le rappelle, est le premier diplôme universitaire.
C'était en quelle année ?
C'était en 1972. J'ai dirigé ce service pendant six ans sous le ministre Akoto Yao. Mon leitmotiv c'était qu'un examen ne se donne pas, il se mérite. Pendant 39 ans, j'ai donc travaillé pour l'administration et pour le peuple de Côte d'Ivoire. Je suis à la retraite depuis deux ans. Que faites-vous dans votre retraite ?
Dans ma retraite, je ne fais rien. Je me soigne. Vous savez la sédentarité amène beaucoup de maladies. De temps en temps, je vais au village. Professeur, vous avez été pendant 13 ans le directeur de l'ENA. Pouvez-vous faire partager votre expérience à la tête de cette institution ?
Vous savez, je ne voulais pas diriger l'ENA, contrairement à ce que des gens pourraient croire. Bien sûr depuis 1971, je donnais des cours à l'EPFP à l'époque au Plateau. Quand le ministre Béchio a été nommé, il a fait appel à mes services. Je lui ai dit non parce que l'expérience que j'ai faite à l'Office du baccalauréat avec le ministre Akoto, je ne voulais plus la recommencer parce que pour moi, la collaboration devrait se baser sur la confiance. Bref. J'ai refusé et il a insisté avançant que j'ai été son professeur. Effectivement, je l'ai interrogé en 1968 au baccalauréat. Des gens sont intervenus et finalement en 1984, j'ai donné mon accord et remplacé Hamza Aboudramane. J'y suis resté jusqu'en 1996. C'était à la demande de Béchio, de redresser cette école où, semble-t-il, il y avait aussi des manipulations. Lorsque je suis arrivé, j'ai eu à remplacer un certain nombre d'agents que je ne trouvais pas loyaux, avec l'accord du ministre Béchio avec lequel j'étais véritablement en tandem. Nous avons fait un peu de nettoyage et ça a marché. Pour moi, la conception d'une école comme celle-ci, se résume en l'organisation de concours et de cours. Il y a deux types de concours. Le concours direct qui s'adresse aux étudiants qui ont au moins le Duel II ou la maîtrise, aux élèves qui viennent d'avoir leur baccalauréat. Mais un examen ne se passe pas comme ça. Il faut une préparation parce que l'esprit de l'ENA est différent. Il faut donc préparer les élèves pour faire ressortir en eux un certain nombre de qualités : rapidité, efficacité. Les connaissances passent en second plan parce qu'on les acquiert après. On les préparait donc pendant au moins un an. Des bruits couraient qu'il fallait connaître quelqu'un pour être admis. Je leur disais: "Faites confiance à vous-mêmes. Ne comptez sur rien d'autre. J'apprends que certains d'entre vous veulent donner de l'argent à Pierre ou à Paul. C'est vrai que des gens vont venir vers vous mais sachez que ces gens n'ont rien à voir avec l'examen. Ils ne voient même pas la couleur des sujets choisis. Si vous donnez de l'argent, vous le donnez à perte. Parce que si vous donnez de l'argent à Silver Konan et que vous êtes admis au concours, Silver Konan vous fera croire que c'est grâce à lui. Mais, si vous échouez, il vous dira, on essayera l'année prochaine, etc. Et c'est comme ça que vous vous laissez avoir". Le résultat est que finalement l'élève n'a plus confiance en lui-même. On le chosifie. Finalement, sa réussite n'est pas sa réussite. C'est la réussite due à quelqu'un. Voilà le message que je passais. Donc ils faisaient leur travail. Professeur, pouvez-vous nous confirmer qu'en votre temps, il n'y avait pas d'achat de places ? En outre, est-ce que sous le Président Houphouët-Boigny, des listes ne vous arrivaient pas de la présidence ? Ne vous recommandait-on pas des candidats ?
Au grand jamais. Même à l'Université, même à l'Office du baccalauréat, jamais, jamais, jamais. Aucune personnalité quelle qu'elle soit, le président Yacé, le président Mamadou Coulibaly personne ne pouvait venir solliciter cela. Parce que le Président Houphouët avait une haute idée de la valeur des hommes. Voyez-vous même, un homme qui aime la boxe. Savez-vous pourquoi Houphouët aimait la boxe ? C'est l'effort individuel. Houphouët aimait la compétition. Personne donc ne me sollicitait. Peut-être que des gens sollicitaient certaines personnes. Mais c'était en dehors du système que j'avais mis en place. Quel était ce système ?
Chaque année, nous demandions à des professeurs ou à des spécialistes de nous proposer des sujets, que ce soit au concours direct ou professionnel, de nous proposer des sujets. Et nous réunissions le jury de 5 à 6 personnes, des fois plus. Le jour du concours, c'est en ce moment seulement que nous dépouillions les enveloppes. Nous les lisions et nous éliminions au fur et à mesure les sujets qui ne nous convenaient pas. Pendant ce temps, les candidats étaient déjà en classe puisque nous les convoquions à 7 heures. Cela prenait quelquefois, une demi-heure, une heure. Lorsque le sujet est choisi, nous demandions au président du jury d'aller faire taper le sujet par ma secrétaire, sous sa surveillance. Une fois que le sujet est tapé, le président du jury revenait dans la salle, relisait le sujet pour que nous détections d'éventuelles fautes. C'est après cela que les machinistes (à l'époque il n'y avait pas encore toute cette modernité) tiraient le sujet. D'ailleurs, quand on distribuait les sujets, c'était encore chaud. Et je m'amusais à dire : "Voici votre pain chaud du matin". A partir de ce moment-là, à quel moment ces personnes qui disent qu'elles peuvent intervenir, peuvent donner les sujets aux candidats ?
Ça, c'est avant la composition, qu'en est-il après la composition?
Après la composition, une fois que les sujets sont anonymes, des paquets sont faits. Il y a des correcteurs spécialistes des différentes matières. Les correcteurs étaient anonymes. Et dans une épreuve, il y a plusieurs correcteurs. Nous avons essayé d'éviter tous les pièges. Je ne dis pas que j'étais totalement blanc mais ce qui est certain, nous avons pris toutes les mesures parce que mon horreur à moi, c'était la fraude. C'était un peu comme ça que je gérais le baccalauréat. Il y avait un grand jury et le jury désignait les sujets de juin, de septembre et des sujets de secours dans le cas où il y avait des difficultés. Les sujets étaient mis dans l'ordre : juin, secours, septembre. Moi, une fois le jury parti, ou bien j'acceptais leur choix. Mais comme j'avais la hantise de la tricherie, je reprenais leur choix. Des fois, je prenais un sujet des trois sujets, je le collais à un autre. Je faisais donc un remaniement si bien que les membres du jury ne se reconnaissaient plus du tout dans leur premier choix. Dans la hiérarchie, il y avait d'abord le jury. Ensuite ma secrétaire, celle-là qui tapait les sujets. Après cela, c'était fini. J'étais tout seul à tirer les sujets. A l'époque, il n'y avait pas autant de candidats. Il y avait tout juste quelques milliers. Je restais jusqu'à 2h, 3h du matin, pendant au moins un mois. Ce sont toutes ces conséquences que je paye aujourd'hui puisque je fais de l'hypertension. Tout cela pour qu'il n'y ait ni fuite ni favoritisme. Professeur, après le Président Houphouët, il y a eu le Président Bédié. De 1993 à 1996, vous avez travaillé sous les ordres du gouvernement de son Premier ministre. N'avez-vous pas reçu des listes de la présidence à cette époque ?
Non, non. Vous savez au PDCI, les gens de ma génération sont d'un autre niveau. Jamais Bédié n'est intervenu dans quoique ce soit. Même par les ministres. Même s'ils avaient le désir, je leur disais: "Mettez cela par écrit". Je vais vous raconter une anecdote. J'étais à l'Office du baccalauréat. Une fois j'ai reçu un coup de téléphone. Il y a quelqu'un qui m'appelle et me dit: "Ici la présidence". J'ai dit la présidence, mais quel service, quel est votre nom ? Il m'a dit: "Non, c'est la présidence". J'ai dit: "non, tant que vous ne direz pas votre nom, je ne répondrai pas". Pour vous dire que jamais, ni le Président Bédié, ni ses ministres n'ont eu à influencer en quoi que ce soit ma gestion. Je vais vous raconter une autre histoire. Pendant que j'étais grand directeur du baccalauréat, j'avais mon neveu qui présentait le Bac C au lycée classique. J'ai appris qu'il ne travaillait pas beaucoup. Comme c'était un beau gosse, il s'investissait beaucoup auprès des jeunes filles. Je l'ai appelé et je lui ai dit : "Il faut travailler. Ne crois pas que parce que ton oncle est ceci que tu vas faire un succès". Il ne m'a pas écouté. Il a échoué. Il y a eu cette histoire d'une fille d'Houphouët-Boigny qui a été recalée au baccalauréat
Ah oui ! C'était à cette époque un scandale pour des gens. Pour eux, les enfants du Président devaient réussir du premier coup. Cette fille n'avait pas les points nécessaires pour passer. Et le jury l'a calée. Ce n'était pas moi. Elle devait aller à l'oral de contrôle. Après l'oral de contrôle, on peut avoir une mention et c'est ce qui s'est passé. On m'a traité d'insensé. Mais jamais je n'ai eu pour cela des récriminations quelconques. Il y avait des enfants du ministre Thierry Lébé par exemple, d'autres ministres aussi. Soit ils réussissaient, soit ils échouaient. Pour moi, le principe, ce n'est pas parce que le père est ceci ou cela que l'enfant doit réussir.
Professeur, au regard de votre longue expérience à la tête de l'ENA, quel commentaire faites-vous de la situation de cette institution aujourd'hui ?
Ecoutez, je n'ai pas d'éléments sur l'ENA. Le bruit court que comme disent les Latins "fama es" Peut-être qu'à mon temps aussi, les rumeurs disaient que Bon, le bruit s'amplifie. Et qui ne dit mot consent, peut-être je ne sais pas ce qui se passe là-bas. Les gens disent qu'on achète. Peut-être qu'à mon temps, les gens disaient cela aussi. Mais si ça prend des ampleurs jusque dans les journaux, même les radios étrangères, il y a un seul comportement à avoir. Ou bien, on intervient en haut lieu. Parce que l'ENA est quand même une grande école et elle ne doit pas être éclaboussée de cette façon. Eh bien, je pense qu'il y avait des mises au point à faire. Cela n'a pas été fait. Je ne comprends pas. Ou bien, il y a la vérité ou bien on dit: "De toutes les façons, laissez-les jaser, ils vont arriver à se taire". Je dis que si j'étais là, j'aurais fait une mise au point pour dire : venez voir, venez vérifier. Ce que je sais c'est que le directeur qui était un de nos jeunes collaborateurs à l'époque au ministère de la Fonction publique, par admiration, m'a appelé pour présider un des examens de l'école. Je lui ai dit, tu me connais. Chez moi, l'interventionnisme n'a pas lieu. J'accepte à condition que j'aie les mains libres. Il y avait très peu de places au concours. Vu le nombre de candidats, on est tenté de magouiller. Le dernier concours que j'ai présidé, on a eu des propositions de sujets et on était 5 ou 6 dans le jury. D'une façon unanime, nous avons changé tous les sujets. Nous avons recomposé les sujets. Nous avons pris à témoin le directeur lui-même. J'ai exigé qu'on corrige dans la salle de conférence. Et c'est ainsi que nous avons pu, après, délibérer. Mais attention, une fois que nous avions délibéré, séance tenante, devant les candidats, nous affichions les résultats. Il n'y avait donc pas à dire qu'on a enlevé le nom de tel pour le remplacer par un autre. Maintenant pour les autres concours, je ne sais pas. Professeur, nous vous donnons un exemple précis. Nous avons reçu un enseignant à notre rédaction qui nous a confié que l'un de ses étudiants qui avait été renvoyé du campus est venu le narguer en lui disant qu'il avait réussi à entrer à l'ENA. Comment expliquez-vous cela ?
Vous savez, dans la vie, il y a des systèmes. Est-ce qu'aujourd'hui l'université marche ? Est-ce qu'elle est en état de fonctionnement normal ? Je dis, non. Lorsqu'on veut jouer sur la médiocrité, cela se répercute partout. Ces enseignants de l'université, dont la plupart ont été nos étudiants, ne font plus leur travail avec conscience. A notre temps, il y avait une progression normale. Dans la hiérarchie. Vous entrez assistant, vous présentez des travaux, vous devenez maître assistant. Vous présentez encore des travaux, une thèse, vous devenez maître de conférence, ensuite professeur titulaire. L'étape de l'assistanat n'était qu'une étape. Vous aviez 7 ans pour passer maître assistant. Là, vous n'êtes pas encore enseignant d'université, quand on est assistant. Vous êtes rattaché à votre corps de l'enseignement secondaire. Or, à ma grande surprise, j'apprends qu'on a institué cela comme un corps. Cela veut dire que vous pouvez rester assistant à vie. Alors, vous encouragez la médiocrité. Quand on encourage la médiocrité à ce niveau-là, à quel niveau ne peut-on pas encourager la médiocrité ? Si les autorités qui gouvernent ce pays veulent que l'ENA ait une réputation, parce que je peux dire qu'à mon temps, l'ENA avait une réputation internationale. On avait la meilleure ENA d'Afrique noire. Et on nous respectait. Si on veut faire en sorte que la médiocrité s'installe, bon C'est aux autorités de prendre conscience. Il y a des bruits qui courent. La presse dit, tout le monde dit. Mais, vérifiez. Dites quelque chose. Or, c'est un mutisme total.
Voulez-vous dire qu'il y a une inclination politique vers la promotion de la médiocrité ?
Je ne dis pas qu'il y a une volonté politique d'encourager la médiocrité. Nul ne peut encourager la médiocrité lorsqu'on est un homme politique. Mais, il peut avoir des systèmes qui vivent sur la médiocrité. J'ai accepté cette interview, un peu à cause de cela. Vous ne pouvez pas jouer sur la médiocrité pour bâtir un Etat digne de ce nom. On dit mondialisation, c'est-à-dire compétition des valeurs. Or, on a mis dans la tête de nos enfants que seule la facilité paye. On veut aller vite. Aujourd'hui, vous avez des gens qui disent : "Le PDCI a géré pendant 40 ans, ils n'ont rien fait". Tous ceux qu'on appelle les barons du PDCI, allez les voir aujourd'hui. S'ils avaient amassé des milliards, comme les gens le disent, ils ne seraient pas dans des difficultés matérielles aussi indigentes. La plupart d'entre nous, sont, soit au chômage, soit renvoyés de leur service. Ils vivent péniblement. Or, à contrario, ils ont fait tant. Voyez la différence, vous-mêmes. Quelle est cette différence ?
Mais la différence, vous voyez vous-mêmes. Les maisons qui poussent par-ci, par-là. Enfin, toutes ces réalisations. Et aujourd'hui justement, ces jeunes gens qui n'ont rien fait à l'université, veulent être quelqu'un. C'est ça le drame. Et on les encourage. Demain, nous allons partir. Mais quel pays allons-nous laisser à ces enfants ? Un pays de médiocrité. Ceux de nos enfants qui veulent travailler naturellement, normalement n'ont plus leur place. Ils ne sont pas dans le système, ils ne peuvent pas avancer. C'est dramatique.
Ce sera encore dramatique pour la Côte d'Ivoire. Lorsqu'il y a différence criarde, lorsque l'injustice règne, les gens réagissent contre l'injustice. Lorsque je présente le concours à plusieurs reprises sans succès, non pas parce que je ne suis pas intelligent, alors je commence à être aigri. Cependant, il y a quand même des gens qui n'ont certainement pas déboursé un centime, qui ont présenté à plusieurs reprises le concours certes, mais qui ont réussi tout de même. Il y a des exemples.

Professeur, partagez-vous la vision de la gestion de l'ENA par les refondateurs, en rapport justement avec l'expérience de gestion que vous avez acquise à la tête de cette école ?
Ecoutez-moi, j'ai suivi ma formation en France, après nos aînés de 1946. Nous sommes allés. Tout seuls. Nous n'avions ni père, ni mère, personne dans ces pays là. Et nous avons eu nos diplômes et sommes revenus au pays. Alors, lorsqu'on apprend à l'enfant à aimer la facilité, à lui dire que même les maîtres sont complices, en fourguant les notes ou en montrant les sujets aux élèves, je dis ça, c'est très grave. On ne tire pas les choses par le bas. Aujourd'hui, on dit on va faire l'école gratuite. Mais au temps d'Houphouët, l'école était gratuite. L'uniforme, c'était pour ne pas créer de différence entre les élèves. Parce que l'enfant de pauvre comme l'enfant de riche, portent le même uniforme. A l'ENA, il y a l'uniforme de tous les jours. Aujourd'hui, l'Etat ne peut plus employer tout le monde. Mais, il faut qu'on apprenne aux enfants à créer. Les Etats d'Europe que nous voulons copier se sont développés grâce aux initiatives privées et aujourd'hui, ne serait-ce que dans le seul domaine de l'agriculture, il y a tellement d'opportunités. Mais aujourd'hui, quand je vois le jeune Ivoirien, lorsque tu ne penses pas comme moi, je prends la machette pour essayer de te trancher la tête. Où est la démocratie ? Où est la liberté ? Mais quand il y a une trop grande liberté (relisez un peu Platon), en démocratie, c'est une nuisance. Il faut faire attention. Nous allons à vau-l'eau. Mais nous n'allons pas sombrer parce que nous avons des jeunes Ivoiriens qui essayent de prendre conscience, qui prennent conscience. Et je voudrais que la jeunesse du PDCI soit le fer de lance de cette jeunesse consciente.
Interview réalisée par
Patrice Yao et André Silver Konan

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