vendredi 31 août 2007 par AFP

ABIDJAN - Un Ivoirien mis en cause dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, Jean-Tony Oulaï, a porté plainte à Abidjan contre le frère de la victime, Bernard Kieffer, et contre le juge français Patrick Ramaël, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

M. Oulaï a porté plainte contre Bernard Kieffer pour "diffamation",
"atteinte à l`honneur" et "complicité de dénonciation calomnieuses", dans une
lettre, dont l`AFP s`est procurée une copie, envoyée le 24 août au Procureur
général du tribunal de première instance d`Abidjan, Raymond Tchimou.

Il a également déposé plainte contre Berté Seydou, un témoin présumé qui
l`a accusé d`être le chef du commando qui a enlevé M. Kieffer, pour
"dénonciations de délits imaginaires", "malices", "dénonciations calomnieuses"
et "atteinte à l`honneur".

Il porte enfin plainte contre le juge Ramaël, en charge de l`enquête sur
cette affaire côté français, pour "obstruction à la justice", "abus de
pouvoir", "vice de procédure judiciaire" et "violation du secret
d`instruction".

"Nous avons jugé recevables les plaintes de M. Oulaï", a déclaré à l`AFP le
procureur de la République du tribunal du Plateau d`Abidjan, Raymond Tchimou.

"Depuis maintenant deux ans, des personnes animées par un quelconque désir
de vengeance, de nationalisme bridé et/ou de racisme, ternissent l`image de la
nation ivoirienne et de son gouvernement", écrit M. Oulaï à M. Tchimou.

"En ce qui me concerne, je suis constamment victime d`actes portant
atteinte à mon honorabilité et à ma sécurité. Et Patrick Ramaël, Bernard
Kieffer et Berté Seydou en sont les auteurs et commanditaires principaux et
nous livrent à la haine de peuple français (...) par une diabolisation sans
précédent avec la complicité d`une certaine presse occidentale", ajoute-t-il.

Ex-membre des services spéciaux ivoiriens, Jean-Tony Oulaï, qui a fui la
Côte d`Ivoire pour se réfugier en France, a été mis en examen le 13 janvier
2006 pour "enlèvement et séquestration" par le juge Ramaël.

D`abord placé en détention, il a depuis été remis en liberté sous contrôle
judiciaire.

Dans un reportage diffusé le 23 août par la chaîne publique française
France 3, Berté Seydou se présentait comme le chauffeur d`un commando dirigé
par le capitaine Oulaï qui aurait enlevé Guy-André Kieffer, l`aurait détenu
pendant deux jours à la présidence à Abidjan puis transféré dans une ferme et
abattu.

Reçu ce même jour par le président français Nicolas Sarkozy, Bernard
Kieffer avait estimé que ce témoignage demandait "à être prouvé
judiciairement". "C`est une piste intéressante mais ce n`est pas la vérité
établie", avait-il ajouté.

La justice ivoirienne, par la voix de M. Tchimou, a qualifié deux jours
plus tard d`"affabulations" et de "faux témoignage" les déclarations mettant
en cause des proches du président ivoirien Laurent Gbagbo dans cet enlèvement.

Cette thèse, tout comme une partie du scénario décrit par M. Seydou,
notamment sur le rôle tenu par Jean-Tony Oulaï, reste en revanche la piste
privilégiée par les enquêteurs français, qui dénoncent l`"obstruction
systématique" de la justice ivoirienne dans cette affaire.

Guy-André Kieffer, un journaliste indépendant qui enquêtait sur diverses
malversations en Côte d`ivoire, notamment dans la filière cacao, a été enlevé
le 16 avril 2004 à Abidjan. Son corps n`a jamais été retrouvé.

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