vendredi 31 août 2007 par Le Patriote

Il y a un acquis indéniable que l'accord de Ouagadougou a apporté. La fin de l'Etat de belligérance latent et permanent qui pesait sur la Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, il faut reconnaître qu'il y a une réelle baisse de tension tant à Bouaké qu'Abidjan. Les ennemis d'hier se parlent et même se fréquentent. Le président Laurent Gbagbo, après plusieurs tentatives infructueuses, a finalement réussi à fouler le sol de Bouaké le 30 juillet 2007 dernier. A l'occasion de la cérémonie de la Flamme de la paix . Les leaders de la galaxie patriotique ne sont plus persona non grata dans le Soroland. Blé Goudé Charles, le chef de file de l'Alliance des jeunes pour le sursaut national, a effectué plusieurs fois le voyage sur Bouaké. Après l'attentat manqué contre le Premier ministre Guillaume Soro, il a été l'un des premiers à se rendre à Bouaké pour réconforter son ami Bogota . Alors qu'aux premières heures de la crise, c'est lui qui avait qualifié l'actuel Premier ministre de la Côte d'Ivoire de cadavre ambulant . Eugène Djué, un autre irréductible de la lutte patriotique a pu lui aussi, après cinq ans, rencontrer ses parents à Diabo. Et pourtant, l'initiateur de la lutte pour la libération totale de Côte d'Ivoire a toujours été intransigeant quant à un dialogue avec ceux qu'ils appelaient assassins et buveurs de sang . Il avait comme pour marquer sa détermination, organisé la marche sur Bouaké à partir de M'Bahiakro en 2004 qui a été avortée par une intervention des soldats de la Licorne. Autre avancée à mettre à l'actif de l'Accord de Ouagadougou. Les Ivoiriens voyagent partout en Côte d'Ivoire plus librement. Les barrages de part et d'autre de l'ancienne zone de confiance ont été allégés. Les usagers de la route descendent de moins en moins des cars comme par le passé à l'entrée de chaque grande ville. La tension est moins perceptible et visible sur les visages à chaque check point. Toutes ces actions et gages de bonne foi d'aller à la paix se ressentent dans les discours. Le ton a considérablement changé. On n'entend plus les appels à la haine et au meurtre lancés contre les rebelles et leurs supposés complices au sein de l'opposition non armée. Des mots comme rebelles, assaillants et ennemies de la République ont presque disparu du lexique patriotique. Du moins dans les discours officiels. Le redéploiement de l'Administration qui avait déjà commencé sous Seydou Diarra et Charles Konan Banny, est en train de se finaliser avec la réinstallation des Préfets et des sous-préfets. Le retour officiel des magistrats s'est fait le 29 juin dernier, malgré l'attentat manqué contre le chef du gouvernement. La dernière cérémonie qui traduit éloquemment la volonté des signataires de l'Accord de Ouagadougou à réussir l'unité de la Côte d'Ivoire, a été le lancement de la caravane du retour des maires des zones centre , nord et ouest le 15 août dernier à Bouaké. A cela, il faut ajouter la décision politique de permettre à tout le monde d'être candidat conformément à l'accord de Pretoria. Volonté que le président Gbagbo lui-même a réitéré lors de son discours à la Nation du 07 août dernier. Et enfin, le lancement du désarmement à Guiglo le 19 mai et le Bûcher de la Paix . Mais ces événements sont salués plus pour leur caractère symbolique que pour leur effectivité sur le terrain qui attend toujours. L'Accord de Ouagadougou a donc pour mérite d'avoir créé un climat et un environnement plus propices à une bonne entame du processus d'identification, voire électoral. Mais sait-on jamais. Il faut prier qu'un autre fâcheux événement ne vienne dans l'entre-temps remettre en cause tous ces acquis.


Jean-Claude Coulibaly

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