jeudi 30 août 2007 par Le Matin d'Abidjan

Le président de la République pourrait se rendre effectivement au mois d'octobre prochain à Paris si toutes les zones d'ombre qui entourent le déplacement présidentiel sont éclaircies.

Viendra ? Ne viendra pas ? Bien malin celui qui pourra répondre à l'heure actuelle à cette interrogation, au sujet de la visite annoncée,-par le panafricain Jeune Afrique et certains titres français-,du président Laurent Gbagbo en octobre prochain en France. Car autour du sujet, les uns et les autres n'ont pas forcément la langue pendue. Mais on sait toutefois, de sources parisiennes, généralement bien informées, que l'organisation des nations unies pour la culture, la science et l'éducation (Unesco) dont le siège se trouve à Paris et la présidence française se disputent en ce moment la venue du n°1 Ivoirien dans l'hexagone. A l'origine, confient nos sources, Laurent Gbagbo a été sollicité par Mr Koïchiro Matsuura, le directeur général de l'Unesco. L'invitation, indique t-on, date de 2005. Elle n'avait pu prospérer à l'époque en raison de la situation tendue au plan politique en Côte d'Ivoire. Elle a donc été réactivée cette année en raison d'un climat jugé plus favorable avec notamment la signature des accords de Ouagadougou, qui font profiler le retour de la paix à l'horizon. De sources proches du dossier, la sollicitation de la structure onusienne à l'endroit du président de la République s'inscrit dans le cadre des relations bilatérales qu'entretient l'Unesco avec les Etats membres. Pour cela, explique t-on, l'organisme basé à Paris s'est dit prêt à prendre toutes les dispositions utiles à l'effet d'offrir au chef de l'Etat ivoirien, une visite privée des plus réussies. Mme Yao Yao, l'ambassadrice de la Côte d'Ivoire auprès de l'auguste institution, à Paris, et connue pour entretenir d'excellents rapports avec la présidence ivoirienne, est à la manoeuvre. Elle mettrait même depuis plusieurs semaines, les bouchées doubles pour voir aboutir le " grand " projet. Seulement, du côté d'Abidjan, on joue la carte de la prudence. Car indique notre informateur, les services de Laurent Gbagbo auraient souhaité profiter d'une invitation officielle des autorités françaises pour répondre favorablement à la requête de l'organisme onusien. " Politiquement, ce serait un bon coup pour Gbagbo. Car imaginez vous un instant, les commentaires qui fuseront des rangs de l'opposition si le chef de l'Etat venait à fouler le sol français, à la seule invitation de l'Unesco ", fera observer par la suite notre interlocuteur. Un état des choses qui réduit sensiblement les chances de réussite du projet piloté par Mme YaoYao. Surtout que pour ne rien arranger, le réchauffement de l'affaire Kieffer fait craindre à l'entourage du locataire du Palais ivoirien, un accueil mouvementé, pour ce dernier, à l'aéroport Roissy Charles De Gaulle de Paris. Aussi, devant le refus poli du premier magistrat ivoirien qui pointe donc à l'horizon, certains groupes d'intérêts sont entrés en action. Il s'agit notamment du groupe Bolloré, connu pour être bien introduit aussi bien à l'Elysée qu'à Abidjan. Le géant maritime français verrait là l'occasion de rapprocher les deux chefs d'Etat et amorcer ainsi un nouveau départ dans les relations ivoiro-françaises, qui on le sait, ont pris un coup de froid supplémentaire en novembre 2004. Et cela dans la perspective du vaste chantier de la reconstruction post-crise que la Côte d'Ivoire va bientôt ouvrir. Pour cela, confient nos sources, Bolloré a actionné ses différents réseaux à l'Elysée afin de tout mettre en ?uvre pour accueillir Laurent Gbagbo en Octobre sur le perron de la présidence française. Selon les informations en notre possession, le dossier est en bonne voie. Pouvait-il en être autrement quand on sait que Sarkozy s'aligne généralement sur les vues des multinationales françaises auxquelles il doit beaucoup ? On le voit bien, le chef de l'Etat ivoirien, malgré la mauvaise campagne qui lui est faite à l'extérieur, ne laisse personne indifférent. A preuve, la rude bataille que mènent en ce moment l'Unesco et l'Elysée, pour l'accueillir en France.

Yves De Sery
avec Philppe Kouhon à Paris



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