mercredi 29 août 2007 par Le Matin d'Abidjan

Mandatés par la conférence des présidents des fédérations ivoiriennes de sport, les patrons du basket-ball, de la boxe et du handball ont animé une rencontre hier à l'Hôtel Ivoire. Les échanges ont viré en un véritable procès du ministère de tutelle.

Le sport ivoirien est-il en train d'entrer tout doucement dans l'oeil du cyclone? Tout porte à le croire après la sortie de la conférence des présidents des fédérations sportives hier à l'Hôtel Ivoire. Les nuages qui se sont amoncelés depuis des décennies dans le ciel du sport ivoirien se sont un peu plus alourdis sous l'ère Dagobert Banzio. Le tonnerre gronde et on peut désormais affirmer que les rapports entre le premier responsable du sport en Côte d'Ivoire et ses partenaires des fédérations sportives ne sont pas au beau fixe. Premier sur le chemin de la fronde, c'est encore au pasteur-président, Koré Moïse de sonner la charge sous les regards approbateurs de Stanislas N'Datchi et de OuattaraNBrahima. Respectivement président de la Fédération ivoirienne de boxe (Fib) et de la Fédération ivoirienne de handball (Fibh). Selon donc le patron de la balle au panier ivoirien, la question la plus préoccupante de l'heure est relative à la fermeture prochaine de la salle du palais des sports de Treichville. A en croire l'ancien champion d'Afrique, ce n'est qu'un effet qui n'aura aucun début de réalisation concrète sur le terrain. Pour la simple raison que les fédérations sportives qui utilisent cet espace pour le déroulement de leurs différents championnats ne sont pas d'accord et entendent ainsi s'opposer à toute exécution de travaux. ''Il n'y a aucune urgence technique. Nous pensons que la fermeture prochaine répond à d'autres soucis. Celui de se faire de l'argent sur le dos du contribuable ivoirien en faisant croire que l'on est en train de réhabiliter une salle qui l'a été il n'y a pas trois ans. Tant que l'on ne nous aura pas présenté un rapport technique convainquant, pas question de fermer le palais'', a tonné Koré Moïse avec qui Stanislas N'Datchi et Ouattara Brahima se disent totalement d'accord. Ironisant, le principal orateur s'étonne de ce que des lampes pendent devant le bureau du responsable du palais, alors que les carreaux de l'enceinte s'enlèvent, sans qu'un début de solution soit apporté malgré toutes les interpellations. Pourquoi engager de grands travaux qui vont encore nécessiter des frais supplémentaires ? Stanislas N'Datchi a dénoncé des pratiques peu transparentes qui auraient cours au ministère. Il s'est ainsi offusqué du fait que le Dg des Sports, Allah Kouadio, ait pris sur lui de retirer les boxeurs sur la liste des participants ivoiriens aux Jeux africains qui se sont déroulés récemment à Alger. Alors même que, clamera-t-il, les éliminatoires de la zone 3 de boxe ont été organisés par la Côte d'Ivoire qui a pu ainsi qualifier quatre boxeurs. ''Quand l'Etat de Côte d'Ivoire dégage 600 millions comme ça été le cas des Jeux, l'argent est destiné à tous les sports puisque tous sont des contribuables. Il n'appartient pas à quelqu'un de décider du sort des uns et des autres'', a ajouté l'officier supérieur à la retraite. Prenant la parole à son tour, Ouattara Brahima s'est appesanti sur les primes olympiques, 10 000 F Cfa par jour, qu'il estime dérisoire ainsi que sur la gestion qui est faite par le ministère des budgets alloués aux fédérations. Citant en exemple le fait que disposant de 80 millions alloués pour cette année, la fédération soit dans l'impossibilité de payer les droits de participation à la prochaine coupe d'Afrique des clubs prévue le mois prochain à Cotonou au Bénin pour les clubs statutaires de l'Africa Sports et du Red Star. ''C'est ahurissant, mais on nous a répondu que nous ne disposions plus que de 24 millions alors que nous n'avons fait aucune dépense qui puisse grever ainsi notre budget initial'', s'est-il étonné. Pour ces trois qui parlaient ainsi au nom des 27 fédérations sportives de Côte d'Ivoire, il est temps d'arrêter des pratiques qui pourraient tuer à la longue le sport ivoirien. Ils préconisent à cet effet le vote de lois claires sur la politique du sport en Côte d'Ivoire ainsi que sur son financement. ''Nous ne voulons plus avoir affaire aux intermédiaires comme c'est actuellement le cas. Ils ont suffisamment prouvé qu'en matière de transparence dans la gestion, ils sont loin d'être des modèles'', a enfoncé Koré Moïse qui annonce un lobbying auprès des députés ivoiriens afin qu'ils se penchent sur la question. Quant aux états généraux annoncés par le ministère, il a répondu qu'il attend de voir. Pour l'heure, il a demandé qu'on réanime le sport scolaire et universitaire plongé dans un profond coma avant de parler d'états généraux. Comme on le voit, les jours à venir pourraient être tumultueux dans le microcosme sportif ivoirien. Alors qu'après le premier mondial de football, on s'attendait à une prise de conscience collective. A commencer par les représentants du gouvernement dont la fonction est de penser le développement du sport au lieu de penser à s'en servir.

Patrice BEKET
patrice_beket@yahoo.fr

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