mercredi 29 août 2007 par Le Nouveau Réveil

Les déplacés de la préfecture de Kouibly sont-ils rentrés chez eux ? Voilà la question que j'ai posée à Gnan Raymond.
Cette question m'était venue à l'esprit après la lecture d'un article paru dans le quotidien LE COURRIER N°1068 du vendredi 20 juillet 2007. Avant tout proppos relatif a la réponse de GNAN Raymond à ma question, je voudrais rappeler certains passages de l'article de M.Nazaire SERI. " Après le passage de la Caravane de la Paix à Kouibly, ce n'est pas le parfait amour entre les fils de la région .C'est le lieu de souligner avec force : des cadres de la région, que certains ont qualifiés (à raison d'ailleurs) " de fils indignes ", ont entamé une campagne haineuse et calomnieuse contre le principal initiateur du retour des parents sur la terre de leurs ancêtres. A Kouibly comme à Abidjan, les trois mousquetaires, de véritables démons de la division, sont entrés en scène ( ) A Abidjan, c'est le dénigrement systématique. Ces hommes en panne sèche d'idées novatrices et innovatrices font passer le maire de Facobly pour celui qui aurait récupéré le combat des déplacés pour en tirer des dividendes auprès de la direction du parti et de la Présidence de la République, oubliant que M.Gnan Raymond est lui aussi un déplacé de guerre. Aussi, pour battre en brèche le travail colossal que le maire de Kouibly a abattu en faisant retourner des centaines de déplacés à Kouibly, ces pêcheurs en eaux troubles ont-ils envisagé subitement un recensement des déplacés de guerre de la région. Pour prouver que les déplacés ne sont pas repartis, ce qui est un véritable non sens " A ma connaissance, Gnan Raymond, tu n'as rien fait pour marquer ton refus de ces propos haineux et injurieux à l'égard des cadres de la région dont le seul crime est de refuser de s'associer à une opération à la Don Quichotte qui ne repose que sur le mensonge et la fanfaronnade. Ta réponse vient de confirmer du reste, la légitimité de la démarche de ces cadres traînés dans la boue à des fins politiciennes.
Si j'ai écrit, ce n'est pas parce que je suis habité par la haine. Bien au contraire, j'ai toujours considéré le champ politique comme un espace d'échanges, de débats, d'émulations saines dans des propositions constructives dans le respect mutuel et non une arène pour gladiateurs. Mieux, je conçois mon rôle de cadre et d'homme de culture comme une mission non seulement au niveau de la région, mais également à celui de la nation. Cette mission consiste à mettre la lumière dans le chaos cosmique de l'avenir pour offrir aux futures générations une autre forme d'existence, humainement plus riche, socialement plus épanouie. Dans ta réponse, tu rends compte de ta tournée à Kouibly en tant que directeur de campagne de Monsieur Gbagbo, c'est légitime. Personne ne te conteste ce droit, encore moins un démocrate convaincu comme moi. Mais malheureusement tu confonds tout. Tu fais un mélange malsain des genres, ce qui est un attentat à la démocratie. C'est là que résident nos divergences.
Ta fonction de directeur de campagne ne te donne pas le droit d'insulter des citoyens tout aussi libres que toi de prendre des initiatives en faveur des populations déplacées. Dans le cas d'espèce, il s'agit des cadres qui assument leurs responsabilités en s'intéressant au sort des parents déplacés. La question que je t'ai posée dans mon précédent texte n'a pas eu la réponse que tous attendaient. Néanmoins, celle-ci a le mérite de nous édifier sur la réalité de l'opération que tu as organisée. Il s'agit tout simplement d'une campagne électorale. Il fallait assumer cela. Or, tu as fait croire que c'était pour aider les parents déplacés à retourner chez eux. Cela s'appelle du mensonge. Même la Présidence a dû être induite en erreur par le discours tenu sur ton opération à Kouibly dans les médias, tout comme ceux qui avaient été conviés à la réunion préparatoire du voyage (Mont Zatro). Tu parlais déjà du retour des déplacés. Alors un conseil, cher frère, la politique n'est pas un concours de mensonge ni une messe de sorciers. Notre région, déjà meurtrie par la guerre n'a pas besoin de champions en mensonges, mais de cadres compétents susceptibles de prendre en charge son développement. Je sais que de par ton nom, tu es un danseur né. Mais quand il s'agit de la vie des peuples dans des moments historiques aussi pénibles comme ceux que nous vivons, la danse n'a pas sa place, du moins pas dans les premières loges. Nous avons des défis redoutables à relever, ce qui implique des exigences d'ordre stratégique qui transcendent les querelles partisanes, les palabres de clocher-Il faut donc éviter les danses scabreuses du fanfaron. Monsieur le directeur de campagne, je voudrais te rappeler qu'avant d'être directeur de campagne, tu es maire de FACOBLY. A ce titre, tu as des responsabilités et des devoirs à l'égard des populations de cette commune. Or cela faisait sept ans que tu avais déserté ta cité, tu étais parti bien avant la guerre. Si le sort de ces populations te préoccupait tant, tu aurais pris des dispositions pour avoir des informations, surtout qu'aujourd'hui la zone est joignable par téléphone. Tu aurais su que les Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN) dont tu loues la disponibilité aujourd'hui n'ont jamais interdit l'accès de la région de Kouibly. C'est même étonnant que tu puisses ignorer que de nombreux frères y vont régulièrement et ce dès 2003. Il y a également des parents restés dans la région qui, parce qu'ils n'ont pas fui, étaient traités de rebelles par le FPI, comme si toute la population d'une région pouvait l'abandonner. Ceux-là recevaient la visite de leurs enfants des zones loyalistes pour les assister dans leurs difficultés (décès, maladies) En ce qui me concerne, j'ai dû attendre 2004 pour aller voir les miens dans la région et de 2004 à 2007 j'ai pu m'y rendre autant de fois que mes moyens me le permettaient. Je ne m'en tape pas la poitrine pour autant. Je ne saurais encore moins m'ériger en pionnier ni vanter une quelconque témérité pour être allé sur ma terre natale. Je n'ai fait que mon devoir d'assistance à l'égard de mes parents. Si donc vers la fin de 2007, un élu, censé être aux côtés de ceux qui l'ont élu, réapparaît après sept ans d'absence, il doit faire preuve d'humilité et reconnaître sa lâcheté au lieu de se prendre pour un héros en s'autoproclamant pionnier. Qui sont-ils ceux qui sont sortis accueillir ta caravane ? Ce sont des revenants, des fantômes ?
Un peu d'humilité !
Te voilà en plein délire quand tu prétends qu'avec ton retour au bercail, tu as ouvert la voie du retour à Kouibly et que grâce à cela, moi je peux désormais aller dans mon village. Mais je comprends ton problème. Tu ignores le sens exact du concept de pionnier. Il signifie entre autres, homme qui est le premier à se lancer dans une entreprise, qui fraye le chemin. Or apparemment pour toi, pionnier veut dire opportuniste, homme en quête d'occasions pour se faire mousser. Tu reconnais que c'était là l'objectif de ta caravane à Kouibly. C'est bien la preuve que les populations de Kouibly ne sont que du bétail électoral pour toi.
Persuadé qu'il suffit d'aller leur distribuer quelques billets de banque et le tour est joué, tu es allé ''te produire''de sous-préfecture en sous-préfecture. Mais les problèmes humains et sociaux des populations n'ont jamais fait partie de tes soucis ni de ceux de ton parti. C'est pourquoi après sept ans d'absence, ton premier voyage dans ta région est consacré à la campagne de ton candidat. Aussi, en tant qu'électeurs, sommes -nous en droit de nous demander ce que ton candidat fera de plus pour nos parents s'il venait à être élu, dans la mesure où depuis sept ans qu'il est au pouvoir, nous n'avons connu dans notre région que les affres de la guerre, l'exil, les souffrances infinies, la mort sans que l'Etat dont il est chef ne fasse rien pour nous soulager. A moins que ce soit toi le ''coupeur de route'Je tiens néanmoins à me réjouir qu'enfin toi et ton parti vous ayez compris que votre bellicisme est un chemin sans issue et que c'est dans la paix que se construit une nation. Mais pour cela, il faut avoir de la politique une conception plus noble. Elle doit se faire dans la tolérance et le respect de l'autre. Ceux qui ne partagent pas nos idées ne sont pas nos ennemis. Dans la vie des communautés humaines, la contradiction est vitale. Elle est la matrice du mouvement qui permet d'avancer. En outre, il faut comprendre qu'un parti n'est pas une fin en soi, ce n'est qu'un instrument qui sert à véhiculer des idées. L'enjeu de la politique, c'est une meilleure organisation de la société en vue d'assurer une vie plus épanouie aux hommes et aux femmes qui la composent. La vraie politique, c'est l'art de cultiver la paix. Paix à toi cher frère, et à l'avenir, posons des actes concrets ou ayons des idées concrètes pour le développement de Kouibly, notre terre.

Professeur Théophile KOUI

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