mardi 28 août 2007 par Fraternité Matin

Hier, sur RFI, Alassane Dramane Ouattara s'est prononcé sur l'actualité politique ivoirienne. Vous venez de battre le rappel de vos militants à la veille des élections en Côte d'Ivoire. Mais que leur dites-vous à propos de l'Accord de Ouagadougou de mars dernier qui a vu l'arrivée de Guillaume Soro au poste de Premier ministre. C'est un bon accord, un accord que vous soutenez?
Nous soutenons l'Accord politique de Ouagadougou. C'est un bon accord. Nous considérons qu'il permettra aux Ivoiriens d'obtenir enfin leurs cartes d'identité. Le processus d'identification est au c?ur de cet accord. Les élections avaient été fixées après dix mois, puis en janvier comme l'Accord l'avait prévu. Mais maintenant, ce sera en mars. Et si ceci devrait se passer conformément au calendrier et au chronogramme, je crois que nous aurons enfin une Côte d'Ivoire pacifiée et démocratique.
Etes-vous sûr que beaucoup d'électeurs du nord n'ont pas été choqués par cet accord?
N'y ont-ils pas vu une trahison, comme si Guillaume Soro avait pactisé avec le diable?
Non ! Ce n'est pas notre avis. Soro Guillaume n'a pas pactisé avec le diable. Il a été promu au poste de Premier ministre pour mener à bien ce processus. Il a un mandat qui est très clair et nous comptons sur lui. Nous avons confiance qu'il mènera à terme la mission qui lui a été confiée. On ne vous a pas vu le 30 juillet dernier, à Bouaké, quand Laurent Gbagbo et Guillaume Soro ont allumé la Flamme de la paix. Certains ont dit que vous n'avez pas voulu participer à un bal des sorcières?
Je crois qu'il était visible, que le RDR était représenté par Mme le secrétaire général, le Pr. Henriette Dagri Diabaté, qui conduisait une forte délégation de deux cents personnes. Et, à mon sens, ceci est un symbole. Laurent Gbagbo a obtenu la suppression du poste de Haut représentant des Nations unies pour les élections. Vous avez protesté. Si rien ne change, si ce poste n'est pas rétabli que va-t-il se passer?
Vous savez, nous avons été surpris par cette décision de l'Onu, car tous les acteurs ivoiriens s'étaient mis d'accord pour continuer avec le poste de Haut représentant pour les élections. C'est une décision qui fait partie des Accords de Pretoria, comme tant d'autres. Et nous ne comprenons pas que les Nations unies aient pu prendre, de manière unilatérale, une telle décision. Nous allons écrire au facilitateur, le Président Blaise Compaoré, pour lui dire que nous demandons le rétablissement de ce poste et la nomination d'un nouveau représentant aux élections. Et surtout qu'il faut veiller à la transparence des élections. Autrement, nous rendrions les Nations unies responsables de tout désordre, de toute violence qui résulteraient des élections de 2008.
Vous iriez jusqu'à dire que le camp Gbagbo veut frauder?
Une chose est claire, nous n'avons pas l'intention de frauder. Nous voulons des élections transparentes et démocratiques. C'est la seule façon, pour la Côte d'Ivoire, d'aller à la réconciliation et de faire en sorte que le pays retrouve une paix durable.
Laurent Gbagbo a dit qu'il faut aller aux élections vite, vite, vite. Etes-vous d'accord avec lui?
Allons-y vite, vite, vite, mais pas à la va-vite. Faisons en sorte que les différentes étapes du processus soient respectées. Que les audiences foraines démarrent ; que nous allions à l'identification, au recensement électoral, à la vérification des listes électorales. Je ne pense pas, pour ma part, que ceci puisse se faire dans deux ou trois mois. D'ailleurs, le Cadre permanent de concertation (CPC, né de l'Accord de Ouaga. NDLR) auquel appartiennent le Président Gbagbo, le Premier ministre Soro, le facilitateur SEM. Blaise Compaoré, le président Bédié et moi-même avait constaté, le 12 juin, que, vu le retard qui a été pris, les élections pourraient avoir lieu en mars 2008. C'est cela le calendrier que nous retenons, pour le moment. Mais, en tout état de cause, ce n'est ni au Président Gbagbo, ni au Premier ministre de fixer la date. C'est plutôt à la Commission électorale indépendante (CEI) de le faire. Nous pouvons nous mettre d'accord sur une période, mais il y a un travail technique à faire. La Commission électorale indépendante nous indiquera la date retenue en temps opportun.
Que dites-vous à ceux qui ont quitté votre parti tout récemment? N'est-ce pas une trahison de la part de MM. Ali Kéita, Jean Jacques Béchio, Zémogo Fofana?
En politique, chacun mène son chemin pendant le temps qu'il considère utile. En ce qui nous concerne, des millions d'Ivoiriens croient en notre victoire donc nous continuons notre combat. Ils sont partis et de nombreuses personnes et de hautes personnalités sont également arrivées au RDR. N'avez-vous pas l'impression que le camp Gbagbo a lancé une OPA aussi bien sur le RDR que le PDCI?
Ce serait totalement illusoire. Car le PDCI est le parti qui a remporté les élections législatives ; le RDR, les municipales. Et nous ne voyons pas comment le FPI pourrait avaler le PDCI ou le RDR. Ce serait une grosse indigestion.

propos retranscrits de Rfi par L. B. Parfait

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