lundi 27 août 2007 par Nord-Sud

Au terme de la rencontre avec ses militants, le président du Rdr a animé une conférence de presse au troisième étage du palais des congrès de Montreuil. L'intégralité des échanges avec les journalistes.


?Quelle est votre position sur les propositions de dates de la présidentielle faites par Gbagbo et les prévisions du Premier ministre Guillaume Soro ?

La date des élections n'est annoncée ni par le chef de l'Etat ni par le Premier ministre mais par la Commission électorale indépendante. Ceci étant, le chef de l'Etat et le Premier ministre sont les deux acteurs principaux de l'accord politique de Ouagadougou. Cet accord a prévu un calendrier et un chronogramme qui auraient permis de faire des élections en janvier 2008. Mais il se trouve que quand nous nous sommes rencontrés à Yamoussoukro le 12 juin au niveau du Cadre permanent de concertation qui comprend outre le facilitateur, le président Compaoré, le chef de l'Etat, le Premier ministre, le président Henri Konan Bédié et moi-même; ayant constaté les retards, à l'issue du point qui nous a été fait par le Premier ministre, nous sommes convenus de déclarer que les élections pouvaient se tenir en mars 2008. Bien entendu quelque temps après, nous avons tous assisté tristement et tragiquement à la tentative d'attentat contre le Premier ministre. Depuis fin juin, les choses se sont donc arrêtées. Nous avons accumulé deux mois supplémentaires de retard. En raison de cet événement tragique. Normalement à la prochaine réunion du Cpc, j'espère que nous pourrons indiquer plus précisément une plage qui permettrait à la Commission électorale indépendante de travailler et proposer au Conseil des ministres une date précise. Le problème n'est pas seulement une question de date, il faut s'assurer que, en cela le Premier ministre a raison, la question importante c'est la transparence des élections. Il ne faut pas des élections vite vite vite à la va vite, mais il faut des élections transparentes. Nous souhaitons que les dates qui seront annoncées par la Commission électorale tiennent compte du calendrier nécessaire pour les audiences foraines, l'identification, le recensement électoral, la publication des listes et leurs vérifications en vue de permettre des élections démocratiques.





?Les délégués Europe vous ont demandé de les associer au congrès de votre parti qui va certainement désigner le candidat de votre parti aux prochaines élections. En même temps, vous annoncez votre candidature. Pourquoi cette précipitation?

Le congrès est prévu par une décision du bureau politique pour la fin de l'année. Un comité d'organisation a été mis en place. Il travaille. Il nous proposera une date précise. Ce matin (Samedi 25 août : ndlr) à notre rencontre avec les délégués de l'extérieur qui a eu lieu de 10 h à 13 h, nous avons convenu que ceux-ci participeront au congrès. Ce que j'ai dit, et je souhaite que la presse soit plus rigoureuse et qu'elle soit plus exhaustive dans ses recherches, le bureau politique qui s'est tenu en juillet a indiqué clairement dans son communiqué qu'il me proposerait au congrès pour être le candidat du parti. Mes délégués extérieurs m'ont fait la même proposition ce matin. Ceci a été confirmé par la motion qui a été lue. Je n'ai fait que répondre à leur souhait. Il n'y a pas de précipitation.





?Le président Laurent Gbagbo a indiqué qu'il ne comprenait pas l'acharnement de l'opposition à réclamer la présence d'un Haut représentant pour les élections alors qu'elle est majoritaire à la Commission électorale indépendante qui organise les élections. Vous n'avez pas réagi, pourquoi?

L'opposition n'a pas l'intention de tricher, c'est cela notre position. Nous considérons que les principaux acteurs font partie de la Commission électorale indépendante. Cette commission a été organisée dans sa composition actuelle par les accords de Pretoria. Ceci n'a pas été remis en cause par le chef de l'Etat. En ce qui concerne le poste de Haut représentant pour les élections ceci a également été prescrit par l'accord de Pretoria. Il y a deux choses. La première est une question de forme et de respect des accords. On ne peut pas dire que l'accord politique de Ouaga fait référence à tous les accords passés, y compris ceux de Pretoria qui prévoient la création d'un poste indépendant de Haut représentant pour les élections et mettre cet accord de côté. Ne pas en tenir compte et dissoudre le poste de Hre, même si on dit que ses pouvoirs sont transférés au représentant spécial des Nations unies. Cet argumentaire nous l'avons déjà développé à Pretoria en avril 2005 quand nous nous sommes rendus compte qu'il y avait un problème avec les institutions ivoiriennes chargées d'organiser les élections.

Le Hre était un palliatif à l'illégitimité et au fait que les institutions n'étaient pas crédibles. C'est une violation de l'accord de Pretoria. Surtout que cette position a été confirmée le 12 juin par le Cpc où les principaux acteurs, que nous sommes, avions demandé au facilitateur de demander aux Nations unies de maintenir le poste. Donc, les Nations unies ont fauté à deux reprises. Par rapport à l'accord de Pretoria et par rapport à la position commune des leaders ivoiriens. Au plan de la substance, nous voulons des élections transparentes, nous considérons que la Commission électorale indépendante nous permettra de faire un travail de supervision et d'organisation des élections mais nous avons toutes les questions d'arbitrage de certification. Nous voulons que les prochaines élections soient propres, qu'elles ne soient pas calamiteuses comme le dit le chef de l'Etat lui-même. Et que surtout ces élections permettent le début de la sortie de crise. S'il y a des doutes sur la manière dont les institutions pourraient s'immixer dans l'organisation des élections, il y a donc un problème de fond. Si on veut des élections transparentes, on doit se donner tous les moyens de les avoir. Nous estimons que confier les missions du Hre au représentant spécial des Nations unies est une mauvaise décision parce que le représentant spécial a en charge la gestion administrative du contingent administratif de l'Onu, la gestion militaire des 4000 hommes de l'Onuci; il doit gérer les relations avec les autorités nationales, il doit veiller à l'application des accords de paix. Nous sommes persuadés qu'une seule personne, le représentant spécial, ne peut pas accomplir de manière efficace le rôle de Hre. C'est pour cela que nous avons écrit au facilitateur pour demander à l'Onu de revenir sur cette décision. Et de créer à sa prochaine session en octobre, le poste de Haut représentant chargé des élections. Il ne sera pas trop tard puisque les élections n'auront pas lieu avant les mois de mars, avril de l'année prochaine.





?Le Rdr est prêt pour aller aux élections avec les listes de 2000 ?

Il faut que nous soyons clairs. Nous ne voulons pas de liste qui nous permette d'avoir un avantage. Nous souhaitons que les Ivoiriens électeurs soient, en vertu de la loi, inscrits sur les listes électorales, c'est cela notre objectif. Il y a eu une liste pour le referendum, ensuite une liste, j'espère la même pour la présidentielle, une liste pour les législatives, en mars 2001. Il y a eu une liste pour les municipales et en Juillet 2002, il y a eu une liste pour les Conseils généraux. La première question que nous posons à la Cei est de savoir qu'elle est la liste que vous nous avez transmise. Qu'on se mette d'accord. L'accord de Ouaga parle de la liste de la présidentielle. Il y a des fiches d'émargement. On doit pouvoir les retrouver et contrôler pour s'assurer que cette liste est conforme à ce qui a été mis à la disposition des bureaux de vote. C'est ce que nous demandons. Une fois que cette liste sera validée par la Cei, elle permettra les exploitations. Notamment enlever de la liste toutes les personnes décédées, ajouter les personnes qui ont 18 ans qui ne sont pas inscrites, les personnes qui sortiront des audiences foraines dont la nationalité ivoirienne sera confirmée. Je veux que cela soit très clair, nous ne voulons pas un avantage. Nous voulons seulement de la transparence, c'est pour cela que nous nous battons. Et qu'à l'issue des élections, comme nous allons les gagner, que Laurent Gbagbo puisse dire qu'Alassane Ouattara a gagné les élections, je m'incline.





?Vous souhaitez le retour du Hre, si l'Onu n'accédait pas à votre demande, que ferez-vous pour la transparence des élections ?

Pour le moment, nos arguments ont été suffisamment solides pour que l'Onu puisse nous suivre. Nous pensons que la nouvelle équipe aux Nations unies ne saisit pas la complexité du dossier ivoirien. Nous pensons qu'avec l'aide du facilitateur, la décision sera prise de ramener le Hre. Ce qui est stratégique. Autrement, l'Onu prend une lourde responsabilité. Si ces élections sont contestées et qu'il y a de la violence, l'Onu sera directement responsable. Thabo M'Beki pourrait dire, je vous l'avais dit. C'est pour cela que j'ai créé avec Kofi Annan, le poste de Hre. Si Ban Ki-moon prend la responsabilité de supprimer le poste et que les mesures nécessaires ne sont pas prises pour s'assurer d'élections transparentes et incontestées, il aura créé le désordre en Côte d'ivoire et peut-être à l'échelle de la sous-région.





?Y a t-il une fissure dans vos accords avec le Pdci. Vous n'en avez parlé. A Paris, il se raconte qu'il y a problème?

Ceux qui me connaissent et qui connaissent la direction du Rdr savent que nous ne remettons pas en cause nos engagements. Nous les respectons. Le Rhdp a une plateforme qui est connue. Chaque parti présente un candidat au premier tour sauf si certains décident de ne pas présenter de candidats. Et au deuxième tour, nous soutenons le candidat le mieux placé. Il n'y a pas de changement. Nos alliances continuent, moi je suis en contact permanent, même d'ici, avec les présidents Bédié, Mabri et Anaky. Le directoire fonctionne correctement. Nous avons des stratégies communes, des positions communes sur le processus comme la réaction à la suppression du poste de Hre. La lettre de protestation a été signée par les quatre présidents du Rhdp. Aujourd'hui, il s'agissait d'une réunion avec les militants Rdr d'Europe et de France. Ce n'était pas le lieu de parler du Rhdp.





?Quels sont vos rapports avec le nouveau président français ?

(Rire). En quoi cela concerne la Côte d'Ivoire? Le nouveau président français a dit lui-même que nous sommes des amis; cela ne date pas d'aujourd'hui.





?Pourquoi n'étiez-vous pas à Bouaké à la signature de la flamme de la paix?

Je n'étais pas à Ouagadougou à la signature de l'accord de paix, cela ne vous a pas choqué?





?Votre absence a choqué certains militants.

En tout cas pas les militants de mon parti. Le Rdr était représenté par le professeur Henriette Dagri Diabaté. Il n'y a pas matière à polémique. Le ministre d'Etat, Henriette Dagri Diabaté, une dame respectée et respectable. Nous avons vu le symbole, nous attendons maintenant la transformation du symbole en acte concret.





?Le ministre de la Défense accuse le Rhdp d'être derrière la grogne dans l'armée.

Nous ne sommes pas des manipulateurs des forces de l'ordre. C'est bien connu. Les spécialistes en la matière se connaissent.





Propos recueillis par Karim Wally et Traoré M. Ahmed, Envoyés spéciaux à Montreuil

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023