samedi 25 août 2007 par Notre Voie

Revoilà l'affaire Guy-André Kieffer ! Ce journaliste franco-canadien, homme d'affaires, porté disparu depuis le 16 avril 2004 à Abidjan, dans des conditions non encore élucidées. Après plusieurs années de silence ainsi que la parenthèse Tony Oulaï et Michel Légré incarcérés puis relâchés, la France remet au goût du jour, l'affaire Guy-André Kieffer. A travers deux faits fort curieux. Il s'agit des propos diffusés le jeudi 23 août 2007 sur la chaîne de télévision publique, France 3, d'un prétendu témoin de la mort du journaliste et la réception par le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, d'Osange Silou, ex-compagne de Guy-André Kieffer. Pourquoi la France diffuse-t-elle maintenant les propos de son prétendu témoin, Berté Seydou, alors qu'elle disposait de cet élément filmé depuis longtemps ? Les deux journalistes de France 3 qui ont réalisé l'entretien avec Berté Seydou l'ont fait en collaboration avec la justice française dont deux magistrats ont en charge le dossier Kieffer. Pourquoi la justice française qui dit accorder du crédit aux propos de Berté Seydou, n'a-t-elle pas délivré un mandat d'arrêt contre le capitaine Tony Oulaï ? Puisque Berté Seydou cite nommément Tony Oulaï comme étant celui qui a donné l'ordre d'exécuter le journaliste Guy-André Kieffer. Quand Tony Oulaï a donné le signal par un coup de pistolet, les deux éléments ont mitraillé Guy-André Kieffer?, soutient Berté Seydou dans son témoignage à France 3. Curieusement, ces propos de Berté Seydou n'ont pas ému la justice française pour l'inciter à remettre sous les verrous Tony Oulaï. Et pourtant, elle l'a arrêté le 11 janvier 2006 en banlieue parisienne et l'a fait incarcérer à la prison de la santé (Paris) pendant plusieurs mois pour enlèvement et séquestration dans l'affaire Kieffer. Avant de le libérer contre toute attente. Tony Oulaï se trouve actuellement en France où il circule en toute liberté. Visiblement, la préoccupation de la France n'est pas celle de la Côte d'Ivoire. A savoir, faire la lumière sur la disparition à Abidjan du journaliste Guy-André Kieffer. Comme dans l'affaire du bombardement de la base française à Bouaké en novembre 2004, la France ne recherche pas la vérité. Elle poursuit sa guerre contre un régime qui contrarie sa mainmise sur l'Afrique francophone. Après avoir tenté en vain de déstabiliser le régime du Président Laurent Gbagbo en distillant du venin et de l'intox au sein de l'armée ivoirienne, la France sort une autre carte à la fois vieille et inopérante. Celle de l'affaire Guy-André Kieffer. Cela, au moment où elle offre, aujourd'hui samedi 25 août, à un de ses pions, Alassane Dramane Ouattara, une tribune au palais des congrès de Montreuil, banlieue parisienne, pour s'attaquer au régime ivoirien. Tout est si parfaitement synchronisé, qu'il serait surprenant que le président du RDR n'évoque pas l'affaire Guy-André Kieffer. Une façon pour Ouattara de prendre à témoin l'opinion internationale, deux jours seulement après que la télévision publique France 3 a lancé la campagne Tout sauf Gbagbo en direction de l'opinion française. Tous ces schémas contribuent à discréditer fortement la France et rend davantage ridicule sa justice qui demandait, à travers les juges français Ramaël et Emmanuelle Ducos, que Michel Légré, un citoyen ivoirien, soit extradé en France pour y être jugé. Idem pour des proches du chef de l'Etat ivoirien que la France accuse sur la base de rumeurs. Paris dit ne pas faire confiance à la justice ivoirienne. En Côte d'Ivoire, les Ivoiriens pensent exactement la même chose de la justice française. Non seulement ils ne font pas confiance à la justice française mais 63 % d'entre eux ont une très mauvaise opinion de la France (cf : sondage réalisé en juin 2007 par Axes Marketing pour le compte de la Fondation nationale des sciences politiques).
Un procès portant sur l'affaire Guy-André Kieffer menée en France par la justice française et ayant dans le box des accusés des Ivoiriens, ne pourra pas être un procès équitable. La justice française n'étant pas libre, surtout pour des affaires concernant l'Afrique, la recherche de la vérité ne sera pas la préoccupation majeure. Les centres d'intérêt sont ailleurs et édictés par l'Elysée. L'exemple de l'affaire du juge français Borel mort à Djibouti est là pour l'attester. Pour en revenir à l'affaire Guy-André Kieffer, le témoignage de Berté Seydou a tout l'air d'un film de Western où les acteurs agissent comme des pistoleros. Un être humain est froidement exécuté en pleine agglomération abidjanaise et, curieusement, les coups de feu de mitraillettes n'ameutent pas les riverains. Berté Seydou qui semble se présenter comme le proche collaborateur de Tony Oulaï, opposé à l'exécution de Guy-André Kieffer, ne s'est pas rendu dans les médias ivoiriens pour dénoncer cet assassinat alors même qu'il soutient que le commando-exécuteur était constitué de militaires. Il aurait pu se confier à la presse sous le sceau de l'anonymat. Par ailleurs, Berté Seydou est évasif sur le lieu d'enterrement sommaire du journaliste franco-canadien. Ils l'ont enterré .Il fallait garder le corps sur place sous la surveillance des militaires?, affirme-t-il. Où ont-ils enterré le corps de Guy-André Kieffer? Personne ne le saura puisque le témoin oculaire de son assassinat n'en sait rien. De fil en aiguille, le témoignage du prétendu témoin apparaît comme un ramassis de contrevérités qu'un immigré clandestin a débité en France en contrepartie de quelque faveur. Sans doute le statut de réfugié politique. Puisque c'est ce que la France aurait promis à Tony Oulaï, Mathias Doué et autres, s'ils contribuent activement à faire tomber le gênant Laurent Gbagbo.



Didier Depry didierdepri@yahoo.fr

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