samedi 25 août 2007 par Fraternité Matin

d'Etat traditionnel, pourrait-on dire. Les jeunes, aidés de femmes et de quelques vieillard, ont destitué dimanche dernier, Nanan Koffi Konan Augustin dit Baba Konan, chef du village d'Attiégouakro, chef-lieu de sous-préfecture situé à environ 20 kilomètres à l'est de Yamoussoukro. Sur instruction, raconte-t-on, de l'esprit de feu Nanan Koba Kouamé, patriarche des Nanafouès, qui a animé l'un des leurs, ils ont installé en lieu et place de Baba Konan, Atoumou N'Guessan. Un notable de l'infortuné chef. A l'origine de cette soudaine destitution, une affaire de sorcellerie et de cannibalisme.
Selon les informations et témoignages recueillis sur place, tout est parti du décès de N'Dri Kouakou Innocent. Jeune étudiant mort des suites d'une longue maladie le 5 août dernier. C'est pendant ces obsèques, le week-end dernier, que la crise s'est déclenchée. De quoi s'agit-il? La cousine du défunt, Issé Aya 18 ans, lors d'une brève réunion familiale, fait une sortie hasardeuse. La mort d'Innocent est une petite affaire. La prochaine mort sera plus effroyable, crie-t-elle à la mère du défunt. L'oncle, Koffi De Gaulle qui participait à la concertation tire sa chaussure et donne un coup violent sur la bouche de la petite. Celle-ci réplique en administrant une gifle à l'oncle. Il s'en suit alors une bagarre. Tous se ruent sur la jeune Issé Aya et la battent copieusement. Philippe, un jeune de 15 ans, qui assistait à la scène et qui, dit-on, possède un 6ème sens, demande à la famille de ne plus frapper Aya, parce que ce n'est pas elle qu'elle frappe. Aya se relève et administre une autre claque à une autre personne, puis court tout droit dans la maison. Précisément dans une pièce sombre interdite à toute personne étrangère. Sûrement un labo. C'est à ce moment que la nièce du défunt, la petite Béatrice entre en transe et révèle que la jeune Aya est sorcière. C'est elle qui aurait tué N'Dri Kouakou Innocent. Puis elle intime l'ordre à tout le monde de suivre Aya dans la pièce sombre. Tous s'exécutent. Et y découvrent un banc de sable prélevé dans des tombes, une pelle, une pioche, une pique et de nouvelles assiettes ainsi que des cuillères enfouies dans le sable. Toujours en transe, la petite Béatrice met à l'index la vieille Bohouo Affoué, soeur du chef du village, comme faisant partie de la confrérie, avant de rejoindre le chef qui était assis de manière indifférente à une trentaine de mètres de la scène. Sans tomber dans la langue de bois, elle accuse vertement le chef d'avoir participé au meurtre du jeune N'Dri Kouakou I. Ameutant ainsi toute la population qui se braque contre le chef. De manière spontanée, l'atmosphère surchauffe et c'est la tension monte dans la ville. Tous veulent en découdre avec le chef resté seul. Car les vieilliards qui l'entouraient bien avant la scène ont tous disparu, dès que la petite Béatrice a commencé ses révélations.
Alertée, Mme le sous-préfet, Ama Chia Carmen, a fait intervenir la gendarmerie pour ramener l'ordre et calmer les esprits.
Cependant, même si le chef a pu se sortir des griffes de la population pour trouver refuge ailleurs, les jeunes ne sont pas restés inactifs. Ainsi, en représailles, ils vont s'attaquer à de gros arbres situés au centre de la ville. Selon le président des jeunes, les personnes entrées en transe ont révélé que ces arbres qui existent depuis plus d'une soixantaine d'années, constituent des gîtes et des lieux de rencontres pour la confrérie des sorciers d'Attiégouakro. Ils disent avoir découvert dans leurs creux des boulettes semblables aux déchets d'insectes. Mais selon les personnes tombées en transe, ces boulettes sont en réalité des caillots de sang. Il n'en fallait pas plus pour engager un abattage systématique des grands arbres et manguiers géants. Personne ne voulant voir les oiseaux qui se sont envolés du gîte des sorciers venir dormir dans sa cour. Sait-on jamais.
Signalons qu'à notre passage à Attiégouakro, le calme était revenu. Mais l'on commentait allègrement cet évènement dans les cabarets et débits de boisson.
Koffi Kouamé
Correspondant régional

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