jeudi 23 août 2007 par Le Patriote

Le chef d'Etat-major est actuellement dans les casernes pour essayer de calmer ses hommes un peu effarouchés contre lui et le président de la République. Mais son action est plus guidée par des raisons politiques que d'ordre disciplinaire.

Le chef d'Etat-major est depuis lundi dernier en tournée dans les casernes. Objectif : faire baisser la tension qui ne cesse de monter au sein de l'armée. Car il est de notoriété qu'actuellement la Grande Muette a retrouvé l'usage de la parole et le fait savoir bruyamment. Au point de troubler le sommeil et la quiétude du Palais. Le cercle très restreint du pouvoir FPI n'a trouvé mieux que d'envoyer le Général Philippe Mangou auprès des mécontents. Pour calmer le jeu. Le président Gbagbo qui, au départ, croyait qu'il s'agissait d'un caprice de militaires, se rend aujourd'hui compte que le discours musclé qu'il a servi aux hommes en arme le 14 août dernier a mis de l'huile sur le feu. La grogne pour les primes et les grades ne s'est pas tassée. Bien au contraire. Elle s'est accentuée. Les militaires n'ont pas encore digéré le savon passé par leur chef suprême. Ils ont juré de laver cet affront. Car de mémoire de militaires, aucun président ne leur a ainsi parlé. Les échos des propos peu tendres à l'endroit du chef de l'Etat lui sont parvenus. Gbagbo a compris que l'idylle entre lui et les hommes en treillis s'est transformée en dépit amoureux. Pis, elle tend vers le divorce. L'armée est en train de lui échapper. L e chef n'ose pas affronter directement ceux qu'il a presque qualifiés d'incapables la veille de la fête de l'Assomption. La basse besogne revient donc au premier des soldats de Côte d'Ivoire. Il faut bien qu'il justifie ses étoiles de Général. Surtout la dernière qui continue de faire couler beaucoup d'encre et de salive. Peu importe la manière. Même si l'on doit y laisser sa dignité de généralissime, l'armée doit revenir dans le giron de la Réfondation. Même dans ses rêves les plus fous, Gbagbo sait que son projet de confiscation du pouvoir ne peut aboutir sans l'armée. Le FPI et l'armée, c'est comme le drogué et sa drogue. Il existe une dépendance très poussée. Le chef des Frontistes dans un moment de lucidité l'avait oublié. Mais, il s'est vite résous à l'évidence. Il n'est pas prêt de supporter les effets de manque. Mais l'homme fort du régime FPI ne doit s'en prendre qu'à lui seul. Le rapport plus hégélien que régalien qui existe entre lui et la Grande Muette est le fruit de ses calculs.

La rançon de la surenchère

L'opposant historique est aujourd'hui rattrapé par toutes les surenchères qu'il a faites autour de l'armée avant son avènement au pouvoir. Gbagbo avait promis depuis l'opposition qu'il allait faire des FANCI une armée moderne. C'est-à-dire améliorer les conditions de vie et de travail des soldats. Certes depuis son avènement au pouvoir, l'amélioration du niveau de vie est au rendez-vous. Mais pour ceux qui gravitent autour du noyau fort du pouvoir. Pour ceux qui ont une entrée directe au Palais. Les avancements et promotion se font à l'aune du militantisme au FPI et non au service rendu à la Nation. A preuve, les derniers avancements en grade qui continuent de susciter des interrogations dans les casernes. Un officier comme pour extérioriser les frustrations mal contenues au sein de la plus républicaine de nos institutions au sortie de la rencontre avec le chef de l'Etat avait même lancé ceci : Gbagbo dit qu'on n'a pas gagné la guerre. Pourquoi a-t-il promu Mangou et ses camarades ? Au fond, beaucoup de militaires actuellement désillusionnés ont compris que derrière le discours officiel, c'est le clientélisme et le népotisme qui guident les décideurs de la Refondation. Des pratiques qu'ils estimaient récurrentes quand ils étaient dans l'opposition et qu'ils avaient juré d'y mettre un terme arrivé au pouvoir. Apparemment, les vieilles habitudes ont la peau dure et semblent avoir pris le dessus sur les poches de moralité . Une situation qui fait grincer les dents dans les rangs des forces de défense et de sécurité. Une autre erreur qui coûte également en ce moment chère au régime FPI. Dès le déclenchement de la crise en septembre 2002, le président Gbagbo a cru bon de monnayer les services des forces régulières de l'armée de Côte d'Ivoire comme de vulgaires mercenaires. Les soldats sur la ligne de front percevaient une prime de 6000fcfa chacun par jour. Ceux dits en arrière position recevaient 3000 FCFA chacun par jour. L'argument avancé pour justifier ces énormes sorties d'argent était : Il faut encourager nos soldats qui se sacrifient sur les fronts. Comme si la mission de tout soldat n'est pas défendre sa patrie lorsqu'elle est attaquée. Mais au fond Gbagbo et le FPI le faisaient plus pour sauver leur régime que pour la Côte d'Ivoire. Il fallait plutôt encourager des militaires qui rechignaient à se sacrifier pour un régime. Il ne faut donc pas s'étonner que des soldats de l'armée régulière qu'on a traité comme des affreux réclament des arrièrés de primes à l'Etat pour service rendu à la Nation. Le président Laurent Gbagbo n'a pas à se fâcher contre les militaires. Les 300 milliards qu'ils réclament sont légitimes. Car ils n'ont pas demandé les premiers à être payés pour un travail pour lequel ils sont déjà rénumérés par l'Etat. Et il sera difficile pour le général de division Phillipe Mangou de faire lâcher prise à une soldatesque qui attend encore les retombées de la gestion autrement de la Côte d'Ivoire. Aux dernières nouvelles, le président Laurent Gbagbo selon des indiscrétions a décidé de satisfaire en douceur les desiderata des hommes en arme. C'est aussi une des vraies raisons de la présence du CEMA dans les casernes ces temps-ci.


Jean-Claude Coulibaly

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