Selon une étude récente, on estimait en fin 2006, à 39,5 millions le nombre de personnes qui vivent avec le VIH, dont 4,3 millions avaient contracté l'infection dans la même année. L'OMS et l'ONUSIDA estiment de ce fait que la prévention doit recevoir une attention beaucoup plus soutenue dans la riposte au SIDA. Et l'on s'efforce de trouver de nouvelles techniques de prévention afin de compléter la panoplie de méthodes ayant déjà fait la preuve de leur efficacité. La circoncision est l'une des nouvelles méthodes potentielles, de même que les microbicides vaginaux, la prophylaxie antirétrovirale avant exposition, le traitement suppressif de l'herpès, les méthodes contraceptives mécaniques et les vaccins contre le VIH. Plusieurs études montrent une prévalence plus faible de l'infection à VIH chez les hommes circoncis. Le 13 décembre 2006, les instituts nationaux de la santé (National Institutes of Health-NIH) des Etats-Unis d'Amérique ont annoncé que deux essais qui évaluaient les effets de la circoncision sur le risque d'infection à VIH seraient arrêtés à la suite de la recommandation du conseil de suivi des données et de la sécurité des NIH. Les deux essais, qui se déroulaient à Kisimu (Kenya) et dans le district de Rakai (Ouganda ont révélé une réduction du risque d'infection par VIH d'au moins 53% et 51% respectivement. Ces résultats confirment les conclusions publiées en 2005 après l'essai d'intervention d'Orange Farm en Afrique du Sud, financé par l'Agence nationale française de recherches sur le SIDA (ANRS). Cet essai a démontré une diminution d'au moins 60% du risque de transmission du VIH chez les hommes circoncis. L'OMS et l'ONUSIDA ont organisé une consultation internationale pour examiner les résultats des trois essais contrôlés et d'autres informations sur la circoncision et la prévention du VIH, débattre des répercussions sur les politiques et les programmes, et faire des recommandations concernant les questions de santé publique. Les conclusions sont irréfutables : la circoncision permet de réduire la transmission sexuelle du VIH de la femme à l'homme. Les données sur l'effet de la protection partielle de la circoncision sont remarquablement concordantes dans les études. Les trois essais contrôlés randomisés ont révélé que la circoncision pratiquée par des professionnels médicaux qualifiés était sûre et qu'elle réduisait d'environ 60% le risque d'infection par le VIH. Ainsi l'efficacité de la circoncision sur la réduction de la transmission du VIH de la femme à l'homme a été démontrée sans aucun doute raisonnable possible.
Aussi les recommandations de ces travaux soulignent- elles en leur point un que la circoncision doit être reconnue comme une mesure efficace de prévention du VIH. Le point deux indique qu'il faut considérer la promotion de la circoncision comme une nouvelle stratégie importante de prévention de la transmission hétérosexuelle du VIH de la femme à l'homme. Toutefois, les conclusions des travaux précisent clairement que la circoncision ne protège pas complètement contre l'infection à VIH. Les personnes circoncises peuvent toujours contracter la maladie et une fois séropositives, transmettre le virus à leurs partenaires sexuels. La circoncision ne doit jamais se substituer à d'autres méthodes de prévention du VIH à l'efficacité reconnue, mais toujours s'insérer dans un ensemble de mesures comprenant le report de l'âge des premiers rapports sexuels, les rapports sans pénétration et la diminution du nombre de partenaires sexuels ; la promotion et l'utilisation correcte et régulière des préservatifs masculins et féminins ; les services de conseils et de dépistage du VIH ; et les services de traitement des infections sexuellement transmissibles.
Marie-Adèle Djidjé
Source embargo : 28 mars
Nouvelles données sur la circoncision et la prévention du VIH : conséquences sur les politiques et les programmes.
Lucarne : Attention tout de même...
La circoncision comme moyen de lutte contre le sida. Nombreux ont accueilli cette nouvelle avec beaucoup de joie en pensant que le fait d'être circoncis les protégerait dorénavant contre le sida. Mais attention ! N'allons pas vite en besogne. Selon les études qui ont été réalisées, la circoncision réduit d'au moins 60% les risques de contracter l'infection à VIH chez l'homme circoncis. Ce qui veut dire que les mesures de protection conventionnelles contre le sida ne doivent pas être ignorées.
Sur le fil : S'abstenir de tout rapport six mois après la circoncision
La circoncision réduit certes les risques de transmission hétérosexuelle du VIH à l'homme. Cependant, l'OMS et l'ONUSIDA tiennent à ce que les messages insistent sur le fait que la reprise des relations sexuelles avant la cicatrisation complète peut accroître le risque de contracter l'infection au VIH chez les hommes séronégatifs récemment circoncis ainsi que le risque de transmission du VIH aux partenaires féminins des hommes séropositifs récemment circoncis. Les hommes qui se font circoncire doivent s'abstenir de tout rapport sexuel pendant au moins six semaines après l'intervention. L'idéal serait qu'un examen médical vérifie que la cicatrisation de la plaie est complète. Il conviendra ensuite de préconiser et d'appliquer d'autres stratégies de prévention du VIH, parmi lesquelles l'utilisation correcte et régulière des préservatifs masculins et féminins, comme pour les hommes non circoncis.
La circoncision aura les plus grandes retombées potentielles pour la santé publique dans les zones où le VIH est hyper endémique. C'est-à-dire dans les zones où la prévalence dans la population générale dépasse 15% ; où le virus se propage principalement par voie hétérosexuelle et où une forte proportion des hommes (plus de 80%) n'est pas circoncise. Les avantages sur la santé publique seront également considérables dans les zones qui connaissent une épidémie généralisée de VIH. Lorsque la prévalence dans la population générale est comprise entre 3% et 15%. On ne dispose suffisamment pas de données pour déterminer si la circoncision réduit la transmission du VIH chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes.
M-A D