mercredi 22 août 2007 par Notre Voie

Partage du pouvoir : solution ou obstacle à la résolution de la crise en Côte d'Ivoire ??. Tel a été le thème, récemment débattu, au Goethe Institute, sis à Cocody, au cours d'une conférence dont les intervenants étaient MM. Yacouba Konaté (professeur titulaire de philosophie, écrivain et critique d'art), Pierre Dagbo Godé (président de la Fondation nationale des Sciences politiques de Côte d'Ivoire) et Mlle Emily Hauesler (titulaire d'un master sur Etudes de la paix et relations internationales ). On a soutenu plusieurs hypothèses dans l'origine de la crise, dont l'hypothèse économique (conflit foncier notamment). Il y a eu l'hypothèse du statut des richesses et l'aggravation de la crise, et l'hypothèse de la crise néocolonialiste , pense M. Yacouba Konaté. Qui n'approuve pas la dernière hypothèse. Il a plutôt privilégié la question politique de cette crise. C'est dans l'examen de cette hypothèse qu'il a fait ressortir la notion de partage de pouvoir. Tenant un certain nombre d'acteurs politiques pour des opérateurs économiques, sans toutefois les nommer. Pour lui, beaucoup ont atteint leur limite politique intrinsèque. Il a trouvé lamentable qu'on assimile l'Afrique à la régression permanente qui entraîne le parti unique. Dr. Dagbo Godé voit les choses différemment. Quand il y a une guerre comme la nôtre, c'est qu'il y a un échec de notre condition humaine. Les questions fondamentales à se poser avant tout propos, c'est : qui partage le pouvoir et comment le partage-t-on ? Le pouvoir est le principal enjeu de la politique. On est souvent face à un partage forcé du pouvoir ou un partage volontaire du pouvoir , a-t-il situé l'assistance. Avant de faire la chronologie de la crise ivoirienne pour arriver au premier partage véritable du pouvoir à l'issue de la rencontre de Marcoussis. Marcoussis était un coup d'Etat constitutionnel. C'était un passage forcé du pouvoir avec un Premier ministre, en l'occurrence Seydou Diarra, à qui des prérogatives présidentielles devaient être octroyées. Le partage forcé du pouvoir a été parachevé à Kléber . Pour M. Dagbo Godé, la communauté internationale a fait une mauvaise interprétation de la crise ivoirienne. Les résolutions sur la Côte d'Ivoire, dont la 1633, ont été prises par l'ONU sous la dictée de la France . Ce partage du pouvoir était un obstacle, dira-t-il, à la résolution de la crise. Ce partage du pouvoir était fait uniquement pour chasser le président de la République sur le long terme. J'estime que le partage du pouvoir doit être volontaire si l'on veut passer par un partage du pouvoir pour résoudre la crise puisqu'au sein du gouvernement d'alors, on l'a constaté, les ministres se battaient. Dans un partage du pouvoir, personne ne sait le degré de sincérité des ministres qui entrent dans le gouvernement. Très souvent, ils ne sont là que pour défendre les intérêts de leur parti . Il a aussi parlé de l'Accord de Ouaga qui a entraîné un partage volontaire du pouvoir qui va peut-être nous emmener à la fin de la crise . En somme, reconnaîtra-t-il, le partage du pouvoir n'est pas la solution à la crise, mais peut être un instrument de résolution des conflits en Afrique.
M. Alain Toussaint, membre de la Fondation que dirige M. Pierre Dagbo Godé, a donné sa position sur le partage du pouvoir. En insistant sur la qualité des procédures. Pour lui, seules des élections démocratiques peuvent garantir le partage du pouvoir.
Dans la série des questions du public, M. Konaté a précisé sa pensée : Je ne crois pas que des élections peuvent abaisser les rancoeurs. La légitimité, c'est quand il y a une cohésion au sein de la société elle-même. On est dans un contexte où la question du pouvoir s'est dramatiquement posée à telle enseigne qu'on se demande si les leaders de ces forces politiques ne sont plus en politiques, ces partis vont leur survivre.
Il faut mettre en relief certaines valeurs. Le problème de notre crise, c'est que nous avons une crise de valeurs. La plupart de nos politiques (dirigeants) sont des médiocres. Il faut que les Africains travaillent. Il faut dépassionner le débat politique. Il y a trop d'impunités en Côte d'Ivoire à telle enseigne que l'on n'arrive pas à faire respecter la loi. Tout se termine en Côte d'Ivoire par des arrangements politiques. Le pouvoir n'arrive pas à faire respecter la loi. Et tout citoyen qui ne respecte pas la loi doit être mis à l'écart, au besoin physiquement. Car force doit rester à la loi. La démocratie, c'est aussi la loi et le respect de celle-ci. L'exercice de l'Etat de droit est une condition sine qua none à la démocratie. Le partage du pouvoir participe à la résolution de la crise. Mais ce n'est pas la solution. Seules les élections peuvent être une solution idoine à notre crise. Dans toute démocratie qui se respecte, on utilise la force pour faire respecter la loi. Mais, ici, on procède par des arrangements. C'est dommage , dira M. Dagbo Godé répondant à une question dans le public.



Marcellin Boguy

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