mardi 21 août 2007 par Fraternité Matin

Le ministre de la Solidarité et des Victimes de guerre a effectué, du 17 au 19 août, une visite à Guiglo. Le ministre de la Solidarité et des Victimes de guerre est amer. Dacoury-Tabley Louis-André est convaincu que, dans la gestion de son département ministériel, il est victime de peaux de banane et de crocs-en-jambe pour le faire échouer. Face aux déplacés et victimes de guerre de Guiglo qu'il rencontrait, ce samedi, à la salle des fêtes de la mairie de cette localité, il a soutenu que c'est seulement en juin 2007 que le projet d'ordonnance? -déterminant les modalités d'indemnisation des victimes de guerre - qu'il a déposé, en juillet 2006, soit presqu'un an plus tôt, sur la table du secrétariat général du gouvernement est arrivé en Conseil des ministres. Il faut donc espérer, a-t-il prié, qu'il (le texte en question, ndlr) ne sera plus l'objet de pratiques malsaines et curieuses tendant à retarder son adoption; toutes choses qui donnent l'impression que c'est à moi, en raison de mon appartenance politique, qu'on veut faire du tort en retardant inutilement la mise en ?uvre d'un texte qui est totalement au bénéfice de tous ceux qui souffrent d'avoir tout perdu du fait de la guerre?. A cette rencontre, le ministre a instruit ses auditeurs de Guiglo de l'existence d'une Opération d'indemnisation des victimes de guerre (OIDVG) initiée en 2004. M. Dacoury-Tabley a expliqué que cette opération se présente sous forme d'audiences foraines où les populations se présentent et se font enregistrer. Aux guichets qui sont ouverts à cet effet, les postulants remplissent des fiches où ils indiquent les dommages subis et pour lesquels ils souhaitent être indemnisés. La déclaration de préjudices est personnelle?, a-t-il précisé. Avant d'avertir: Comme vous pouvez l'imaginez, les risques de fausses déclarations étant réels, il est prévu que ces fausses déclarations soient punies?. Toutefois, le ministre a assuré les populations que pour soutenir leurs déclarations, tous les moyens de preuves seront admis, quitte à l'Etat de se donner les moyens de vérifier? leur exactitude ou leur fausseté. Louis André Dacoury-Tabley a par ailleurs averti que toute réparation de préjudices moraux est exclue. Il a noté que l'OIDVG qui s'est déjà effectuée dans une trentaine de départements, se poursuit cette année. Puis il a révélé que depuis 2006, son ministère a initié un Programme d'aide au retour volontaire (PAR) à l'intention des déplacés de guerre qui veulent retourner chez eux et qui souhaitent être pris en charge par l'Etat. La direction de l'Assistance aux victimes de guerre, dirigée par le docteur Sidi Mariam, est l'interlocuteur privilégié des candidats au PAR. Les bénéficiaires du Programme sont convoyés par le ministère aux lieux où ils veulent retourner.
En outre, s'est réjoui le ministre, une fois chez eux, ils bénéficient d'un kit constitué de vivres, de non vivres et d'argent. En plus, pour sa réinsertion, a soutenu M. Dacoury-Tabley, une activité génératrice de revenus (AGR) est montée pour chaque retourné volontaire. Mais a fait remarquer le ministre, le PAR repose essentiellement sur la contribution financière des bailleurs de fonds. Par ailleurs, a indiqué le ministre, son département a mis en place une Cellule de solidarité et action humanitaire (CSAH). Celle-ci est quotidiennement à l'écoute des victimes de guerre en détresse et qui n'ont pas le minimum vital pour se prendre en charge? à Abidjan. Mais, a-t-il avoué, ses moyens sont très limités.
Louis André Dacoury-Tabley a profité de sa rencontre avec les déplacés de guerre de Guiglo pour réfuter la thèse selon laquelle la crise ivoirienne est religieuse. Pour lui, c'est parce que la population ivoirienne a perdu ses repères en matière de solidarité que la crise est survenue dans notre pays?. Aussi, pour éviter une autre crise de cette nature à la Côte d'Ivoire, le ministre propose-t-il la création d'un Observatoire de la solidarité et de la cohésion sociale. Cet instrument devra être, selon ses explications, la sentinelle qui interpelle chacun d'entre nous en cas de péril?. Pour l'heure, le n°2 des Forces nouvelles a appelé les Ivoiriens à puiser au fond d'eux-mêmes les ressources nécessaires au règlement des difficultés (la guerre, ndlr)? nées de diverses incompréhensions pour se comprendre mutuellement et reprendre le cours normal de la vie?. A la grande satisfaction de ses hôtes, le ministre de la Solidarité et des Victimes de guerre a annoncé l'ouverture prochaine d'une antenne de son ministère dans la Cité du pardon?, capitale de la région du Moyen Cavally. Puis il a promis d'analyser les préoccupations des déplacés, notamment celle relative à leur retour dans leurs villages ou plantations, dès son retour à Abijdan en vue d'y apporter des solutions idoines. Comme à toutes les autres étapes de sa visite, le ministre de la Fonction publique et de l'Emploi, Hubert Oulaye (fils de la région), et le préfet militaire de région, préfet de Guiglo, le colonel Danon Djédjé Apollinaire, étaient aux côtés de Louis André Dacoury-Tabley. Tous ont salué sa visite à Guiglo, chef-lieu d'une région qui a été particulièrement éprouvée par la guerre et qui a abrité le plus grand centre de déplacés de guerre du pays.
Guiglo attend le retour des déplacés de guerre chez eux
Les populations de Guiglo ont saisi la visite du ministre de la Solidarité et des Victimes de Guerre chez elles, du 17 au 19 août, pour crier leur douleur causée par la crise. Un cri qui se résume en le déplacement de milliers d'Ivoiriens, pour la plupart de la région du Moyen Cavally et de bien d'autres planteurs de diverses nationalités, notamment des Burkinabè et des Maliens. Aujourd'hui, la préoccupation essentielle de ces déplacés de guerre demeure le retour chez eux. Une préoccupation qui a été clairement exprimée au ministre Louis André Dacoury-Tabley, particulièrement au Centre d'accueil temporaire des déplacés (CATD) de Nicla 2, le 17 août. Alors qu'il y entamait la visite aux déplacés et victimes de guerre. Ici, Michel Tia, responsable du sous-bureau de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué que Nicla 1 et Nicla 2 qui ont accueilli des déplacés de guerre venus notamment de Bloléquin et Toulépleu, comptent encore 3 321 personnes qui attendent de regagner leurs plantations. Au nom de ces déplacés, Sawadogo Jean-Pierre, Zongo Husséini et Ouédraogo Alizéta ont souhaité que le gouvernement crée des conditions acceptables de leur retour dans leurs plantations avant la fin du mois de septembre. Ils ont soutenu que passé ce délai, la famine qui sévit déjà risque de s'aggraver parce qu'aucune culture vivrière ne pourra réussir après. Ils ont, par ailleurs, insisté sur la nécessité de bénéficier de kits de retour comprenant du matériel de travail, de vivres et de non-vivres. Ils ont aussi plaidé pour que les villages et campements qu'ils avaient désertés soient équipés d'eau, de structures sanitaires et autres commodités.
A la mairie de Guiglo, le porte-parole du comité de crise, Toui Bi Modeste, a indiqué qu'avec l'aide de la municipalité, sa structure a accueilli, nourri, logé et soigné environ 50 000 déplacés de guerre, au comble de la crise. Aujourd'hui, a-t-il précisé, nombreux sont ceux qui ont regagné leurs lieux d'origine mais d'autres attendent de le faire. Aussi, la cellule a-t-elle souhaité un soutien pour continuer à les assister en attendant l'ouverture d'une antenne du ministère à Guiglo. Le porte-parole des victimes, Koffi Joseph, a exprimé leur souhait de retourner dans leurs zones d'origine avec le concours du gouvernement.

Pascal Soro
Envoyé spécial à Guiglo

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