mardi 21 août 2007 par Le Front

Agacé par des revendications corporatistes à n'en plus finir, le chef de l'Etat Laurent Gbagbo a fini par craquer face à l'armée le mardi 14 août dernier au palais de la présidence. Je n'ai jamais dit que je vais donner 6 millions à chaque soldat , a-t-il martelé. Pour en arriver à cette situation qui a pourri l'air à Abidjan, ?'Le Front'' rappelle à la mémoire collective comment la cohésion d'antan au sein de l'armée a été brisée.


Je n'ai jamais vu et entendu qu'à la fin de la guerre on distribue des milliards aux soldats. Celui qui veut faire un coup d'Etat, sera arrêté (). Parlons fortes de Laurent Gbagbo, chef suprême des armées. C'était le mardi 14 août dernier au palais de la présidence face aux forces de défense et de sécurité, conduites ce jour-là par le chef d'état-major, le général de division Philippe Mangou. En tenant ce langage de vérité à ses soldats, conscient qu'ils sont capables de tout mélanger en une seule fraction de seconde, le chef de l'Etat ivoirien sait qu'il tient la barre. Comme, il n'a jamais raté l'occasion de la repéter. Haut et fort. Face à ?'son'' armée, Laurent Gbagbo joue désormais ?'cabri mort n'a pas peur de couteau''. Comme on le dit de manière prosaïque à Abidjan. Normal, puisque c'est sous son règne que la Côte d'Ivoire est coupée en deux en septembre 2002, à la suite d'une guerre militaro-civile sans précédent dans le pays. Mardi 14 août, le chef de l'Etat n'a pas hésité à reconnaître la faiblesse de ses troupes dans la guerre qui l'a opposée aux Forces armées des Forces nouvelles (Fafn). Vous n'avez pas gagné la guerre. Si vous l'aviez gagnée, on n'aurait pas parlé des grades aujourd'hui , a-t-il coupé sèchement. Sept ans après cette crise, la Côte d'Ivoire se trouve aujourd'hui avec deux (2) armées avec chacune son chef d'état-major. D'un côté les FDS-Ci dirigées par le général Mangou et de l'autre côté, les Fafn commandées par le général Soumaïla Bakayoko. Bien que brisée sous les règnes de Bédié et de Guéi, la cohésion au sein de l'armée a été mise à mal dès l'arrivée de Laurent Gbagbo au pouvoir en octobre 2000. Au point d'atteindre un pourrissement, provoquant ainsi une rébellion.

Le procès des généraux Palenfo et Coulibaly

En brouille avec le général Robert Guéi, ex-chef d'Etat pendant la transition militaro-civile, les généraux Lansana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly ont été jugés en février 2001 sur ordre du chef de l'Etat Laurent Gbagbo. Acquitté pour délit non constitué, le général Coulibaly a quitté le pays pour prendre ses distances vis-à-vis du régime Fpi. Quant au général Palenfo, après avoir purgé sa peine, il se consacre désormais à ses activités sportives au sein du comité olympique. Toujours est-il que ces deux généraux ont hanté les nuits de Laurent Gbagbo dès son accession au pouvoir au point d'inventer chaque jour des coups d'Etat dans le pays. Plusieurs officiers, généraux, soldats de rangs ont payé le lourd tribut d'être dans le sérail de la refondation. Contraints à l'exil, ils sont aujourd'hui nombreux à observer de loin ce qui se passe à Abidjan.

De la gestion de la crise

Dès le déclenchement de la crise militaro-civile en septembre 2002, l'état-major des armées dirigé par le général Mathias Doué était en proie à des suspicions, délation et autres coups bas. Conséquences, plusieurs officiers supérieurs dont les colonnels Kadio Miézan (ex-Cciat), Bakassa Traoré (décédé), lieutenant-colonel Jules Yao Yao, pour ne citer que ceux-là ont été emportés par le vent des mensonges des hommes de Gbagbo. Le général Doué suivra peu de temps après avec des côtes cassées, par des bidasses de la présidence. L'état-major des armées, sous le commandement de Doué décapité, ?'son fils'', Philippe Mangou est bombardé à sa place. Trois ans après sa prise de fonction, la situation n'est guère reluisante. Fatigué de jouer ?'le papa bonheur'', Laurent Gbagbo n'a plus envie de choyer ses soldats. Habitués qu'ils sont depuis le début de la crise aux primes de guerre. Et c'est là que le bât blesse. D'autant que la grogne au sujet de ce pécule s'intensifie dans les casernes. Même si pour l'heure on tente de calmer la tension, il faut reconnaître que la question demeure. L'accord de Ouagadougou ayant conclu à la réunification des deux armées (FDS-CI et FAFN), le chef de l'Etat Laurent Gbagbo devra tout réussir pour obtenir de ses troupes la sérénité et la quiétude dans la cité. Gage d'un retour définitif à la paix.



Déless Goué (dematong@yahoo.fr)

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