lundi 20 août 2007 par Fraternité Matin

Dame Yaré Rosalie, accusée de sorcellerie, a été tuée à l'arme blanche, au vu et au su de tout le monde, à Débrimou (Dabou), en mai dernier. Trois mois après le crime crapuleux commis à Débrimou sur la personne de Yaré Rosalie (50 ans) égorgée en plein village suite à des accusations de sorcellerie portées contre elle, les coupables de cet assassinat sont toujours en liberté, bénéficiant du mutisme des villageois sur la question.
Ici dans ce village, personne ne semble affecté par la mort de la pauvre dame soupçonnée alors d'avoir tué en sorcellerie un cadre de sa famille. Ni le chef de famille, ni le chef du village, ni même le député de Dabou, Yédé Jean-Claude et le maire Albert Kacou Tiapani, tous deux natifs du village n'ont saisi le tribunal sur la question. Personne n'est venu déposer plainte à la police?, nous dit le commissaire, agacé. Las d'attendre une éventuelle plainte qui n'arrive pas, le commissaire a saisi le procureur de la République près le tribunal de Dabou. Mme le procureur Ouattara Mah s'est portée partie civile et a porté plainte contre X. Dans le village même, des esprits s'échauffent dès qu'on aborde la question de l'indifférence affichée par le village. Que voulez-vous? Qu'on dénonce celui qui a puni celle qui a tué l'un des meilleurs cadres du village??nous lance une dame visiblement écoeurée. Un jeune homme lui croit que l'on doit appliquer la loi du Talion dans ce contexte précis. Ici c'est dent pour dent, ?il pour ?il. Un sorcier qui tue on le tue?. Cet avis est partagé par un sexagénaire assis devant sa porte. Mon petit, si tu laisses vivre une vieille sorcière sous ton toit, c'est comme tailler ton propre cercueil?, soutient l'homme. Dans cette grisaille d'invectives, seul un allogène vivant dans le village a eu la langue déliée. Ce peuple subi les aléas d'une forte tradition qui pèse sur tous les âges, même si un esprit lucide voudrait témoigner, il se raviserait, je sais de quoi je parle, cela me fait 20 ans de vie dans ce village et en pays Adjoukrou?, dit avec beaucoup de réserve l'étranger. Par ailleurs, selon des sources concordantes, ce genre de traitement des sorciers ne serait pas nouveau en pays Adjoukrou. L'on raconte ici et là qu'une autre dame qui avait bloqué? la chance de ses progénitures aurait été décapitée par l'un d'eux. Quelque temps après, il y aurait eu un déclic et les enfants ont percé?. Une autre histoire de la même trempe livre qu'un terrible sorcier aurait été jeté dans la tombe de son bourreau? le jour de l'enterrement de ce dernier. Dans tous les cas, pour cette fois, la justice veut aller jusqu'au bout pour traquer ces malfaiteurs.

Gueu Edison
Correspondant local

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023