samedi 18 août 2007 par Le Front

Les propos du chef de l'Etat, ces derniers jours, sur des questions d'importance nationale inquiète les Ivoiriens.

Le ciel ivoirien qui s'est un tout petit peu éclairci à la suite de la signature de l'accord politique de Ouagadougou, s'assombrit peu à peu. Le 4 mars dernier, après d'âpres négociations sous la supervision du facilitateur burkinabé, Blaise Compaoré, les clans présidentiel et Forces nouvelles ont signé un accord politique. Toutes les questions relatives à la sortie de crise figurent dans cet accord qui a suscité beaucoup d'espoir en Côte d'Ivoire. Depuis le 19 septembre 2002, date du déclenchement de la crise, c'était la première fois que les deux parties belligérantes se retrouvaient pour discuter directement. Cet accord inter-ivoirien mettait aussi les pieds dans le plat quant au règlement des questions épineuses. Celles-ci sont les grades des soldats des Forces nouvelles, la mise en place d'une nouvelle armée et bien d'autres sujets capitaux. Une meilleure négociation du virage de sortie de crise, semble-t-il, a guidé les négociateurs dans la mise en forme de cet accord. Mais, cinq mois après la signature de ce compromis politique, en dépit de quelques avancées notables, le chef de l'Etat s'échine à tirer en arrière la machine. A l'autre bout, le Premier ministre met tout en ?uvre pour l'avancée du processus de paix. Comme d'ailleurs depuis la signature du premier cessez-le-feu en octobre 2002 sous l'égide de la Cedeao.

L'inquiétante attitude du chef de l'Etat

Le mardi 14 août dernier, Laurent Gbagbo a eu une réunion extraordinaire avec l'ensemble des forces armées de Côte d'Ivoire sous son autorité. Le palais présidentiel a prêté son cadre à cet échange de vérité. Selon des sources bien introduites, le chef de l'Etat n'y est pas allé du dos de la cuiller pour charger ses hommes. Ceux-ci, soulignons-le, réclamaient bruyamment le paiement de leurs primes de guerre. La lascinante question des grades des soldats des Forces nouvelles figurait au menu des discussions. Au sortir de cette rencontre, la désillusion était le sentiment partagé par les hommes en armes. Laurent Gbagbo les aurait simplement humiliés. Sans autre forme. Il a maintenu une position de chef guerrier qu'on lui attribuait. C'est un refus catégorique qui a été la réponse aux desiderata des soldats de Mangou. Celui-ci a, lors de la célébration des 47 ans d'indépendance de notre pays, arboré ses nouvelles trois étoiles de général de division. Comme lui, des officiers jugés proches du pouvoir d'Abidjan ont gravi en échelon de grades. Toute cette atmosphère mécontente les hommes de troupes qui se sentent lesés. Car, en face, la présence du commandant Issiaka Ouattara des Fafn au défilé militaire au palais présidentiel a ravivé la question des grades des soldats des Forces nouvelles. Laurent Gbagbo a jugé inutile ce débat. Il n'a toujours pas encore décidé quelque chose. Tel un dieu, il prend son temps pour se prononcer sur la question. Au sortir du dernier conseil des ministres avant les vacances gouvernementales, il a laissé entendre qu'il n'a encore rien décidé sur les grades des Fafn. A sa suite, le général Mangou a affirmé devant les journalistes que ?'rien n'est encore réglé sur la question des grades des Fafn''. C'était au cours d'un point de presse convoqué dare-dare à l'état-major pour demander à la presse une meilleure collaboration avec l'armée. Toutefois, la presse n'a pas été admise à suivre la rencontre au sommet entre les soldats et le chef de l'Etat. Ce dernier, arguant qu'il n'a jamais fait de promesse aux soldats, leur a rappelé leur sacerdoce. Celui de défendre le pays. Ils n'ont simplement fait qu'accomplir, dans l'entendement du chef de l'Etat, leur tâche. Pas plus. Et donc, pas question de promesse là où les pontes du parti présidentiel ont profité de cette crise pour se faire une santé financière en bric-à-brac. La mésentente entre le chef suprême des armées et les forces de défendre et de sécurité n'a fait qu'attiser un sentiment de peur qui couvait. Au-delà des grands discours et des propos généreux sur les avancées du processus de sortie de crise, Laurent Gbagbo man?uvre pour gripper la machine. On lui connaît ce dada.



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