jeudi 16 août 2007 par Le Front

La grande muette est minée depuis peu par l'affaire des primes alimentaires. Jugée préoccupante, le chef de l'Etat a décidé de prendre le taureau par les cornes. En rencontrant, mardi dernier, au palais présidentiel au Plateau les Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire (FDS-CI), Laurent Gbagbo entendait mettre les points sur les i.



Et le président de la République, selon nos sources, n'aurait pas fait dans la dentelle. Initialement prévue au camp Galliéni au Plateau, en présence de la presse, la rencontre s'est finalement tenue au palais présidentiel, dans un huis clos absolu, c'est-à-dire loin des yeux et des oreilles des journalistes. C'est que le chef suprême des armés qui voulait cracher du feu comme à son habitude, ne voulait certainement pas le faire dans un camp militaire. S'il est vrai que la presse qui avait été conviée auparavant a été, in extremis ,priée de ne pas couvrir la cérémonie, nos sources rapportent que la rencontre a duré des heures. A en croire ces informations, ce temps a permis au chef suprême des armées de dire ce qu'il pensait à ses soldats.

Primes alimentaires

Sur la question des primes qui constitue le mobile-clé de la grogne au sein de l'armée, Gbagbo a été, on ne peut plus clair, avec ses militaires. Se désengageant, le chef de l'Etat, selon des sources concordantes, aurait déclaré devant les nombreux représentants de la grande muette, n'avoir jamais rien promis à qui que ce soit. Je n'ai promis six (6) millions de (Fcfa, ndlr) à personne. Vous imaginez ; même si c'est un million à chacun des militaires, gendarmes et policiers au front, voyez ce que ça peut faire. On me parle d'environ 600 milliards ; mais où irai-je sortir ça ? Dites-moi où ? , aurait assené celui que certains appellent le ?'Woody de Mama''. Pis, répondant aux préoccupations de la marée chaussée, le n°1 ivoirien lui aurait craché ceci au visage. Vous recherchez des primes, alors que nous n'avez pas gagné la guerre . Quand les sous-officiers, seuls d'ailleurs à s'adresser au chef de l'Etat, évoquent les sacrifices faits pour défendre les institutions de la République, lui, répond que les soldats ne doivent pas toujours en attendre de l'Etat. C'est leur part de sacrifice , tranche-t-il. Lorsque les défenseurs de la République font cas de la bonne santé financière des militaires des Forces nouvelles, qu'ils lient d'ailleurs aux casses de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (Bceao), Gbagbo s'exclame. Ah bon, ils ont cassé la Bceao ? C'est ce que vous voulez faire ? Allez-y, elle est tout juste derrière vous là ! .

Grades des Fafn

L'affaire des grades des éléments des Forces armées des Forces nouvelles (Fafn) n'a pas été ignorée. Plus rassurant, sur cette question, le chef de l'Etat aurait avoué qu'il n'a encore rien réglé. En tant que chef de l'Etat, président de la République et chef suprême des armées, c'est moi qui suis habilité à prendre un décret pour les reconnaître. Mais je ne l'ai pas encore fait , aurait-il déclaré. Avant de préciser que le chef d'état-major adjoint des Fafn, le commandant Issiaka Ouattara dit Wattao lui aurait dit qu'il n'est pas intéressé par un retour dans les casernes. C'est pourquoi, je l'ai laissé faire , aurait lancé Gbagbo pour justifier la présence de l'officier militaire au palais, dans ses apparats de commandant le 7 août dernier. En somme, la rencontre de mardi dernier n'a pas permis à Gbagbo et aux FDS-Ci de se mettre d'accord. Ce sont les militaires qui ont plutôt eu droit à un sermon de la part du chef suprême des armées. Toute chose qui frise l'humiliation. De là, déduire que le désamour ou le clash est consommé entre le chef de l'Etat et son armée, serait peut-être faire preuve de pessimisme. En tous les cas, l'avenir nous situera.



Ouattara Abdoul Karim

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