mardi 14 août 2007 par Le Matin d'Abidjan

Depuis le déclenchement de la crise, les ivoiriens vivent au rythme de rumeurs annonçant fréquemment des bruits de bottes au sein de l'Armée. Des ''informations'' qui partent bien souvent de l'administration militaire.

L'armée ivoirienne n'est plus aussi muette que par le passé. Depuis le déclenchement de la crise militaro-politique qu'a traversée la Côte d'Ivoire, c'est constamment que des questions d'ordre militaire pourtant classés '' secret défense'' se retrouvent dans la presse et sur la place publique. Samedi dernier, lors de la conférence de presse qu'il a animée au camp Galliéni, le Gal Mangou s'en est offusqué. Il a de ce fait demandé aux journalistes de faire preuve de responsabilité pour ne pas mettre la stabilité du pays en péril. Toutefois, le Chef d'état-major, très remonté n'a pas manqué de reconnaître que s'il y a fuite, c'est parce qu'au niveau même de l'institution qu'il dirige, le ver est dans le fruit : "Nous savons que certains de nos éléments travaillent contre nous. Pendant cette crise, nous avons constaté que les ordres d'opérations étaient récupérés et publiés. Mieux, ils sont balancés à l'ennemi à telle enseigne que maintenant pour faire passer les messages, on est obligé de faire déplacer des éléments pour les communiquer par voie orale". Mais il semble que malgré cette nouvelle disposition, l'officine à rumeur tapie au sein de la grande muette continue de fonctionner. Pour preuve, les récentes informations rapportées par la presse et faisant cas de grogne dans les casernes. Des bruits de bottes qu'on dit liées à l'acceptation des "grades Soro" par le Chef de l'Etat, à la promotion de certains officiers supérieurs et généraux dont le Cema et au détournement de primes de soldats par le Gal Mangou. Et à en croire le chef des FDS, c'est le fait de certaines personnes, "un peu chiffonnées par la promotion au grade de Général de division du CEMA. Et on se saisit de ces SMS et on veut faire croire à tout le monde que le CEMA est voleur ". Mais poursuit-il, " Dieu merci, ce n'est pas la majorité, sinon on ne serait pas arrivé à ce stade ". A l'analyse, on retient donc que le mal de l'armée ivoirienne se trouve en son propre sein. Le Gal Mangou gagnerait donc à tout mettre en ?uvre pour extirper le ver du fruit et assainir ses troupes s'il veut maintenir la cohésion de son groupe. Parce qu'un militaire du fait du serment qu'il a prêté de servir la République, ne devrait pas travailler contre celle-ci. Or si des documents authentiques et confidentiels sont publiés dans des journaux, c'est parce que, en amont, quelqu'un au sein de l'armée a manqué au respect de son devoir régalien. Parce que c'est désormais de façon récurrente que la rumeur empoisonne l'armée. A preuve, les nombreux coups d'Etat heureusement déjoués mais, qui somme toute, ont été préparés à partir des casernes. Le Gal Mangou devrait donc, comme il le fait déjà, multiplier ses visites dans les camps militaires pour parler à ses hommes (officiers et sous officiers), leur porter l'information vraie mais surtout les sensibiliser au respect de l'éthique militaire. Parce que des documents officiels diffusés peuvent mettre en péril la vie de la nation. C'est donc un vaste chantier qui attend le Cema.

Mireille Abié

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