Retiré des feux de l'actualité depuis l'arrivée de Guillaume Soro à la Primature, Charles Konan Banny, l'ancien chef du gouvernement, coule depuis quatre mois des jours " tranquilles " dans sa retraite dakaroise. D'où il prépare son retour en force en Côte d'Ivoire. Et ce ne sont pas les signes annonciateurs qui manquent. Révélations.
Charles Konan Banny, ancien premier ministre de Côte d'Ivoire et gouverneur de la BCEAO, est-il candidat à la prochaine présidentielle ? Sans être affirmatif, on peut avancer que l'éventualité n'est pas à exclure, vu les signes multipliés dans ce sens, ces dernières semaines, par les services de l'enfant de Morofè. En effet, si on en croit des sources proches de l'ancien chef du gouvernement, ce sont environ 36 véhicules de type 4x4, mis en route par les soins de l'ancien " primus ", qui ont récemment débarqué à Abidjan pour être immatriculés fin mai dernier. Selon les informations en notre possession, ces véhicules sont stationnés dans la nouvelle résidence de Banny à la Riviéra-M'Pouto. Voulant en savoir davantage, nous nous sommes rendus sur les lieux où nous nous sommes heurtés à un imposant dispositif de sécurité qui nous a sèchement éconduit, sans pour autant infirmer nos informations. D'ailleurs, la nervosité et la grande méfiance dont les gardiens du temple faisaient preuve nous ont conforté dans notre position, tant ils donnaient l'impression de garder jalousement un précieux trésor. Bref. Ces engins, confie-t-on, sont destinés à la future campagne présidentielle ivoirienne. Mais sur la question, l'entourage du gouverneur de la BCEAO n'est pas encore formel quant à la participation de ce dernier au scrutin présidentiel ou non. Et sur le sujet, deux schémas sont esquissés. Il s'agit d'une première hypothèse qui verrait effectivement postuler Banny, en tant que candidat indépendant qui vient capitaliser le peu de sympathie acquis auprès des Ivoiriens lors de son passage à la primature. Dans cette entreprise, l'homme, assure-t-on, compte sur les militants du PDCI, désabusés par les choix de Bédié et la direction du vieux parti, mais qui ne sont pas pour autant prêts à rallier le camp Gbagbo. Les tenants de cette thèse reconnaissent que ce schéma n'est pas des plus aisés car sans une machine politique forte, il serait difficile à leur favori de faire prospérer ses ambitions. A l'opposé, il y a ceux qui soutiennent mordicus que le gouverneur de la banque centrale ne sera pas candidat dans l'immédiat. Et que les véhicules de type de type 4X 4 ne serviront pour l'heure qu'à arracher la sympathie et la loyauté de certains secrétaires de section influents de l'appareil du PDCI. Cela dans la perspective d'une succession au président Aimé Henri Konan Bédié à la tête des " Vert et Blanc " ivoiriens. A charge pour ces derniers en retour, d'ouvrir le chemin de la conquête du pouvoir à leur généreux bienfaiteur. Les téléphones satellitaires (thuraya), livrés par dizaines, ces dernières semaines et que brandissent déjà fièrement, dans la cité abidjanaise, les agents recruteurs de Charles Konan Banny, sont, dit-on, destinés à la même cause. On le voit bien, pendant que le camp présidentiel et les ex-rebelles comptabilisent au quotidien les avancées de l'Accord politique de Ouagadougou, et pendant que l'opposition réunie au sein de RHDP crie déjà à la fraude électorale, l'ancien chef du gouvernement, lui, prépare minutieusement son retour dans le marigot politique national. Un retour que l'homme veut par la grande porte si on en croit les confidences de certains de ses proches. Ce serait une façon pour lui, selon ses aficionados, de prendre une sérieuse revanche sur tous ceux qui l'ont poussé par la fenêtre en mars dernier. Et l'arsenal dont nous parlions plus haut ne serait rien d'autre que le début du déroulement de la machine de Banny. Un dispositif qui, dit-on, montera en puissance- avec notamment l'arrivée d'autres matériels- à mesure que l'on s'approchera des élections en Côte d'Ivoire. Les adversaires du gouverneur sont avertis. Qui vivra verra.
Maxime Wangué