vendredi 10 août 2007 par Nord-Sud

Depuis juillet 2006, les affaires maritimes et portuaires sont en proie à des crises récurrentes. Le président de la coordination des agents de cette administration, Sergent Koua Ekian Daniel, fait la lumière sur ces crises et dénonce les tares du code maritime ivoirien.



? En 2006, vos mouvements de protestation ont emporté le Dg, Tibet Bi Balou. Malgré ce départ, la crise semble persister. Quelle est la situation aujourd'hui?

C'est la mauvaise gestion des ressources matérielles humaines et financières de l'administration que nous dénonçons et qui a abouti à la suspension de M. Tibet Bi Balou et la désignation d'un intérimaire en la personne du colonel Dassier Kobenan, administrateur des services financiers, qui a pour mission essentielle d'engager différentes reformes. La mise en ?uvre de ces reformes se poursuit sous notre vigilance



? Aujourd'hui, quels sont vos rapports avec cet intérimaire ?

Nous sommes une structure syndicale et nos rapports avec l'autorité s'inscrivent dans le sens du bien-être de nos agents. Et en ce sens nous avons déjà pu obtenir avec l'intérim la signature d'un contrat d'assurance maladie. Nous avons pu obtenir aussi la séparation des comptes de la Dgamp qui était en son temps dans un seul moul. Nous avons conclu une sécurisation des recettes et aujourd'hui, nous assistons à une liberté d'expression. Ce qui a entraîné aujourd'hui la création d'autres structures syndicales. Nous espérons qu'avec les équipements roulants, et avec les projets d'équipement naval, nous pourrions chercher à accélérer un peu ce processus.





? Que reste-t-il à faire pour mettre fin à la crise au sein de la Dgamp?

L'intérimaire joue son rôle, c'est-à-dire celui d'entreprendre des reformes. Mais, pour aller plus en profondeur, il nous faut l'adoption du cadre organique. C'est ce cadre organique qui permettra la nomination d'un Directeur général qui va mettre fin à l'intérim et définir clairement les tâches du Dga et de la 5ème direction centrale qui va prendre en compte les ressources humaines et les ressources financières. Il y a beaucoup de problèmes sociaux. Mais, nous pensons que la bonne définition du cadre organique permettra de les résoudre. Allons pas à pas au risque de tout mélanger.





? Le nouveau ministre des Transports, Mabri Toikeusse a-t-il pris connaissance de cette exigence de cadre organique?

Oui, il est très attentif à nos revendications. Nous avons eu deux rencontres avec lui pour poser le problème du cadre organique. Il nous a donné des assurances en promettant de prendre les choses en main de façon consensuelle.





? Qu'a-t-il dit concrètement ?

Les échanges ont été fructueux. Il nous a rassurés que tout ce qui a été acquis lors de nos négociations sera affiché au grand jour. Nous sommes ainsi en contact permanent avec son cabinet. Nous osons croire en ses assurances. Cependant, dans ces derniers jours, nous avons des informations récurrentes qui ne nous rassurent pas. Elles nous disent que le ministre serait sur le point d'abandonner ses promesses. Nous mettons ces informations sur le compte des rumeurs. Et nous attendons toujours le ministre qui jouit d'une crédibilité auprès de nous.





? Un collectif de marins revendique le départ immédiat de l'intérimaire, et vous accuse en tant qu'aînés d'avoir abandonné la lutte?

Aujourd'hui, plus que jamais, l'administration des affaires maritimes a besoin de calme. Nous avons dit qu'il y a eu un temps pour lutter et changer le système. Aujourd'hui, nous demandons aux camarades de rester calmes. Restons solidaires pour que les reformes aboutissent. Allons pas à pas. Le mal est profond. La clarification de l'organigramme sera déterminante pour la suite. Nous sommes aussi en train d'attaquer le mal lié au code maritime qui date de 1961. Ce code n'est plus adapté aux réalités du monde maritime. Tout ce changement ne sera obtenu que dans une bonne ambiance.





? Que reprochez-vous au code actuel ? De quelles tares souffre-t-il?

Je veux dire que tout comme le code de la douane, le code de la marine est un instrument de régulation de toutes les activités du secteur maritime. Celui de 1961 est largement dépassé. Il ne répond plus aux besoins des opérateurs du secteur, et singulièrement, les agents des affaires maritimes. Le cas le plus dramatique que ce code nous a fait vivre en Côte d'Ivoire s'appelle Probo Koala. Quand ce navire est arrivé à Abidjan avec tout le problème qui a suivi, toutes les administrations se sont renvoyé la balle parce que le code était réellement muet là-dessus. Il n'y a pas de responsabilité qui est nettement dégagée par rapport à une administration pour la gestion des cas de pollution provoquée par un engin entrant par voie maritime. Le milieu marin est en perpétuelle évolution. Et malheureusement notre code de 1961 n'a pas connu de changement alors qu'il faut toujours adapter le code et donc la loi nationale aux conventions internationales. Quand nous signons les conventions internationales il faut toujours les adapter aux lois nationales. Ainsi, dans le cadre des contrôles nous aurons des lois nationales pour pouvoir réprimer ou simplement contrôler les bateaux battant pavillon étranger qui entrent dans notre pays. Malheureusement, notre code est très muet sur ces contrôles de navires étrangers. Il faut l'adapter. Autre tare, le code de 1961 ne prend pas en compte le code de sûreté Ips, alors que depuis les attentats du World trade center aux Etats-Unis, le monde maritime a connu une évolution dans ce domaine. Nous profitons de cette interview pour appeler nos autorités à y voir clair, à prendre cela avec beaucoup de sérieux pour éviter pire que les déchets toxiques.





? En termes de perspectives, comment rêvez-vous votre secteur dans les années à venir ?

Comme perspective, après le cadre organique, nous pensons qu'il va jaillir un souffle nouveau au sein de notre administration. Notre souci majeur c'est l'administration. Les hommes passent, mais l'administration demeure. Donc, nous en tant que structure syndicale, nous veillons à ce que cette administration ne se désagrège pas, comme le cas a été vu à la Poste. Nous demeurerons toutefois vigilants.





Interview réalisée par Djama Stanislas Col : Raphaël Tanoh (Stagiaire)

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