vendredi 10 août 2007 par Le Patriote

Au moment où le processus de sortie de crise entre dans sa phase cruciale suite à la cérémonie de la Flamme de la Paix, Moussa Dosso, ministre de l'Enseignement technique et de la formation professionnelle et membre influent du staff du Premier ministre, s'est confié à Le Patriote Dans l'entretien qui suit, il donne sa vision sur la suite du processus né de Ouagadougou.

Monsieur le ministre, quelle signification donnez-vous à la cérémonie de La flamme de la paix qui a eu lieu à Bouaké, le 30 juillet dernier ?
Moussa Dosso : Cette cérémonie du 30 juillet marque un tournant important dans l'histoire de la Côte d'Ivoire. Les deux acteurs principaux de la crise ivoirienne ont décidé de se rendre à Bouaké pour déclarer à la nation ivoirienne et au monde entier que la guerre est bel et bien finie. Je pense que c'est un acte majeur. C'est une déclaration qui va apaiser non seulement les Ivoiriens mais aussi la communauté internationale et plus particulièrement tous ceux qui ont décidé d'accompagner la Côte d'Ivoire pour qu'elle retrouve la paix. Et qu'elle conduise la sous région à des lendemains meilleurs. C'est cela le message que la manifestation du 30 juillet inspire. Et en second lieu, l'événement de Bouaké scelle un destin définitivement heureux pour la Côte d'Ivoire, puisque les militaires en plus du politique ont également accepté de venir scier un canon de 105 mm de diamètre et de jeter le bout du canon dans la flamme de la paix pour bien montrer que les deux armées ne seront plus jamais face à face, mais côte à côte pour conduire la Côte d'Ivoire vers la paix et des élections justes, propres et ouvertes à tous. Je crois que le symbole à retenir, c'est bien ces deux actions-là, tant au plan politique qu'au plan militaire.

L.P. : Monsieur le ministre, on est tenté de se poser la question de savoir à quoi doit-on s'en tenir maintenant ? Au-delà du symbolisme que revêtait cette manifestation, quels sont les défis majeurs qui se posent aux deux dirigeants ivoiriens ?
M.D. : Après cet événement du 30 juillet dont l'importance aujourd'hui n'est plus à démontrer, les deux acteurs doivent créer la confiance. Car sans la confiance, rien de durable ne peut être construit. Il faut que ces deux acteurs s'engagent sans calcul politique ou politicien pour exécuter les différents points contenus dans l'accord politique de Ouagadougou. Je crois que c'est cela le plus important. Aujourd'hui, nous avons terminé avec la cérémonie de La flamme de la paix , nous avons célébré le 47e Anniversaire de l'Indépendance de notre pays, il faut tout de suite enclencher sur les points politiques contenus dans l'accord. C'est à dire les audiences foraines, la question de l'armée, la question des élections et un certain nombre de sujets importants et qui ont posé des problèmes à la Côte d'Ivoire. Je crois que c'est à cela que doivent s'atteler les deux acteurs principaux.

L.P. : Vous-mêmes en tant qu'acteur, membre de l'une des parties signataires de l'accord de Ouaga, avez-vous confiance en la suite du processus ?
M.D. : Oui, j'ai confiance, aujourd'hui. Et depuis le 4 mars, date à laquelle l'accord politique de Ouaga a été signé, vous avez vu la cadence des décisions. Aujourd'hui, l'épineux problème de l'armée a commencé à être discuté. Même si au niveau du centre de commandement intégré, au niveau des grades, les choses ne sont pas encore terminées, l'on constate la volonté des deux acteurs principaux et de l'armée de créer des cadres de concertation pour justement aboutir à des décisions heureuses tant au plan politique qu'au plan militaire. C'est vrai, il reste encore beaucoup à faire, mais il faut que ces échanges puissent se poursuivre dans la confiance. C'est vrai que ça va être difficile. Nous sommes convaincus que la recherche de la paix ne sera pas facile, mais en même temps, nous n'avons pas le droit de reculer. Mais nous devons poser les problèmes et essayer d'y apporter les solutions. Voilà ceux à quoi nous allons nous atteler les mois à venir.

L.P. : Monsieur le ministre, êtes-vous d'accord avec l'un des acteurs qui veut qu'on aille aux élections vite, vite, vite
M.D. : Je pense que c'est une image quand cet acteur à qui vous faites allusion dit qu'on doit aller aux élections vite, vite. Et il y a aussi une autre chose qu'on peut dire.

L.P. : Quelle est cette chose-là ?
M.D. : On peut, pour ces questions-là, prendre en compte un à un tous les points de désaccord que nous avons énumérés et qui existent. Et justement, comme il le dit lui-même, aux yeux de la nation et à partir de la cérémonie de la flamme de la paix, les résoudre. C'est cela qui va permettre aux Ivoiriens de croire en ce processus de paix.

L.P. : Quels sont ces points de désaccords dont vous parlez ?
M.D. : Les audiences foraines, l'identification, le recensement électoral, disons, tous les points qui sont contenus dans l'accord de Ouagadougou. Je crois que c'est ce qui est important. Ce sont ces éléments-là qui permettent aux populations de croire ou de ne pas croire. Parce que nous connaissons tous ces points-là depuis le 4 mars, mais il va falloir que les deux principaux acteurs, en plus des partis politiques et le gouvernement, essayent de résoudre, point par point, tout ce que nous avons décidé dans l'accord politique de Ouagadougou. C'est aussi une manière d'aller vite, vite, vite aux élections. Et cela va permettre justement de faire comprendre à la population que nous avons décidé d'aller vite, mais surtout en ne sautant aucun obstacle pour aller à des élections qui pourraient être bâclées.

L.P. : Comment comprenez-vous l'exhortation faite par le Premier ministre au Chef de l'Etat, quand il affirme qu'il a la lourde responsabilité de transformer cette paix en une paix durable pour des générations et des générations ?
M.D. : Non, je pense que c'est simplement une invitation. Vous savez que depuis 5 ans, nous étions face à face. Les deux camps étaient l'un face à l'autre. Aujourd'hui, nous, au niveau des Forces Nouvelles, nous avons décidé de nous engager définitivement dans la recherche de la paix et de faire avancer le processus. Mais en face, nous avons l'autre acteur. Ce que nous demandons simplement, c'est cette invitation à résoudre effectivement les problèmes et non à surfer comme on l'a fait par le passé. Je crois que c'est ça. Et si le Premier ministre le dit, c'est parce que par le passé, il y a eu beaucoup d'obstacles. Aujourd'hui, ce que nous souhaitons, c'est que les deux camps s'approprient l'accord et tous les points qui ont posé problème jusqu'à maintenant et que courageusement, nous l'invitions à nous asseoir et à résoudre les problèmes, point par point. Je crois que c'est ce qui va permettre aux Ivoiriens de comprendre et surtout d'apprécier le vite, vite, vite du chef de l'Etat.

L.P. : Monsieur le ministre, tout cela était bien parti quand l'attentat contre le Fokker 100 du Premier ministre a eu lieu le 29 juin dernier. Alors, où en est aujourd'hui l'enquête ?
M.D. : Pour l'instant, je ne souhaite pas parler de l'attentat du 29 juin parce que nous avons confié l'affaire à des experts pour que la vérité puisse faire jour. Donc, je ne souhaite pas faire de commentaire sur ce point en attendant que les résultats de l'enquête donnent des précisions sur cette affaire. L'enquête suit son cours.

L.P. : La déclaration de cessation des hostilités par les deux forces en présence n'a pas empêché le régime de lancer l'opération Dignité le 4 novembre de la même année. Vous, les Forces nouvelles, ne craignez-vous pas une opération similaire après la cérémonie du 30 juillet dernier ?
M.D. : Non, non, je pense qu'il faut évoluer. Si vous vous rappelez, au mois de juillet 2004, il avait dit qu'il déclarerait, plus tard, la fin de la guerre. La différence est que, maintenant, le 30 juillet 2007 à Bouaké, il a dit que la guerre est terminée. Je pense qu'il y a une différence fondamentale au niveau de ces deux déclarations. C'est pour cela, je souhaite tout simplement le prendre au mot. Il a déclaré la fin de la guerre à Bouaké. Et bien, nous espérons tout simplement qu'aucun retournement de situation ne viendra perturber tous les acquis de ce processus.


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