vendredi 10 août 2007 par Le Patriote

L'officier adjoint des Forces Armées des Forces Nouvelles s'est rendu, mercredi, au camp d'Akouédo paré de ses galons de commandant en compagnie du colonel Konan Boniface, com'théâtre des FDSà Yamoussoukro.

La décrispation politique est véritablement en marche. Ce qui n'était pas possible, dans une côte d'ivoire divisée en plusieurs zones, l'est aujourd'hui. Par exemple, les éléments des forces nouvelles qui, jusqu'à un passé récent, étaient persona non grata dans l'ensemble de la zone gouvernementale peuvent, aujourd'hui, s'y promener sans crainte de représailles. C'est le cas du commandant Issiaka Ouattara alias Wattao. Présent à Abidjan à la faveur de la célébration du 47e Anniversaire de l'Indépendance de la Côte d'Ivoire, le chef d'Etat major adjoint des FDS Forces nouvelles est libre de tous mouvements. Il se déplace en toute liberté à Abidjan sans que le ciel ne lui tombe sur la tête. Pour la circonstance, le commandant Wattao s'est rendu mercredi dans l'un des plus grands camps militaires de la zone Sud, le camp d'Akouédo. Il était accompagné du commandant du théâtre des opérations militaires des forces loyalistes, le colonel Boniface Konan. Celui là même avec qui il avait porté haut l'étendard de la Flamme de la Paix lors de la cérémonie du 30 juillet dernier à Bouaké. Ces deux officiers qui symbolisent en eux-mêmes l'Unité retrouvée des Forces armées ivoiriennes ont fait fi de leurs divergences. Et ensemble, main dans la main, ils se sont rendus dans ce camp militaire d'Akouédo qui, disons le net, a constitué l'une des principales poches de résistance à l'offensive armée lancée le 19 septembre 2002 par ces soldats insurgés rebaptisés plus tard sous le vocable Forces nouvelles . Un camp militaire qui n'est pas inconnu du chef d'Etat major adjoint des FAFN. Pour mémoire, accusé injustement dans le cadre du complot du cheval blanc en septembre 2000 par le régime militaire du général Robert Guei, le commandant Wattao qui n'était alors qu'un caporal avait été incarcéré à la fameuse poudrière de ce camp de la mort, en compagnie d'autres soldats avec qui il avait tenté, sans succès, de rallier le Ghana voisin via Noé. C'est là qu'ils seront interceptés à un barrage et ramenés, manu militari, à Abidjan où ils seront gardés à vue au GATL avant d'être incarcérés à la poudrière d'Akouédo. Il s'agit, en l'occurrence, des caporaux Coulibaly Adama dit Adams, Aboudrahamane Issa, exilé aujourd'hui au Mali et du sergent de police Koné. Ce dernier a été tué à Yamoussoukro par les escadrons de la mort alors qu'il revenait de Bouaké suite à l'adoption de la première loi d'amnistie en novembre 2003. Le caporal Coulibaly Adam's qui était devenu entre-temps le com'zone adjoint de Korhogo aux côtés du commandant Fofié Kouakou a été tué, on s'en souvient, lors d'une rixe dans un night club de la Cité du Poro le 8 février 2004. Tous les trois avaient été atrocement torturés par les hommes du sanguinaire Boka Yapi dans l'indifférence totale des autorités militaires d'alors. Ils sont restés incarcérés à la poudrière jusqu'au 25 août 2000, jour de la prise du pouvoir par l'actuel chef de l'Etat Laurent Gbagbo qui, deux jours auparavant, avait lancé un appel insurrectionnel aux ivoiriens pour chasser le général Robert Guei du pouvoir. Wattao et ses compagnons n'ont de leur salut, à cette occasion là, que grâce à l'intervention énergique et téméraire du commandant Patrick Remarck. Ce dernier, en voulant sauver ses jeunes frères d'armes, y a perdu la vie. Par la suite, les miraculés de la poudrière d'Akouédo ont été admis à la polyclinique des II Plateaux où ils ont suivi des soins intensifs avant de prendre les chemins de l'exil et réapparaître, deux ans plus tard, à la tête de la rébellion des forces nouvelles. Certains soldats tels que Diomandé Souleymane dit La Grenade et Sansan Kambiré ont péri dans l'aventure d'Akouédo. Tandis que d'autres tels que Chérif Ousmane en sont sortis sain et sauf. Cela fait, jour pour jour, sept ans que le commandant Wattao, l'un des rares survivants de cette expédition punitive, n'avait plus remis les pieds dans ce camp qui symbolise à ses yeux les tortures les plus inhumaines qui puissent être infligées à un homme. Ce revers de fortune, expliquent certains de ses proches, constitue l'une des raisons de son ralliement au MPCI et de son engagement à la lutte armée enclenchée le 19 septembre 2002. En retournant donc mercredi dernier sur les lieux de la torture, en compagnie du commandant Boniface Konan, Wattao a du revivre des moments douloureux de sa vie de soldat. Par la suite, il s'est rendu, hier, jeudi dans son ancien camp où il a travaillé quand il servait encore dans les FANCI. Il s'agit d'un détachement commando situé à Marcory Zone 4. Ce même jour, il a pris part à un repas en commun offert par Blé Goudé, le leader de la galaxie patriotique au domicile de ce dernier à Yopougon. Mais au-delà du devoir de mémoire que ces parades de l'officier adjoint des FAFN inspirent, cette visite du commandant Wattao au camp d'Akouédo est tout un programme en soi. Du moins, elle marque un tournant important dans l'application effective de l'accord de Ouaga. C'est la preuve, si besoin en était encore, que le retour d'une paix en côte d'ivoire est en train de devenir une réalité apparente et tangible. C'est également le symbole de la réunification des deux armées ex belligérantes. Mais par-dessus tout, c'est la preuve palpable de la reconnaissance tacite des grades Soro : voir le commandant Wattao, l'ex caporal en rupture de ban avec l'armée loyaliste, passer en revue des soldats de cette même armée loyaliste en compagnie du commandant Boniface Konan, l'un des durs de cette armée dans un camp loyaliste, l'image est, en effet, très forte pour passer inaperçue. Cela relève pratiquement du miracle dans une côte d'ivoire encore divisée en plusieurs zones d'influence militaire. C'est surtout la preuve que le principe de la libre circulation des biens et des personnes préconisé par l'accord politique de Ouagadougou n'est plus une simple vue de l'esprit. Si Wattao peut, aujourd'hui, se promener librement à Abidjan, s'il peut rendre visite dans un camp militaire où il a subi, sept ans plus tôt, les pires atrocités et tortures, c'est que tout le monde peut aller et venir partout et en tout instant sur l'ensemble du territoire national. Sans que les escadrons de la mort qui ont semé la désolation dans les familles ou encore des éléments incontrôlés de l'ex rébellion ne leur tombent dessus. La parade de Wattao dans l'antre des loyalistes a ceci d'intéressant qu'elle brise les barrières de la méfiance et de la suspicion qui s'étaient, solidement, dressés entre les deux parties signataires de l'accord politique sensé conduire la côte d'ivoire à des lendemains meilleurs. Dès cet instant précis, tous les espoirs d'une normalisation rapide de la situation ivoirienne sont permis. Plus personne ne viendra encore remettre en cause les grades des soldats de Guillaume Soro. Tout comme, les soldats des Forces Nouvelles ne lèveront plus jamais l'arme sur l'un de leurs frères d'armes loyalistes. Et c'est tant mieux.


Khristian Kara

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