jeudi 9 août 2007 par Nord-Sud

La question des grades qui a longtemps divisé les ex-belligérants de la crise est en train de devenir un vieux souvenir.




Grades Soro : c'est réglé c'était là, l'information qui barrait hier la manchette du quotidien Le temps (n°1286). Notre confrère a en effet frappé en plein dans le mille. A dire vrai, sans tambour ni trompette, le président de la République a résolu l'épineuse question des grades Forces nouvelles qui était source d'agitation dans nombre de casernes des Fanci. Pour régler ce problème de façon subtile, Laurent Gbagbo a mis en place deux stratégies qui semblent porter leurs fruits, du moins, pour l'instant. La première stratégie a consisté à attribuer de nouveaux grades à ses officiers en commençant par le chef d'état- major des armées, le général Mangou Philippe. Il est devenu général de division au moment où nombre d'observateurs jugeaient son ascension trop fulgurante. Au début de la guerre, en 2002, il était lieutenant-colonel. En un temps record, il est devenu colonel, colonel major, général de brigade et aujourd'hui général de division. Autour de lui, Laurent Gbagbo a accordé des avancements à tout le monde. Avant ces récents avancements, plusieurs opérations similaires avaient eu lieu depuis le déclenchement de la crise armée. Dès l'instant où tout le monde a bénéficié d'au moins deux grades durant la crise, quel que soit le camp, nul n'est désormais fondé à remettre en cause les grades de son frère d'armes.

La seconde stratégie a consisté pour Laurent Gbagbo à accepter implicitement les grades des Forces nouvelles à travers les honneurs militaires que ceux-ci lui rendent. A Bouaké, le 30 juillet lors des flammes de la paix, les hommes des commandants Chérif Ousmane et Issiaka Ouattara dit Wattao ont rendu les honneurs avec leurs grades au chef de l'Etat et à ses pairs qu'il avait invités. Lors de la commémoration de la fête nationale au palais présidentiel, les militaires des Forces nouvelles se sont présentés avec leur grades et qualités devant le chef de l'Etat. En serrant individuellement la main des officiers supérieurs, Wattao s'est présenté à Laurent Gbagbo en disant clairement Commandant Issiaka Ouattara avant de faire le salut militaire.

Bien avant, cette étape déterminante, le général Soumaïla Bakayoko, chef d'état-major des Fds-Fn, s'est plusieurs fois rendu au palais présidentiel dans ses attributs de général, avec ses deux étoiles scintillantes.




Sensibiliser la troupe




On le voit, sans avoir pris un décret de façon formelle pour reconnaître les grades des ex-rebelles, il a résolu la question subtilement.

Les derniers avancements ne se sont pas étendus à la soldatesque. Les troupes n'ont pas été prises en compte pour le moment .Or en général, ce sont elles qui sèment la chienlit. Un conseiller du Premier ministre qui a requis l'anonymat estime que Laurent Gbagbo a procédé à l'avancement de ses chefs militaires afin que chacun d'eux aille calmer ses éléments et trouver les mots justes pour apaiser leurs craintes et inquiétudes. A la vérité, ils étaient nombreux les chefs militaires qui procédaient par chantage en déclamant chaque matin devant le chef de l'Etat que leurs éléments grognaient. En prenant le raccourci qu'il a emprunté, le chef de l'Etat les met face à leurs responsabilités et les invite à sensibiliser leurs hommes sur la nécessité d'accepter les grades de leurs frères d'armes contre qui ils ont fait la guerre.

Au-delà, il appartient au gouvernement de mener des actions en direction de la troupe qui, bien que silencieuse, a son mot à dire dans le processus de normalisation. Cela est valable pour les deux armées. Les petits de tous les bords ont besoin d'être sensibilisés.




Traoré M. Ahmed

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