jeudi 9 août 2007 par Notre Voie

Le vendredi 3 août dernier, le conseil d'administration du Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé sans réserve le Programme d'assistance d'urgence post-conflit (Aupc) négocié par le gouvernement ivoirien. Le Président de la République l'a annoncé dans son discours à la Nation. L'information est capitale pour l'avenir économique de la Côte d'Ivoire. Pour qui connaît le Fmi qui a la fâcheuse manie de chercher des poux sur les crânes rasés des économies des pays en voie de développement, il faut se convaincre que d'énormes sacrifices ont été consentis en si peu de temps par le gouvernement ivoirien pour ainsi mériter la confiance des administrateurs du Fonds. On se rappelle que seulement en mai 2006, un accord sur un programme d'assistance post-conflit a été trouvé entre la Côte d'Ivoire et le Fmi qui n'a pu être mis à exécution. Malgré tous les efforts fournis par le gouvernement d'alors, le Fmi a trouvé prétexte que la Côte d'Ivoire accuse des arriérées vis-à-vis de la Banque mondiale pour lui refuser sa caution morale. Toutes les démarches entreprises par les autorités ivoiriennes n'ont en rien modifié la position du Fonds.
Qu'est-ce qui a changé aujourd'hui pour que le Fmi renoue sans réserve avec la Côte d'Ivoire alors que le pays traîne toujours une lourde ardoise (la dette extérieure de la Côte d'Ivoire a atteint 6.700 milliards FCFA en 2007, dont 2.000 milliards d'arriérés vis-à-vis des bailleurs de fonds. La Banque mondiale a suspendu ses décaissements et tout nouveau prêt à la Côte d'Ivoire en novembre 2004 en raison du non-paiement des arriérés de dette estimés à 422 millions de dollars à la fin mars 2007) ?
Ce qui a changé, c'est d'abord la volonté politique des Ivoiriens d'aller résolument à la paix. Et la matérialisation de cette volonté est la célébration de la flamme de la paix à Bouaké, le 30 juillet dernier. Ce symbole s'inscrit dans la mouvance de l'accord politique de Ouagadougou approuvé par tous les esprits sensés, y compris le Fmi. A la suite des entretiens que j'ai eus avec le Président Laurent Gbagbo, le Premier ministre Guillaume Soro, le ministre de l'Économie et des Finances Charles Diby, ainsi que plusieurs autres personnalités, je suis encouragé par les progrès enregistrés au plan politique, notamment le début de mise en ?uvre de l'Accord de Ouagadougou. J'ai noté que dans les semaines prochaines des étapes importantes de la feuille de route de l'Accord seront franchies, notamment au niveau du désarmement des ex-combattants, du démantèlement des milices, du redéploiement de l'administration et de l'identification de la population. Ces étapes franchies, la Côte d'Ivoire pourra véritablement passer au post-conflit, laisser le conflit derrière elle et entamer fermement sa relance économique et sociale, avait déclaré le directeur du département Afrique du Fmi, Abdoulaye Bio-Tchané, lors de sa visite en Côte d'Ivoire. Et ce n'est pas rien !
Aujourd'hui, les conditions politiques sont en train d'être réunies pour aller aux élections. Et cela se constate sur le terrain.
Ce qui a changé, c'est aussi le regard du Fmi sur la gestion des finances publiques ivoiriennes. C'est un truisme que de dire que le Fonds monétaire intervient principalement dans le domaine macroéconomique, son domaine de prédilection. Et dans ce domaine, la Côte d'Ivoire de la Refondation présente pattes blanches. En témoignent ces chantiers ouverts, hier, par le ministre Bohoun Bouabré, aujourd'hui par le ministre de l'Economie et des Finances, Charles Koffi Diby. Notamment le remarquable séminaire sur l'optimisation de la dépense publique qui a permis de définir la gestion optimale des ressources de l'Etat. C'est la gestion rigoureuse des finances publiques qui a favorisé la crédibilité de la Côte d'Ivoire, ne cesse de répéter le ministre Diby. Garant de la rigueur et de la transparence en matière de gestion des finances publiques, le ministre Diby rassure au regard des mesures de bonne gestion qu'il déploie depuis sa nomination. Le Fmi qui prône l'orthodoxie financière ne peut qu'en tirer satisfaction et accéder à la requête du gouvernement ivoirien.
Aujourd'hui, le Fmi ne parle plus d'opacité, de caisse noire, de détournements. Au contraire, on félicite le gouvernement ivoirien pour la gestion transparente des ressources publiques. Au c?ur des politiques économiques discutées avec les autorités ivoiriennes sont la rigueur et la transparence dans la gestion des finances publiques pour assurer que les ressources nécessaires à la réunification, aux services sociaux et à la réhabilitation des infrastructures de base sont disponibles. Je suis encouragé par les assurances données par le gouvernement et les mesures déjà prises pour avancer les processus de sortie de la crise. Commencez à mettre en ?uvre le programme économique en vue d'obtenir les concours financiers nécessaires, y compris grâce à un accord de principes pour apurer les arriérés vis-à-vis de la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Pour sa part, le Fonds monétaire international reste prêt à appuyer la Côte d'Ivoire dans ses efforts pour sortir de la crise et reconstruire le pays. La sous-région, l'Afrique et la communauté internationale ont besoin de retrouver une Côte d'Ivoire forte et prospère, a poursuivi Abdoulaye Bio-Tchané. Confiance retrouvée. La décision du conseil d'administration du Fmi ouvre la porte aux appuis des partenaires au développement de la Côte d'Ivoire, notamment les décaissements des aides budgétaires. Il faut le rappeler, lors de la table ronde des bailleurs de fonds tenue récemment sous la présidence du Premier ministre Soro Guillaume, les partenaires au développement multilatéraux et bilatéraux ont répondu favorablement au plaidoyer du gouvernement ivoirien en annonçant des engagements et des intentions de contribution à hauteur de 193,945 milliards CFA alors que l'Etat ne demandait que 138 milliards FCFA. Les promesses de financement se repartissent comme suit: la Banque mondiale (60 milliards), l'ONU (39 milliards), la Bad (25 milliards), l'Union européenne (39,6 milliards), la France (10,9 milliards), l'Allemagne (4 milliards), le Japon (10 milliards), la Suisse (5 milliards). Mais ce n'était que des intentions, donc des promesses. Et tout le monde sait qu'une promesse peut être tenue ou non en tenant compte de certaines appréciations. Avec le satisfecit du Fmi, nul doute que la communauté financière internationale va apporter sans réserve son appui à la Côte d'Ivoire.



J-S Lia liasylve@yahoo.fr

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