samedi 4 août 2007 par Le Nouveau Réveil

Ce jeudi, 2 août 2007 à 9h30 mn, le président de la République, Son Excellence M. Laurent Gbagbo, a eu un échange téléphonique avec son homologue français, suite à un appel de Son Excellence M. Nicolas Sarkozy () ". Le communiqué est signé de Gervais Coulibaly, porte-parole de Laurent Gbagbo. Pour le lire, il a fallu interrompre le journal de 20H pour que le message passe en direct à la télévision à une heure de grande audience. Jamais un chef d'Etat ivoirien n'avait médiatisé un simple coup de fil d'un de ses homologues. Ce communiqué, qui a fait marrer les milieux diplomatiques à Abidjan, fait tordre de rire certains Ivoiriens et qui couvre conséquemment la République de ridicule, vient rappeler encore et toujours que le chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, souffre d'un complexe d'infériorité. Un complexe infini lié à son élection dans " des conditions calamiteuses " en 2000. Un complexe lié à sa légitimité écorchée et jamais acquise après qu'une minorité l'eut porté à la tête de l'exécutif. Suite à des élections où les poids lourds tels Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara eurent été écartés de la course. Un complexe lié aussi à la légalité de son mandat ébranlé après son incapacité à préserver l'intégrité du territoire (c'est un devoir constitutionnel) en septembre 2005 et définitivement perdu après que l'élection présidentielle qui devrait se tenir en octobre 2002 eut été renvoyée aux calendes grecques.
La médiatisation outrancière du coup de fil de Nicolas Sarkozy cache autre chose. Il s'agit d'un dépit amoureux. Au-delà des discours gouailleurs et inutilement anti-colonialistes (le colonialisme est une notion morte que seuls les dictateurs africains mal élus, qui n'ont en réalité aucune vision de développement, évoquent encore pour endormir leur peuple), les refondateurs meurent d'envie d'être les " enfants chéris " de la grande métropole. La chose n'a échappé à personne. Le communiqué était une réplique appropriée à l'information parue dans "Le Nouveau Réveil" de la veille. En effet, dans son édition de jeudi, ce journal a publié une lettre personnelle du président français au président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié. Cette lettre a été remise en mains propres par l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire, SE André Janier. En diplomatie, ceci est très significatif. Plus significatif même qu'un simple coup de fil. Le président français avait déclaré dans sa lettre qu'il a été " beaucoup touché " par le message de Henri Konan Bédié et qu'il l'en " remercie sincèrement ". Ajoutant que " la réconciliation des Ivoiriens et le retour à la stabilité politique dans votre pays nous permettront de nous engager résolument sur le chemin d'un partenariat concerté ". Le camp présidentiel avait cru déceler dans la lettre et dans l'esprit de ce message de Nicolas Sarkozy comme un soutien ferme de Paris au leader du PDCI. Le coup de fil est donc tombé comme un cadeau de la providence qu'il fallait exploiter. Ce qui explique d'ailleurs la médiatisation. Comme pour dire " Ce n'est pas Bédié seul qui est apprécié par Sarkozy. Voyez-vous, ce dernier a même appelé Gbagbo ".
Cela pose le problème de la psychologie du pouvoir Fpi. Laurent Gbagbo reproche à Jacques Chirac de l'avoir traité comme " un sous-préfet français ". Mais justement, c'est le sous-préfet français qui peut courir un peu partout dans les rues de St Malo (extrême nord ouest de France) ou de Montauban dans les Pyrénées, avertir les habitants de la contrée que le président de la République français l'a appelé. Cette médiatisation du " petit coup de fil " de Nicolas Sarkozy participe du processus d'infantilisation du peuple ivoirien et de la Côte d'Ivoire, initiée sans le savoir par les pontes du Front populaire ivoirien. Félix Houphouët-Boigny a dirigé la Côte d'Ivoire pendant 33 ans. Jamais il n'a fait médiatiser un coup de fil d'un président fut il celui des Etats-Unis. Et pourtant Dieu seul sait combien de coups de fil des plus importantes personnalités de ce pays, il a reçu. Henri Konan Bédié a dirigé la Côte d'Ivoire pendant 6 ans. Jamais il n'a éventé un coup de fil d'un président français, américain ou guatémaltèque. Et pourtant il en recevait, des coups de fil. Le fait est que Henri Konan Bédié (qui continue de recevoir des coups de fil des plus importantes personnalités du monde) tout comme Houphouët-Boigny avaient intégré ces coups de fil dans le domaine des épiphénomènes et les appréciaient comme normaux étant entendu qu'ils se considéraient et étaient des chefs d'Etat, des vrais qui n'avaient aucun complexe devant les autres chefs d'Etat. Henri Konan Bédié tout comme Félix Houphouët-Boigny n'était pas, comme on le dit prosaïquement, à un coup de fil (d'un président) près
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr

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