vendredi 3 août 2007 par 24 Heures

Le chef de l'Etat ivoirien, Laurent Gbagbo s'est rejoui d'un coup de fil reçu de son homologue français Nicolas Sarkozy. Hier au journal de 20h, le porte-parole de la Présidence s'est fait un devoir de transmettre la joie du président à travers un communiqué très officiel.

Quand un coup de fil échangé entre chefs d'Etat fait l'objet d'un communiqué officiel, il y a de quoi perdre son latin.
Mais pour comprendre l'extase du palais d'Abidjan, il faut interroger l'histoire encore récente.
A l'époque où le locataire de l'Elysée était un certain Jacques Chirac, les relations entre le prédécesseur de Nicolas Sarkozy et Laurent Gbagbo s'étaient dégradées, au point que le président français, durant les deux dernières années de son quinquennat, s'était refusé à lui adresser la moindre parole, même au téléphone.
Les événements de novembre 2004 qui ont donné lieu à une chasse en règle dirigée contre les ressortissants français, consécutivement à la destruction de l'aviation militaire ivoirienne suite au bombardement d'un camp français à Bouaké, y ont été pour beaucoup.
L'on sait de bonne source que l'homme fort d'Abidjan avait multiplié des signaux et envoyé de très discrets missi dominici auprès de Jacques Chirac pour dégeler les rapports tendus, mais en vain.
Un richissime homme d'affaires moyen-oriental, très présent sur les cinq continents, avait été lui aussi mis à contribution sans plus de résultats.
L'on comprend dès lors la joie du président ivoirien, quand son homologue d'alors est partie de l'Elysée à la fin de son mandat.
Son successeur Nicolas Sarkozy, depuis sa prise de fonction, n'avait, jusqu'à ce coup de fil béni, montré beaucoup d'empressement à établir des rapports cordiaux avec Abidjan.
Lors de sa première tournée sur le continent noir, il mettra un grand soin pour éviter la Côte d'Ivoire naguère la destination la plus prisée des officiels français.
C'était à l'époque antidiluvienne où la Refondation n'avait pas encore pris dans ses serres les Ivoiriens.
Les choses en étaient-là jusqu'à ce coup de fil et ces échanges de mots qui sont vécus du côté d'Abidjan comme un don du ciel.
Que l'on monte sur les toits pour attendre le président Nicolas Sarkozy si jamais l'idée lui venait d'inscrire sur son agenda de voyage la Côte d'Ivoire, personne n'y trouverait à redire.
On voit à l'évidence que toute la rhétorique sur la France, pays pillard de nos richesses, n'est que de circonstance.
Un dépit amoureux difficilement avouable.


Théodore SINZE

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