vendredi 3 août 2007 par Fraternité Matin

L'opération, en cours, d'indemnisation des victimes des déchets toxiques aurait-elle fait passer par pertes et profits la dépollution pendante des sites qui portent encore des reliquats de la cargaison mortelle du Probo Koala ? Qui, d'ailleurs, en a la charge ? Si l'on s'en tient aux termes du protocole d'accord signé le 13 février entre l'Etat de Côte d'Ivoire et Trafigura, la responsabilité incombe à l'affréteur du Probo Koala. "Les parties Trafigura s'engagent à prendre en charge l'identification et la dépollution complémentaire des sites pouvant encore contenir des déchets se rapportant aux événements. A cet effet, dans les 30 jours de la signature du présent protocole, les parties Trafigura se rapprocheront du CIAPOL et du BNETD, et/ou de tout autre organisme compétent aux fins de réalisation d'un audit par des sociétés de renommée internationale sur l'état d'avancement et les conditions d'exécution du contrat Tredi (...)", peut-on lire au point 2.2 du protocole d'accord. Quelque six mois après, où en est-on avec cet engagement ? Est-il tenu ?
"Oui", répond le directeur du département Environnement du Bureau national d'études techniques et de développement (BNETD), M. Tagro Patrice, rencontré mercredi en ses bureaux. Trafigura, respectant ses engagements, fait-il savoir, a sollicité une entreprise française, Burgeap, qui a entamé depuis quelques semaines cet audit prévu en trois phases. La première phase, dite de revue documentaire, consiste, dit-il, à réunir tous les documents ayant trait à l'événement et la deuxième phase à faire l'analyse des déchets. Tout ce travail sera clos par un rapport final qui en constituera la troisième et dernière phase.
Selon M. Tagro, la première phase de l'audit est achevée, mais le rapport n'a pas été approuvé, en raison de certaines incohérences constatées. Toutefois, pour éviter les retards, les opérations de la deuxième phase ont été lancées, "en commençant par le site d'Alépé où les produits n'ont pas encore été enlevés et dont les nuisances sont les plus importantes vis-à-vis des populations ". Les rapports de la première et de la deuxième phase seront concomitamment soumis à approbation après cette opération, fait savoir M. Tagro Patrice. L'urgence à agir sur le site d'Alépé découle du fait que, dira-t-il, ce site a été signalé comme un point particulièrement sérieux. Des mesures spéciales ont été prises conséquemment et l'endroit fera l'objet d'analyses tout aussi spéciales, indique-t-il.
A l'issue de cet audit, les opérations d'enlèvement vont commencer sur les sites qui auront été identifiés pour finaliser l'?uvre de dépollution entamée en septembre par la société Tredi. L'opération, rappelle-t-il, avait été faite "en urgence sur les points les plus chauds pour éviter des impacts importants sur la population".
L'audit de l'opération de dépollution vise à faire le bilan de ce qui a été déjà fait et identifier éventuellement de nouveaux sites de déversement qui auraient échappé aux regards. Le BNETD et le CIAPOL (Centre ivoirien anti-pollution) ont pour mission de veiller sur les intérêts de l'Etat et des Ivoiriens en s'assurant que le travail est fait correctement.
Le coût des opérations d'enlèvement est estimé à 250 milliards de francs par des experts ivoiriens.
95 247 victimes ont été officiellement recensées suite au déversement des produits du Probo Koala qui devront être indemnisées à hauteur de 20,7 milliards sur les 100 milliards versés par Trafigura dans le cadre de ce protocole d'accord. Environ 23 000 personnes ont été payées depuis le début de l'opération d'indemnisation le 28 juin.

Elvis Kodjo
Collaboration : Z.Dahi (Stagiaire)

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