vendredi 3 août 2007 par Fraternité Matin

L'organisation Human Rights Watch (HRW) a publié, jeudi 2 août, un rapport montrant que de très nombreuses femmes ivoiriennes ont été victimes de graves violences sexuelles de la part de combattants loyalistes ou de rebelles depuis 2000. HRW demande aux autorités de mettre fin à l'impunité des coupables.
Le conflit armé qui a éclaté en 2002 a déclenché les pires violences sexuelles que le pays ait connu, quoique la crise politique de 2000 (en) ait déjà déclenché bon nombre, écrit l'ONG dans son rapport. Les agressions ont continué même après la fin des hostilités actives à partir de 2004 et au-delà, les violences sexuelles sont restées un problème important dans toutes les régions du pays, souligne-t-elle.
L'organisation, qui ne cite pas de chiffres globaux sur le phénomène, présente nombre de témoignages éloquents recueillis dans le pays.
Selon HRW, de nombreux combattants ont violé des femmes assez âgées pouvant être leurs grand-mères, des enfants n'ayant pas plus de six ans, des femmes enceintes et des mères allaitant.
Le rapport accable aussi bien les soldats de la rébellion des Forces nouvelles (FN), qui se sont emparés de la moitié nord du pays lors d'une tentative de coup d'Etat en septembre 2002, que les forces loyalistes fidèles au président Gbagbo, qui ont gardé le contrôle du Sud.
Les viols en groupe, les tortures sexuelles, les fausses couches forcées et l'inceste forcé, sont tout particulièrement dénoncés côté FN.
Chez les loyalistes, les violences sexuelles ont été perpétrées principalement dans l'Ouest du pays et dans les zones de combats par certains éléments des forces armées et leurs supplétifs des milices, selon le rapport.
HRW souligne que dans les deux camps, des femmes ont parfois été prises pour cible à cause de leur appartenance ethnique ou de leur affiliation politique présumée favorable à l'ennemi.
La situation peut et doit s'améliorer, conclut HRW, qui encourage les FN et le gouvernement à mettre fin à l'impunité et l'ONU à prendre des sanctions contre les individus identifiés comme responsables de violations graves.
Une équipe des Nations unies est déjà présente depuis mardi à Abidjan pour enquêter sur les accusations d'abus sexuels qui ont entraîné la suspension d'un contingent de Casques bleus marocains à Bouaké, dans le centre de la Côte d'Ivoire.
Plus de 700 militaires sont consignés dans leurs quartiers. Selon Margherita Amodeo, une porte-parole de la mission de l'ONU dans ce pays (ONUCI), des soldats du maintien de la paix sont soupçonnés d'avoir eu des relations sexuelles avec de jeunes filles âgées de moins de 18 ans, dont certaines seraient tombées enceintes ou auraient eu des enfants.
Le Nouvel Observateur
du 2 août 2007

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