Le chef central du village Payopa (sous-préfecture de Gagnoa), Zié Jean Gervais, par ailleurs secrétaire général de l'association des rois et chefs traditionnels de Côte d'Ivoire, se prononce sur l'actualité socio-politique du pays après la cérémonie de la ?'flamme de la paix''.
Pensez-vous que la ?'flamme de la paix'' qui s'est déroulée le 30 juillet dernier à Bouaké, peut aboutir à la réunification effective du pays ?
C'est une satisfaction totale ! Cependant, permettez-moi de vous rappeler que le dialogue qui a abouti à cette cérémonie, est une proposition de la chefferie traditionnelle de Côte d'Ivoire. Le 30 juillet à Bouaké est l'aboutissement de tous les efforts de nos mânes et ancêtres. Il fallait éviter que notre palabre aille sous d'autres cieux où nous ne maîtrisons plus rien. Le 30 juillet encore une fois est l'accomplissement de la volonté des rois et chefs traditionnels de Côte d'Ivoire.
Après donc le 30 juillet, à quoi les Ivoiriens doivent-ils s'attendre ?
Après le 30 juillet, il faut penser à mettre sur pied maintenant la commission franco-ivoirienne de la réconciliation à l'idée de rapprocher les deux pays. Cela permettra également d'éviter certaines personnes qui créent des divisions entre nous. Il faut maintenant prendre des garde-fous. C'est vrai, la paix est revenue mais je voudrais profiter de l'occasion que vous m'offrez pour lancer un appel solennel au président Bédié du Pdci. Pour l'anecdote, sachez qu'il a été parrain de mon mariage avec tantie Oussou. La cérémonie s'est déroulée, sur un bateau. Alors qu'il comprenne qu'il a aussi sa part de responsabilité dans cette crise. Cependant, qu'il pardonne et qu'il revienne, car la nation a besoin de lui aussi pour consolider les liens entre ses fils. Que Bédié soit au-dessus de toute mêlée pour que la Côte d'Ivoire se retrouve. Il n'est pas question de s'isoler dans un consensus national.
Que pensez-vous alors d'Alassane Ouattara du Rdr que d'aucuns accusent d'avoir boycotté la cérémonie de la flamme de la paix à Bouaké ?
A Ado, je dirais, il faut qu'il pardonne lui aussi. A un certain moment de sa vie, les Ivoiriens ont failli être ingrats envers lui. Il a été Premier ministre. Quel que soit le rendement qu'il a eu, il faut reconnaître que dans l'histoire de la Côte d'Ivoire, il a été Premier ministre. Bon ou mauvais, c'est un enfant qui a apporté sa contribution à la Nation ivoirienne. On ne pouvait pas lui renier cette qualité. De grâce, qu'il pardonne. Et que sa vengeance n'atteigne pas la nation, parce que chaque fois qu'il dit ?'je vais rendre ce pays ingouvernable, le pays effectivement devient ingouvernable''. Tout cela, c'est parce qu'on ne lui a pas été reconnaissant. Quant à moi Zié, au nom de toute la nation, je lui suis reconnaissant.
L'absence de Bédié et d'Ado à Bouaké, à la flamme de la paix, peut, selon vous, entamer le processus de paix ?
Moi, je suis un chef. Je ne peux pas dire, si leur absence à Bouaké était bonne ou mauvaise. Mon devoir c'est de les faire venir afin qu'ils rejoignent les autres.
Vous proposez une commission franco-ivoirienne pour la réconciliation. Concrètement, quoi pour les Ivoiriens ?
Nous avons réussi à réconcilier les leaders nationaux. Il faut reconnaître qu'il y a aussi des leaders internationaux qui étaient fâchés contre nous. Il ne faut pas occulter cela. Maintenant qu'entre nous, il n'y a plus rien, il faut regarder de l'autre côté. Je pense qu'il faut mettre sur pied cette commission pour rapprocher les deux peuples pour éviter les mêmes erreurs passées.
Le rapprochement Gbagbo-Sarkozy peut-il apporter quelque chose de positif entre la France et la Côte d'Ivoire ?
C'est une volonté politique. A mon avis, ce qui est plus important c'est de rapprocher les deux peuples, d'autant que le président n'est que la volonté du peuple.
Qui doit faire le premier pas envers son homologue ?
Qui a fait le premier pas, pour le dialogue direct ? Celui qui veut sauver sa nation, se met au-dessus de toute considération. Il cherche le bien de son peuple, c'est tout !
Propos recueillis par Déless Goué